Victor de l'Aveyron

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Victor de l'Aveyron est un enfant sauvage, qui serait né vers 1790 dans l'Aveyron.

Le 8 janvier 1800, un enfant nu, voûté, aux cheveux hirsutes, est débusqué par trois chasseurs. Il s'enfuit, sort des bois et se réfugie dans la maison du teinturier Vidal, à Saint-Sernin-sur-Rance. Il ne parle pas et fait des gestes désordonnés. Il est envoyé trois jours plus tard à Saint-Affrique puis à Rodez.

C'est un certain abbé Bonnaterre qui le récupère et l'emmène à l'École centrale. Le ministre Lucien Bonaparte réclame son transfert à Paris. Il arrive donc dans la capitale le 6 août 1800. Le voilà livré à la curiosité de la foule et des savants. Toutes sortes d'hypothèses, même les plus absurdes, ont été formulées à son sujet. En particulier on ne saura jamais si son retard mental était dû à son isolement ou si un handicap mental préalable avait conduit à son abandon vers l'âge de deux ans.

En 1801, Victor est confié au docteur Jean Itard. Personne ne croit à sa réinsertion sociale, mais Jean Itard s’attelle à la tâche. Il publiera un mémoire la même année et un rapport en 1806 sur ses travaux avec Victor de l’Aveyron. Pendant cinq années, il a travaillé avec cet enfant à sa réinsertion sociale, mais a considéré comme un échec personnel son incapacité – ou son refus ? – à parler.

Victor est confié à une certaine madame Guérin qui le soigne pendant 17 ans, de 1811 à sa mort en 1828, dans une maison de l'impasse Feuillantine. En 1970, François Truffaut s'inspire de l'histoire pour réaliser un film, L’Enfant sauvage.

Lucien Malson publie les écrits du docteur Itard qui cherchait à humaniser le garçon. Il remarque les difficultés qu'il a eu à faire retrouver à l'enfant une sensibilité, des sentiments, une faculté de raisonnement, mais surtout à lui apprendre à communiquer. Itard se demande finalement s'il n'aurait pas mieux fallu le laisser dans la forêt. Malson déclarera « L'homme à la naissance n'est qu'une espérance ».

Un débat de neutralité, une contre-argumentation s'impose à propos de ce cas validé aveuglément par tous les auteurs. Selon Serge Aroles, un chirurgien auteur de L'Enigme des enfants-loups (2007), qui a mené des investigations dans les archives, Victor de l'Aveyron est un faux cas d'enfant sauvage, comme tant d'autres qu'il a démystifiés :

  1. Victor vit en périphérie des villages, ramassant des navets et des pommes de terre dans les champs cultivés, venant parfois se chauffer dans les maisons lorsqu'il fait trop froid, etc. Ce n'est pas la définition d'un enfant survivant en forêt par ses seules forces (comme le fit la fille sauvage de Champagne, qui survécut dix ans en forêt, 1721-1731)
  2. « Victor n'a développé aucune, absolument aucune aptitude à la survie dans les forêts ; il ne sait même pas casser une noix avec une pierre, ce sont les hommes qui lui apprendront ceci plus tard. » Point par point, Serge Aroles dresse une édifiante comparaison entre Victor et Marie-Angélique, la fille sauvage de Songy (en Champagne), qui est l'unique cas d'enfant sauvage dont la survie d'une décennie dans les forêts puisse être authentifiée par des archives, concluant ainsi : " Ne nous étendons pas plus, tant ces deux récits sont incompatibles avec le même statut d’enfant de la nature, et soyons stupéfaits que le faux enfant sauvage (Victor) soit célèbre, notamment depuis qu’il a paru au cinéma, et que l’authentique fille des forêts (Marie-Angélique) soit oubliée…"
  3. Serge Aroles rappelle « que le film de Truffaut est… un film ! », et que ce garçon ne savait pas grimper aux arbres, avait peur de l'eau, etc., alors que le film nous le « montre perché sur les branches et s'ébrouant dans les rivières. »
  4. Bien plus grave, pour Serge Aroles, qui est chirurgien, les cicatrices sur le corps de Victor de l'Aveyron ne sont pas celles d'une vie dans les bois, mais celles d'une maltraitance humaine.

Une statue dédiée à « Victor, l'enfant sauvage de l'Aveyron », a été érigée à Saint-Sernin-sur-Rance. Elle est l'œuvre du sculpteur Rémi Coudrain.

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