Totémisme

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Le totémisme est une organisation clanique ou tribale fondée sur le principe du totem.

Selon une théorie, étayée par Émile Durkheim et Sigmund Freud notamment, le culte du totem est la forme « primitive » de la religion, et les interdictions dont il est l'objet la forme « primitive » de la morale. Cette conception est contestée par plusieurs auteurs, dont Claude Lévi-Strauss, qui met en doute l'existence du totémisme comme institution autonome et distincte et qui la dénonce comme une illusion des sociologues de la fin du XIXe siècle : « Le totémisme est d'abord la projection, hors de notre univers, et comme par un exorcisme, d'attitudes mentales incompatibles avec l'exigence de la discontinuité entre l'homme et la nature, que la pensée chrétienne tenait pour essentielle ».

[modifier] Histoire du totémisme, comme catégorie anthropologique

C'est à partir d’un terme ojibway, que se constitue le "totémisme". Le mot revient à un anglais, John Long, qui l'utilisa en 1791 pour désigner un esprit bienveillant qui protège les hommes. Un groupe d'hommes est ainsi sous la protection d'un totem[1]. C'est James George Frazer qui introduit le débat sur le totémisme en 1887 et qui propose la définition suivante : « un totem est une classe d'objets matériels que le sauvage considère avec un respect superstitieux, croyant qu'il existe entre lui et chacun des membres de la classe une relation intime et tout à fait spéciale ». Pour les Américains, qui révisent les théories britanniques (théories britanniques constituées à partir de l'ethnographie australienne) à la lumière des faits amérindiens, le totem désigne le nom d'un groupe. On privilégie la relation entre le groupe ou l'individu avec l'objet naturel duquel il porte le nom. Boas précise qu'il ne cherche pas à étendre cette analyse car il n'entend pas faire du totémisme une théorie générale, au contraire de Frazer, qui cherche une unité dans le totémisme.

Ainsi, si le mot totem vient de l'ojibway (langue amérindienne de l'Amérique du Nord), Frazer (et l'école évolutionniste britannique) fait de l'Australie le terrain privilégié du totémisme, qu'il veut constituer en théorie générale.

Boas (et les anthropologues américains) propose une autre définition du totémisme à partir des faits amérindiens, mais il précise que ce qu'il avance ne concerne que les Indiens Kwakiutl. Il considère davantage le totémisme comme un outil analytique servant à décrire des situations ethnographiques particulières. Pour les Américains, le totémisme « en général » n'existe pas.

La question du totémisme a été revisitée par Lévi-Strauss dans La Pensée Sauvage, puis par Philippe Descola, en proposant le totémisme comme le mode d'identification qui caractérise les sociétés pour lesquelles les discontinuités entre non-humains permettent de penser celles entrent les humains.

[modifier] Notes

  1. G. Van Der Leeuw la religion dans son essence et ses manifestations Payot Paris 1970

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