Étvdes

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Étvdes est une revue mensuelle française catholique de culture contemporaine fondée par les pères jésuites en 1856. 150 ans après sa création, Étvdes compte aujourd'hui le plus fort tirage dans la catégorie des revues culturelles généralistes en France, avec une diffusion mensuelle de 15 000 exemplaires et plus de 11 000 abonnés payants (le plus fort nombre d'abonnés de France à une revue). La revue est dirigée par des jésuites depuis ses origines. Le rédacteur en chef actuel est le Père Pierre de Charentenay qui a succédé au Père Henri Madelin.

Sommaire

[modifier] Histoire

Créée par le jésuite russe Ivan Gagarin (1814-1882) pour l’apostolat auprès des Russes grâce à des études théologiques, Étvdes a été vite reprise par les jésuites français pour un objectif plus large, malgré les protestations de son fondateur.

La Revue a difficilement traversé les périodes troublées de la fin du XIXe siècle avec deux suppressions, l’une de six mois au moment de la Commune, l’autre de huit ans après les Lois d’expulsion de 1880. Interdite de parole dans les domaines sociaux et politiques, elle abordait des sujets philosophiques, littéraires, culturels, théologiques. Elle évoquait les missions de l’Église en Chine ou à Madagascar et elle traitait abondamment de science et de technique.

Longtemps attachée, comme toute l’Église, à la conservation de l’ordre établi et d’un ordre social où l’Église et ses valeurs prenaient le pas sur les idées de liberté comprises comme subversives, elle a combattu pied à pied contre la République, au point que son directeur, le Père de Scorraille, s’est trouvé en porte-à-faux après le ralliement de l’Église de France à la République en 1891.

A partir de 1910, le père Léonce de Grandmaison, directeur de la revue, lui adjoint un supplément qui devint par la suite une revue indépendante : les Recherches de science religieuse (RSR), spécifiquement consacrée aux sujets religieux, et dans laquelle ont écrit de nombreux auteurs marquants, comme Hans Urs von Balthasar, Michel de Certeau, Jean Daniélou, Gaston Fessard, Henri de Lubac ou encore Karl Rahner.

Étvdes a poursuivi son combat pendant la longue période de tension qui a suivi 1905. Entre les deux guerres, les Accords du Latran entre le Vatican et l’État italien auront un effet apaisant sur les relations avec l’État français. Étvdes se fait remarquer dès 1930 (Tome 4, p. 92), en proposant le nom d’ « Union européenne » aux projets d’Aristide Briand d’organiser une « solidarité de vie politique et d’intérêts économiques » entre nations européennes.

Supprimée de nouveau pendant la Seconde guerre mondiale, la Revue évolue au sortir de ce conflit vers une plus grande ouverture au monde. Longtemps bimensuelle, elle devient mensuelle. Elle s’ouvre aux chrétiens sociaux et aux jeunes des mouvements d’Action catholique, aux courants psychanalytiques, aux prêtres ouvriers, à toute la culture dans sa diversité, y compris la littérature, le cinéma, le théâtre. Elle accueille avec beaucoup d’empathie le Concile de Vatican II, qu’elle suit de très près par des chroniques régulières. Les années post-conciliaires sont parfois difficiles, aussi bien à cause des débats en cours que de l’affaiblissement du lectorat.

En 1974, la 32e Congrégation générale de la Compagnie de Jésus apporte une réflexion nouvelle sur la foi qui doit se traduire en travail pour la justice. La Revue en est profondément marquée comme tous ses directeurs successifs, au point que son image n’est plus du tout celle de l’intransigeance catholique du XIXe siècle, mais celle d’un catholicisme en dialogue ouvert et positif avec le monde.

[modifier] le projet d'Etudes

Étvdes a suivi toutes les évolutions et les défis de l'Église catholique en France au cours des XIXe et XXe siècles, et tient toujours une place importante dans la vie intellectuelle catholique. Mais son audience dépasse largement le seul monde catholique, et la Revue participe à tous les grands débats publics. La revue bénéficie du soutien du ministère des Affaires étrangères, de l’Association pour la défense de la pensée française et du Centre national du Livre.

Étvdes traite des débats constants sur la liberté et la vérité, sur la place de la religion dans les sociétés, le rôle de la foi dans son rapport à la culture. Elle veut être une parole de religieux et de chrétiens dans la ligne de la spiritualité de la Compagnie de Jésus. Elle s’applique ainsi à "scruter la vie du monde pour un discernement le plus aigu possible".

La place d’Étvdes dans le débat public est largement reconnue, même si sa marque de « revue religieuse » lui a fermé un temps quelques portes. Mais la reconnaissance de la part de la République lui est maintenant acquise.

[modifier] Les jésuites et la Revue

Un comité de rédaction se réunit régulièrement sous la direction du rédacteur en chef pour débattre des numéros en cours et des projets d’articles. Un réseau de conseillers jésuites et non jésuites collaborent régulièrement. Un Comité théologique a été constitué en 2004 pour assurer un suivi dans ce domaine.

Leur travail s’inspire de la spiritualité ignatienne, une spiritualité qui consiste à la fois à prendre en compte la diversité monde, à effectuer un discernement dans une réalité complexe, et finalement à prendre des décisions pour l’action. Étvdes participe à la mission éducative au sens le plus large de la Compagnie de Jésus. Si les jésuites n’ont pas d’université en France (en dehors de leurs propres lieux de formation), ils ont des revues, dont Étvdes.

Ses bureaux ont d’abord été à Paris, à Lyon entre 1871 et 1888, puis de nouveau à Paris. La maison du 15, rue Monsieur fut construite pour la Revue en 1891. Des laïcs ont été peu à peu intégrés. Ils ont déménagé au 14, rue d’Assas en 1984 pour se regrouper avec d’autres revues jésuites dans une seule administration, Assas-Éditions à l’époque, puis la SER (Société des Éditions de Revue) en partenariat avec Bayard Presse à partir de l’année 2000.

[modifier] Etvdes en quelques chiffres

Revue mensuelle de 144 pages, 11 numéros par an, 404 tomes publiés à ce jour.

Chaque numéro comprend un éditorial, puis huit articles de fond sur des sujets différents, suivis de chroniques de théâtre, cinéma, expositions, télévision, et une revue des livres d’une quarantaine d’ouvrages.

Tirage constant pendant l’année 2005 : 15 000 exemplaires

Abonnés : 11 000, dont 20 % à l’étranger

Profil des abonnés (source enquête abonnés juillet 2000)

  • CSP + et ex-CSP + : 87 % (secteurs d’activité : éducation, santé, administration, industrie)
  • Niveau d’études supérieur : 86 %

Les abonnés d’Étvdes, qui se distinguent par une sur-représentation des cadres et un fort niveau d’études (nombreux universitaires), sont également de grands lecteurs (84 % lisent souvent d’autres journaux et revues) et amateurs de musique (68 % en écoutent souvent). A noter que plus de la moitié d’entre eux sont engagés dans une ou plusieurs associations (de type culturel et artistique, 32 % ; et humanitaire, 29 %).

[modifier] Liens externes