Église Saint-Vigor de Neau

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L'église romane dédiée à saint Vigor, est située au sud du village de Neau en Mayenne, entre Évron et Brée. Aux origines très anciennes, elle abrite des peintures murales médiévales redécouvertes dans les années 1970.

Sommaire

[modifier] L'église

Un premier bâtiment aurait été construit entre le VIIIe siècle et le IXe siècle sur une nécropole découverte lors de fouilles archéologiques effectuées dans le chœur en 1988-1989. Ces fouilles ont mis au jour les vestiges de l'abside. L'église, avec le village, est comprise dans la dotation nouvelle de l'abbaye d'Évron par Robert en 989 : une restitution de l'église aux religieux de l'abbaye d'Évron, datant de 989, prouve qu'elle appartenait à cette époque à cette puissante abbaye voisine. Le bâtiment aurait été détruit par les Normands. Un nouvel édifice a été construit au même endroit au XIIe siècle, et Hildebert, en 1115, dans sa charte de confirmation, la mentionne avec son vocable de saint Vigor.

L'église de Neau servait de chapelle pour les moines du prieuré situé à côté du bâtiment. La communication entre le monastère et l'église se faisait par une porte donnant sur le chœur.

L'église romane a été construite selon un plan rectangulaire de 22m de long et de 5m80 de large (5m25 dans le chœur), à chevet plat. En 1548[1], une seconde nef est accolée depuis le pignon oriental jusqu'au milieu de la nef et du chœur romans. Elle en est séparée par trois arcs en plein cintre et deux piliers. On construit également un beffroi, qui adoptera la forme d'un pinacle [2]en 1617, puis deviendra une véritable tour en 1857[3] .

[modifier] Le prieuré

Le prieuré est adossé à l'église côté sud et n'avait pas d'autre église que celle du village, communiquant directement avec le chœur. Le bail du prieuré "de Neau et de Brée" mentionne en 1691 : "la maison priorale, escurie, jardin, fuye, droit de pesche dans le refoul, droit de chasse sur l'étendue du fief, rentes féodales, domaine et métairie, moulin de Neau, dîmes, y compris celles de Saint-Christohe du Luard et de Brée".

[modifier] Le retable

Un retable de 1660 est installé dans la seconde nef. Il se trouvait à l'origine dans le chœur, cachant une partie des fresques du XIIIe siècle; il a été déplacé lors de la restauration des peintures. Œuvre de Michel Langlois, il comporte des colonnes en marbre et en tuffeau. Un tableau figurant la Visitation est placé au dessus du tabernacle. Il est encadré par une statue de saint Sébastien à droite et une statue de sainte Anne avec la Vierge à l'Enfant à gauche. Une statue de saint Vigor, patron de la paroisse, est visible au-dessus du tableau entre des écussons[4] sur fond d'azur couronnés par des heaumes de chevaliers.

Le maître-autel, daté de 1660, présente des colonnes et des appliques de marbre, et des sculptures de tuffeau. Il fut construit par Michel Langlois, architecte à Laval, d'après un contrat passé le 2 novembre 1659 avec Jacques Marest, sieur des Abatants, prieur de Neau[5].

[modifier] Les peintures murales

  • Les fresques datent du XIIIe siècle et se trouvent dans le chœur. Les fragments conservés représentent la vie de saint Vigor et la résurrection des morts. Ces peintures sont mentionnées dans les annales de l'abbé Quinton à l'occasion de travaux en 1838. Des sondages ont été entrepris en 1977 et 1983. Ces fresques sont parmi les dernières à représenter un récit.

À partir du XIVe siècle, en Mayenne, on voit surtout se développer des images isolées (représentations saintes, images de martyres).Geoffroy de Bais, prieur de Neau et commanditaire de ces peintures, avait envisagé un discours fort, bâti sur la vie de saint Vigor.

[modifier] La jeunesse de saint Vigor

  • La première scène sur les murs est et sud correspond à des épisodes de la jeunesse de Vigor * et à ses premiers miracles. Il prêche devant une foule et opère des guérisons miraculeuses : il guérit un enfant malade, un paralytique et une femme sourde. Sur le mur oriental, Vigor se tient au chevet d'un enfant recouvert de bandages et fait un geste d'injonction. Sur le mur sud, une femme porte sa main droite à l'oreille et tient dans l'autre main une bande qui se déroule devant elle. À côté d'elle se trouve l'infirme, agenouillé avec les pieds retournés.

[modifier] La chasse au dragon

La deuxième histoire concerne saint Vigor, son disciple Théodomer et Volusien, un noble demandant de l'aide. Il demande à Vigor de le débarrasser d'un dragon géant qui se trouve dans sa forêt. Le seigneur est barbu, porte un long manteau, un béret et des gants. Le saint apaise le monstre, lui passe une étole autour du cou et demande à son disciple d'aller le noyer. Il ne subsiste de cette scène que l'image de la tête du monstre avec un fragment d'étole. Plus loin, on voit Volusien, les mains jointes et la population derrière lui, regardant le monstre qui s'effondre. En remerciement, le seigneur donne au saint son gant qui symbolise le don du domaine de Cerisy; le saint y aurait fondé un monastère et une église en l'honneur de saint Pierre. Cet épisode illustre l'image d'une Église forte face à un paganisme malfaisant.

[modifier] Le miracle des oies

Le registre inférieur de la fresque porte une scène représentant le miracle des oies. Une bande d'oies sauvages ravageait les récoltes. le saint leur demande de quitter les lieux mais elles refusent. Alors, l'un de ses disciples en mange une, que saint Vigor ressuscite aussitôt. Voyant cela, les oies acceptent de partir. Il ne subsiste de cet épisode que les oies rassemblées sous un arbre.

[modifier] Bertulf

Dans ce registre figure aussi l'invasion des terres de saint Vigor par Bertulf. Deux soldats chassent la population mais le saint entre en prière et Bertulf tombe mortellement de cheval. On ne voit plus aujourd'hui que les soldats, plus loin le jarret du cheval et un pied glissant de l'étrier. Cette allusion à Bertulf est certes une évocation de difficultés entre l'Église et un seigneur local, mais aussi un avertissement. Durant le haut Moyen Âge, certains seigneurs se sont emparés par la force des terres de l'Église. Si les tensions se sont généralement apaisées au XIIIe siècle, la mort du comte Bertulf reste un message désignant clairement le sort réservé aux ennemis de l'Église...

[modifier] Le miracle du mont Phanus

Sur le mur oriental du chœur, le baptême et la procession évoquent la christianisation d'un lieu de culte païen, le mont Phanus, qui se nommera désormais mont Christmat. Ce dernier grand chapitre résume la mission pastorale de Vigor.

[modifier] La Résurrection des morts

Dans le Nouveau Testament, la scène de la Résurrection des morts précède le Jugement dernier. Le Christ ressuscite les âmes pour les juger. Cette scène est située à l'ancien emplacement du retable. Elle représente saint Vigor accompagnant le Christ qui préside la résurrection. Le Christ porte une tunique ouverte sur la poitrine, affichant ses plaies. Le commanditaire des peintures, Geoffroy de Bais, est nommé et représenté ressuscitant sous la protection de la Vierge.

[modifier] A voir

[modifier] Notes et rérérences

  1. La date de cette construction est indiquée en chiffres romains sur un tirant sculpté de gueules de dragons aux extrémités, et de têtes de dauphins.
  2. Comme à La Chapelle-Rainsouin dont l'église dépendait aussi d'Évron, le pinacle, à deux étages de deux baies chacun (destinées aux cloches), était situé sur le pignon séparant le chœur et la nef.
  3. M. Quinton, curé, fait disparaître en 1857 le pinacle servant de clocher et construire par "un sieur Hamard, ancien instituteur, architecte de passage", une tour au côté nord de la chapelle.
  4. L'un des écussons "chargé d'un cygne et de trois étoiles en chef, semblable à celui de la Gousserie (Montigné), l'autre de trois coquilles". Ce sont les armes du prieur Jacques Marest, donateur de l'autel, prêtre et prieur de Neau (il y est encore en 1667). Il faisait partie de la famille Marest des Abatants, riches commerçants Lavallois. Le Haut- et Le Bas-Abatant, sont des fiefs situés à La Bigottière, passés dans la seconde moitié du XVIe siècle de la famille Courtin à la famille Marest de Laval, laquelle en prit le nom . Jacques Marest déclara ne pas prétendre à la qualité d'écuyer, contraire à son état d'ecclésiastique.
  5. Né en 1600 à Laval, fils de Jean Marest et d'Anne Ouvrard, sieur des Abatants et de la Ragotière, il démissionne en 1667 et est inhumé à l'église de La Trinité de Laval le 29 septembre 1669.

[modifier] Sources et Bibliographie