École nationale vétérinaire d'Alfort

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

L'École nationale vétérinaire d'Alfort (ENVA) est un établissement d'enseignement supérieur et de recherche, placé sous la tutelle du ministère de l'Agriculture et de la Pêche. (Maisons-Alfort, Val-de-Marne)

Sommaire

[modifier] Histoire

[modifier] Sa création et son implantation

Statue de Claude Bourgelat, fondateur des écoles vétérinaires
Statue de Claude Bourgelat, fondateur des écoles vétérinaires

Cette école fut crée au printemps 1765, quatre ans après celle de Lyon. C'est Claude Bourgelat avocat et écuyer de l'Académie d'équitation de Lyon qui, souhaitant avoir la protection du roi, chargea Henri-Léonard Bertin, alors intendant de la généralité de Lyon puis peu après contrôleur général des Finances de Louis XV, d'ouvrir cette seconde école vétérinaire à proximité de Paris.

D'abord installé au quartier de La Chapelle, ni les locaux, ni le prix des fourrages taxées aux entrées de Paris ne conviennent. De plus l'environnement menace la bonne moralité des étudiants. La propriété du château d'Alfort, acheté au baron de Bormes, de par la surface de ses terrains et par son emplacement, correspond mieux à un enseignement rural. L'acte de vente fut signé le 27 décembre 1765 et l'enseignement commença en octobre 1766. Le premier étudiant, inscrit le 12 octobre 1766 s'appelait Jean Soulier et venait de Provins.

[modifier] Un enseignement moderne mais militaire

Bourgelat s'inspira de la médecine humaine pour baser son enseignement sur l'anatomie, la science. D'esprit encyclopédiste, il enseignait selon des principes d'observation objective, d'interprétation rationnelle des faits. Il amena avec lui, de Lyon, l'anatomiste Honoré Fragonard, le clinicien Philibert Chabert et plusieurs de ses meilleurs élèves. L'anatomie était, en 1779, la science à l'honneur et la mode. Partisan de l'anatomie naturelle, Fragonard utilisa avec talent la méthode traditionnelle de conservation utilisée au XVIIIe siècle. Il passa 9 ans à préparer des milliers de pièces anatomiques, à visée didactique et pédagogique, et des pièces artistiques. En plus d’une dissection minutieuse de ses cadavres, Fragonard savait les injecter et les conserver. Ce génie n’a laissé que peu de traces écrites de sa technique.

Bourgelat créa un régime scolaire rigoureux. Les élèves en internat «mi-militaire, mi-claustral» réservaient un enseignement autoritaire. L'enseignement était gratuit, mais les élèves n'étaient pas nourris. La fin des études étaient validé par un « brevet de privilégié du roi en l'art vétérinaire». Les premiers diplômés, qualifiés d'«artistes vétérinaires», de retour dans leurs provinces pour combattre les maladies eurent une action efficace.

[modifier] Des noms et des découvertes prestigieuses

Entrée principale de l'école vétérinaire
Entrée principale de l'école vétérinaire

De grands noms de la recherche biologique et médicale ont travaillé à Alfort :

  • Victor Yvart, surnommé "l'Arthur Young de la France" y a occupé la chaire d'Economie Rurale sous la Restauration.
  • Louis Pasteur prépara avec Henri Bouley les fameuses expériences sur la vaccination anti-charbonneuse. Signalons toutefois que Louis Pasteur utilisa finalement, non pas son vaccin anti-charbonneux lors de son expérience célèbre de Pouilly-le-Fort mais bien celui du médecin et vétérinaire Henry Toussaint et que ce fait ne fut pas proclamé haut et fort par Louis Pasteur. Certains auteurs ont trouvé ce comportement de Louis Pasteur franchement proche de la malhonnêteté intellectuelle et du plagiat [1]
  • Camille Guérin, avec le médecin Albert Calmette, mit au point le vaccin BCG contre la tuberculose.
  • Gaston Ramon inventa les anatoxines antitétaniques et antidiphtériques ainsi que les vaccinations associées.
  • Marcel Théret y découvrit le célèbre tétraèdre zootechnique.
  • Jean-Philippe Conroy découvrit comment le neurotransmetteur du ganglion se fixe sur le numéro de l'ADN.

[modifier] Une communauté de travail

L'école actuelle (Directeur : Pr Jean Paul Mialot) regroupe sur son site un peu plus de mille personnes : des étudiants, des enseignants-chercheurs, des chercheurs, des personnels administratifs et techniques. 600 étudiants, 75 enseignants chercheurs et 45 chercheurs appartenant à des laboratoires de recherche associés.

L'École dispose sur le site d'Alfort de 492 chambres réparties en deux résidences universitaires ainsi qu'un restaurant universitaire.

[modifier] Un centre de formation

Le plus vieil amphithéâtre de l'école vétérinaire
Le plus vieil amphithéâtre de l'école vétérinaire

L'ENVA accueille les étudiants ayant réussi le concours d’entrée aux écoles vétérinaires pour une formation initiale qui les mènera en quatre années à un diplôme de Docteur vétérinaire. Ils pourront être logés sur le site et participer à la vie associative et sportive de l’école.

Par ailleurs, elle offre une soixantaine de programmes de formation continue, délivrant des diplômes de spécialisation (trois certificats d'études approfondies (CEAV), deux diplômes d'études spécialisées vétérinaires (DESV), des diplômes d'internat et de résidanat, et quatre masters de recherche.

[modifier] Un centre de consultations

Investie d’une mission de service public, l’École est aussi un centre de consultations, avec service d’urgence pour les animaux de compagnie et pour les chevaux, mais aussi pour le bétail : vaches, chèvres, moutons… Sa proximité de Paris permet au site d’Alfort de drainer une clientèle d’Île-de-France, mais aussi de toute la France.

31373 actes sont réalisés par année. Animaux de compagnie, chevaux et NAC (Nouveaux Animaux de Compagnie) peuvent être reçus. Proposant des techniques de diagnostic sophistiquées, l’École a la clientèle de chiens et chats la plus importante d’Europe. Pour la petite histoire, les labradors de François Mitterrand y ont été soignés.

[modifier] Un centre de recherche

Le bâtiment Blin
Le bâtiment Blin

L'école comprend sept unités de recherche et des laboratoires propres d’unités regroupant des enseignants-chercheurs de diverses unités et chercheurs appartenant à d’autres structures universitaires et de recherche.

Depuis 1994, l’avenir de l’École a pris une nouvelle dimension avec le développement à Maisons-Alfort d’un pôle d’excellence consacré à la santé animale, à l’hygiène, à la qualité et à la sécurité alimentaire. Des travaux de recherche communs sont menés dans ce domaine avec d’autres laboratoires régionaux et nationaux, dont ceux de l’Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments.

[modifier] Ouvert au grand public

  • Le musée Fragonard : unique au monde, plus vieux musée de France; Il est ouvert au grand public depuis 1994. Il présente des collections d'écorchés, de squelettes et d'anatomie animale et humaine. La présentation du musée a su garder son cachet authentique en conservant son aspect "collection", présentant de nombreuses pièces dans des vitrines, plutôt que de succomber aux charmes des musées modernes beaucoup plus dépouillés. On y trouve de nombreux moulages anatomiques, notamment de Petitcolin, finement peints qui font le régal des artistes. Les pièces les plus impressionnantes étant les fameux écorchés de Fragonard, dont l'improbable "cavalier de l'Apocalypse" accompagnés de ses fœtus dansants, ou le terrifiant "homme à la mandibule" dont le regard glace le sang des visiteurs. Attention certaines pièces peuvent impressionner les jeunes enfants.
  • Le jardin botanique créé en 1766. Sa renommée s’appuie sur une collection plantes mellifères (servant à faire le miel), toxiques et médicinales de grande valeur scientifique et patrimoniale. Autrefois exclusivement dédié à l’enseignement et à la recherche scientifique. Depuis 2003, les groupes scolaires, associatifs, de retraités viennent découvrir les plantes et leurs applications à la médecine et à l’alimentation au travers de visites guidées, à la biodiversité. Le maintien du jardin botanique est le fruit des efforts des bénévoles de l’Université Inter-Âge, des jardiniers et apprentis-jardiniers et des enseignants de l’ENVA.
  • Tous les deux ans, un week-end porte ouverte est organisé, permettant au grand public de visiter cette prestigieuse École. De nombreuses activités y sont proposées, avec des ateliers découverte et scientifiques pour les plus grands et les plus petits. C'est aussi l'occasion de s'informer sur le cursus vétérinaire en France.

[modifier] Notes et références

  1. Voir l'article Henry Toussaint sur Wikipédia - Encyclopédie libre

[modifier] Bibliographie

  • André-Laurent Parodi (dir.), L'École nationale vétérinaire d'Alfort au XXe siècle, Thionville, éd. Gérard Klopp, 1998, 262 p.
  • Maisons-Alfort - Mille ans d'histoire, Association Maisons-Alfort, mille ans d'histoire – 2 tomes 1984-1986 (I.Des origines au XIXe siècle ;II - le XXe siècle)

[modifier] Liens externes