Élection présidentielle américaine de 1876

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Le collège électoral en 1876
Le collège électoral en 1876

L'élection présidentielle américaine de 1876 vit l'élection, à une voix de grand électeur près, du républicain Rutherford Hayes contre le démocrate Samuel Tilden, qui avait pourtant obtenu la majorité absolue des voix des citoyens.

Cette élection ne fut acquis qu'après contentieux très important, qui faillit mener à l'impasse constitutionnelle. L'acceptation par les démocrates de l'élection de Hayes fut sans doute le prix à payer pour que les républicains mettent fin à la reconstruction, et donc à la mise sous tutelle des États du Sud.

En tout état de cause, ceux-ci purent, après 1877, mettre en œuvre la politique de discrimination qui écarta pour près d'un siècle, les noirs du sud de tout rôle public.

[modifier] Désignation des Grands électeurs

Les trente-huit États de l'Union participèrent à la désignation des grands électeurs, soit un de plus qu'en 1872, du fait de l'adhésion du Colorado. Cet État fut d'ailleurs le seul à faire désigner ses grands électeurs par la législature de l'État, les autres ayant recours au vote des citoyens.

Au total, 369 Grands électeurs étaient à désigner. Cette désignation posa des problèmes assez importants qui plongèrent les États-Unis dans une crise institutionnelle importante.

[modifier] Investiture des candidats

Parti républicain

Le parti républicain n'était plus, à l'issue du deuxième et dernier mandat du président Grant, dans la situation d'hégémonie qui avait marqué la phase politique suivant immédiatement la Guerre de Sécession. La crise de 1873, directement liée à la décision du Président Grant d'abandonner le bimétalisme monétaire et de ne fonder la valeur du dollar que sur l'étalon-or, entamée par la banqueroute de la compagnie de chemin de fer Northern Pacific, avait plongé le pays dans une grave dépression économique qui ne devait s'achever que dans le courant de l'année 1877.

Le parti républicain, marqué par ailleurs par plusieurs scandales liés à la corruption, avait du coup perdu la majorité au Congrès lors des élections de mi-mandat de 1874, et se présentait aux électeurs avec de lourds handicaps.

Cette conjoncture déjà peu favorable était rendue encore plus difficile par la profonde division interne au parti. Face à la montée en puissance du chef de la minorité du Congrès, le Représentant du Maine James G. Blaine, ancien speaker de la Chambre entre 1869 et 1875, et, surtout, chef de file des modérés du parti, composante centriste tentant de faire le lien entre les anciens républicains libéraux et les républicains "radicaux" ayant évolué vers le conservatisme, qui étaient les principaux défenseurs du président sortant, Grant indiqua publiquement, en mai 1875, qu'il accepterait l'investiture du parti pour un troisième mandat s'il était sollicité.

Les républicains eurent donc d'abord à lever cette hypothèque, ce qui fut fait dans le courant de l'année 1875, lorsque le parti confirma par un vote au sein du Congrès son attachement à la tradition de limiter à deux le nombre de mandats présidentiels.

La candidature de Blaine, qui semblait dès lors acquise, se désintégra contre le mur d'un scandale. Blaine fut soupçonné d'avoir influencé le Congrès dans certains votes en faveur d'une compagnie de chemin de fer, en contre partie d'actions gratuites dans cette compagnie. La rumeur prit naissance en février 1876, et fut amplifiée lorsque la presse eut connaissance, en mai, d'informations plus précises à ce sujet. Il est tout à fait significatif que ces fuites médiatiques n'aient pas été orchestrées par des démocrates, mais par deux rivaux de Blaine à l'investiture républicaine, Benjamin Bristow et Rutherford Hayes. Blaine fut mis sous le coup d'une enquête parlementaire en mai, mais fut sauvé par son départ de la Chambre. Il fut en effet nommé Sénateur du Maine, pour pourvoir à une vacance, en juillet.

Entre temps, la Convention nationale du parti républicain s'était tenue à Cincinnati du 14 au 16 juin, en pleine période d'attaques très intenses contre Blaine, qui avança tout de même sa candidature. Face à lui, il trouva Benjamin Bristow. Ce juriste était entré dans l'administration Grant en 1873 comme Attorney general (Ministre de la Justice), puis comme Secrétaire du Trésor (1874-1876), où il avait reçu mission de lutter contre la corruption. Il ne le fit que trop bien, et s'attira l'hostilité du Président Grant lorsqu'il mit en cause l'intégrité du secrétaire particulier de celui-ci, Orville Babcock. Cela lui valu d'être renvoyé en juin 1876, et de devenir le champion de l'aile libérale et réformatrice du parti. Le Sénateur de l'Indiana, Oliver Morton, espérait aussi profiter du fait que son État était considéré comme un État-clef de l'élection pour s'imposer, mais ses positions très "radicales" l'éloignaient des libéraux, et ses positions inflationnistes en faisant une bête noir des conservateurs. Par ailleurs, ses liens avec Grant, qui auraient pu être un atout, se révélèrent un handicap, et ce d'autant plus que le président sortant se choisit un autre champion : Roscoe Conkling, Sénateur de New York. Celui-ci, cependant, apparaissait comme un peu trop ambitieux, et trop individualiste, et s'était aliéné bien des républicains.


[modifier] Résultats

Candidat Parti grands électeurs vote populaire
Samuel J. Tilden démocrate 49,9% 51%
Rutherford B. Hayes républicain 50,1% 48%
autres _ 0% 1%


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