Zad Moultaka

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Zad Moultaka, compositeur, né au Liban en 1967, poursuit depuis plusieurs années une recherche personnelle sur le langage musical, intégrant les données fondamentales de l’écriture contemporaine occidentale aux caractères spécifiques de la musique arabe..


Lauréat de la fondation du crédit National de France ( NATEXIS ) - Prix Claude Arrieu, Sacem

Né au Liban en 1967, Zad Moultaka commence très tôt ses études musicales. Formé par Madeleine Médawar, il achève le cursus de piano du Conservatoire National de Beyrouth en 1984 et s’installe à Paris la même année pour travailler avec Marie-Madeleine Petit et Pierre Sancan. Il entre au CNSMP deux ans plus tard dans les classes d’Aldo Ciccolini, Bruno Rigutto, Marie-Françoise Buquet et Christian Ivaldi.

Après deux premiers Prix à l’unanimité (piano et musique de chambre) et une année de perfectionnement, il entame une carrière de récitaliste. Il signe ses premières musiques pour le cinéma et le théâtre et se voit invité dans différentes salles prestigieuses européennes, notamment le Concertgebouw d’Amsterdam, la salle Gaveau, la salle Pleyel, le Théâtre de Bruxelles… Dans le même temps, il enregistre Brahms, Schubert et Fauré (Ed. Stil, Paris).

En 1993, Zad Moultaka met pourtant volontairement un terme à ce parcours de soliste international pour se consacrer exclusivement à la composition. Après une longue période de recherche et de questionnement, hanté par les contradictions et l’impossible synthèse entre l’écriture savante occidentale et les éléments de transmission orale arabe, il compose Anashid, d’après Le Cantique des cantiques pour soliste, chœur, orchestre de chambre et instruments traditionnels. Cette œuvre est une première expérience, une ébauche, associant de façon encore très explicite l’écriture polyphonique occidentale à la linéarité mélodique et aux échelles propres à la musique orientale. Zad Moultaka resserre encore les liens et ressent le besoin d’interroger frontalement la tradition. Naît alors Zàrani (Mouwashah El Haramlek), réflexion et relecture à partir de mouwashahs traditionnels (chant, oud et percussions), contrariés et prolongés par la présence d’un piano. Cette œuvre connaît, dès sa création en juillet 2002 au Festival de Beiteddine[1], un grand retentissement. L’enregistrement paraît en octobre 2003 chez l’empreinte digitale. Il est salué par la critique pour ses qualités de finesse, de profondeur, cet équilibre subtil entre ce qui appartient à une mémoire collective ancienne et presque indéchiffrable et le jaillissement d’une modernité porteuse de ces sédiments.

Zad Moultaka se tourne alors sans équivoque vers le langage contemporain. En 2004 sont créées plusieurs pièces au Festival des 38e Rugissants[2] de Grenoble par l’ensemble ars nova[3] et le chœur de chambre Les éléments[4].

Si Fragment B118 (sur un texte d’Empédocle) s’inspire des chants syriaques anciens, si Enluminures emprunte aux traditions populaires certaines techniques vocales, Fanàriki, concerto pour cymbalum et ensemble instrumental, irrigué par la mémoire de la guerre, s’affranchit de toute référence orientale explicite. Pourtant cette œuvre « d’une beauté stupéfiante » est sans doute la plus profondément arabe, plongeant ses racines dans un matériau sonore très riche et très personnel. 2005 et 2006 sont des années fécondes avec notamment la création au Festival de Baalbeck[5] et à Saintes[6] de Nepsis (sur un poème d’Etel Adnan, Commande d’Etat, juillet 2005), grande fresque pour chœur et ensemble instrumental, de Loubnân , un premier concerto pour piano (mars 2006), de La scala del cielo , pour chœur, piano et percussions, créée en octobre 2006 au théâtre des Bouffes du Nord à Paris (Festival Ile de France[7]). Leur succèderont de nombreuses pièces vocales, instrumentales, de musique de chambre, œuvres électroacoustiques, comptines pour enfants… Certaines continuant d’explorer des aspects de la riche culture arabe – littéraire et musicale –, d’autres balisant un chemin de plus en plus personnel.

2007 et 2008 seront des années très importantes pour la voix car le compositeur poursuit son travail d’écriture pour chœur avec Les éléments de Joël Suhubiette (créations, concerts et un enregistrement de ses œuvres vocales), avec Musicatreize[8] (le cycle Cadavre exquis , à partir de textes travaillés en ateliers d’écriture, et la composition de Our , grande pièce de 40 minutes pour chœur et ensemble instrumental (commande de ZaterdagMatinee Concert Series, Amsterdam Concertgebouw pour le Netherlands Radio Choir, direction Simon Halsey[9]).

En projet, à travers une réflexion sur le zajal (tradition poétique et musicale très ancienne, toujours vivante au Moyen Orient), un opéra arabe. .

Ces chassés-croisés entre cultures d’orient et d’occident ne sont qu’un trompe-l’œil. Le parcours de Zad Moultaka est de fait au cœur d’une étonnante modernité, à l’heure où la musique contemporaine, déliée et grandie des épreuves qui ont jalonné son XXe siècle, s’est tournée vers l’infinie diversité musicale des traditions « extra occidentales », et que ses frontières, mouvantes, ont laissé s’infiltrer des créateurs d’un genre nouveau, souvent porteurs d’une double culture.


[modifier] Discographie

Zarani Mouwashahs avec piano[10]

Fadia Tomb El-Hage chant, Jihad al-Chemaly oud, Pierre Rigopoulos percussions et Zad Moultaka piano, composition

2004 label l’empreinte digitale / dist Nocturne ref ED13153

[modifier] Liens externes

http://www.zadmoultaka.com/