Éric Reinhardt

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Éric Reinhardt, né à Nancy en 1965, est un écrivain et romancier français.

Sommaire

[modifier] Œuvres

  • Demi-sommeil, Actes Sud, 1998
  • Le Moral des ménages, Stock, 2002
  • Existence, Stock, 2004
  • Cendrillon, Stock, 2007

[modifier] Interview

« Au départ, explique l'auteur de Cendrillon, je voulais raconter l'histoire d'un jeune mec, classe moyenne, qui commence en middle office et devient trader. Il veut tellement réussir qu'il se met à cacher ses pertes. Ça se passait à la Société générale. Eh oui, j'y suis client ! Pour m'aider à bâtir mon personnage, j'ai rencontré un premier trader. Qui m'a dit : Ton histoire ne tient pas la route. Tous les systèmes sont aujourd'hui hypersécurisés. A la Société générale, il y a trop de contrôles. Ton scénario ne sera pas crédible dans les milieux financiers. J'ai donc réécrit mon personnage, finalement trader à Londres. Mais, à suivre l'actualité, je me dis finalement qu'il aurait pu exister ! »

«  Jérôme Kerviel et le personnage Laurent Dahl ne sont pas des escrocs. A la base, juste des gens ordinaires qui veulent réussir, être reconnus socialement. L'un et l'autre vont être embourlingués dans une spirale qui les dépasse totalement. Moi, j'ai pour Jérôme Kerviel une certaine empathie. On a parlé d'autiste, de trader fou. Je ne le crois pas. On peut imaginer qu'il y a, derrière, de vraies blessures, comme chez beaucoup de personnes, à commencer par moi. » « Jérôme Kerviel est parvenu à monter au front office, une promotion rare. Mais son périmètre était limité. Il a voulu montrer qu'il était plus fort. C'est comme mon personnage. Il se sent diminué par les traders du front office. Car c'est une caste, une aristocratie dans la salle des marchés. Des gars hyperdiplômés, bourrés de tune, qui ne vivent qu'entre eux. Ils sont très discrets, parce qu'ils gagnent des sommes obscènes. Jérôme Kerviel est entré dans ce milieu sans doute sans la lucidité suffisante. Ici, les risques (mais aussi la peur, la pression) sont proportionnels aux sommes maniées, qui sont absolument folles. Les gars y gagnent 2 ou 3 ou 7 millions d'euros par an. On comprend qu'à un moment, Jérôme Kerviel, qui travaillait dans le même bureau, ait eu envie de monter dans sa hiérarchie, d'atteindre ces sommets. » « Avant de les rencontrer, je me disais que les traders du front office devaient être speeds, shootés à la coke, ne pensant qu'au sexe... Mais le métier a évolué. Aujourd'hui, la spéculation se fait avec des produits dérivés, d'une extrême complexité. La gestion du risque est mathématique. Ceux que j'ai rencontrés sont des mathématiciens, des gens très sages. Ils ne se refusent pas un week-end en jet privé à Ibiza mais sont par ailleurs bons pères de famille, pas du tout flambeurs. Moi, ce milieu m'intéresse parce le capitalisme financier est notre monde. M'intéresse aussi la folie à laquelle peut mener ce milieu. Elle est, elle aussi, proportionnelle aux sommes manipulées. Et puis, j'éprouve une certaine fascination pour ces traders shootés au temps présent, dans une ferveur continue, dans un risque permanent, moi qui en prends si peu ! Ils me font douter. Moi, l'homme de gauche, à avoir peur du monde et à refuser cette ivresse du mouvement, je suis peut-être... ultraconservateur ! »[1]

[modifier] Références

  1. Propos de l'auteur recueillis par Carine Janin, Ouest-France, jeudi 31 janvier 2008

[modifier] Liens externes