Théâtre national de l'Opéra-Comique

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La troisième Salle Favart en 2008
La troisième Salle Favart en 2008

Le théâtre national de l’Opéra-Comique, appelé aussi « salle Favart », est une salle de spectacles située place Boieldieu, dans le 2e arrondissement de Paris.

Sommaire

[modifier] Histoire

[modifier] Origine

Lithographie de la deuxième salle Favart qui a hébergé l’Opéra-Comique de 1840 à 1887
Lithographie de la deuxième salle Favart qui a hébergé l’Opéra-Comique de 1840 à 1887

L’Opéra-Comique a été fondé le 26 décembre 1714 par Catherine Baron et Gautier de Saint-Edme à partir de troupes qualifiées de « foraines » qui se produisaient lors des spectacles donnés lors des foires annuelles de paris. L’une des troupes de la foire Saint-Germain pris alors le nom d’Opéra-Comique.

Son répertoire était surtout constitué de pantomimes et de parodies d'opéras afin de déjouer les interdictions dont ils étaient frappés suite à des procès intentés par la Comédie-Française, inquiète face à la qualité montante des spectacles qui lui portait directement concurrence. En 1714, un décret autorise la troupe à avoir son propre théâtre avec une contrainte : intercaler des dialogues parlés dans les œuvres chantées. C’est la définition actuelle de l’opéra-comique.

Les débuts de l’Opéra-Comique sont difficiles et connaissent plusieurs périodes de fermeture, de 1719 à 1720, puis de nouveau de 1722 à 1723. En 1743, Jean Monnet prend la direction de l’Opéra-Comique et invite l’auteur Charles-Simon Favart. Le succès est au rendez-vous mais fait ombrage aux autres théâtres parisiens. Pour y remédier, les autorités provoquent une nouvelle fermeture de 1745 à 1751. Cette année-là, la ville de Paris obtient la réouverture de ce théâtre, toujours sous la direction de Jean Monnet.

En janvier 1762, l’Opéra-Comique de la foire fusionne avec la Comédie-Italienne. Il déménage alors le 3 février 1762 à l’hôtel de Bourgogne.

En 1779, la « Comédie-Italienne » devient « Théâtre-Italien » mais la troupe ne comporte déjà plus aucun Italien.[1]

Toutefois, en 1780, l’ensemble reprend officiellement le nom d’Opéra-Comique.

[modifier] L'Opéra Comique à son actuel emplacement

La première salle Favart (1783-1838)

La « salle Favart », dont l'architecte est Jean-François Heurtier, est inaugurée le 28 avril 1783 en présence de la Reine Marie-Antoinette. La salle a été construite sur un terrain appartenant au duc de Choiseul à l’emplacement où se trouve encore aujourd’hui le théâtre national de l’Opéra-Comique, place Boieldieu dans le 2e arrondissement de Paris. La salle dispose de 1933 places.

Pendant la Révolution française, l’Opéra-Comique poursuit son activité mais il subit la rude concurrence du théâtre Feydeau. En 1801, les deux troupes fusionnent pour former, le 16 septembre, le théâtre national de l’Opéra-Comique. Pendant plusieurs années, le fonctionnement de l’institution oscillera entre un modèle de société de comédiens et un modèle plus contraignant avec un directeur.

Le 15 janvier 1838, un incendie détruit la salle après une représentation de Don Giovanni. L'origine de cet incendie est dû au système de chauffage car c’est un tuyau du calorifère du foyer des artistes de l'orchestre qui, chauffé au rouge, mit le feu au magasin de décors [2]. Hector Berlioz proposera alors au ministère un projet d’exploitation de la nouvelle salle à ses propres frais, mais cette demande sera rejetée par la Chambre des députés[3].

La deuxième salle Favart (1840-1887)

En 1840, la salle est reconstruite : il s'agit alors de la deuxième salle Favart.

Le XIXe siècle est une époque de grand succès pour l’Opéra-Comique, grâce notamment à des compositeurs tels qu'Adolphe Adam, Daniel-François-Esprit Auber, Georges Bizet, Félicien David, Jules Massenet ou même Nicolas Bochsa, le célèbre harpiste excentrique qui composa sept œuvres représentées à l’Opéra-Comique.

Le 17 novembre 1866, l’Opéra-Comique, dirigé par Adolphe de Leuven, présente pour la première fois une œuvre d'Ambroise Thomas qui connaît immédiatement un grand succès, Mignon de Michel Carré et Jules Barbier pour le livret inspiré par Wilhelm Meister.

En 1880, le nouveau directeur Léon Carvalho (1825-1897) fait rejouer la pièce Mignon avec une nouvelle cantatrice américaine, Marie van Zandt, surnommée miss Fauvette ou miss Caprice. Après quelques succès avec Le Pardon de Ploërmel et Les Noces de Figaro, Carvalho fait chanter la diva dans Le Barbier de Séville de Rossini, mais son accent américain fait scandale et elle est contrainte de se retirer.

Le 25 mai 1887à 21 heure, un deuxième incendie détruit de nouveau la salle pendant la représentation du premier acte de Mignon, d'Ambroise Thomas. Cet incendie, provoqué par une défectuosité de l'éclairage au gaz de la herse située au-dessus de la scène, coûta la vie à quatre-vingt-quatre personne dont quatre danseurs, deux choristes, quatre habilleuses, quatre ouvreuses, et mit au chômage tout le restant du personnel. Le gouvernement paya une compensation aux victimes et un concert fut donné au bénéfice des employés de l'Opéra-Comique. Emmanuel Chabrier écrivit alors le Duo de l'ouvreuse de l'Opéra-Comique et de l'employé du Bon Marché, pièce à l'humour parfois bien noir, les représentations du Roi malgré lui ayant été définitivement annulées, sans compensation financière. Léon Carvalho, alors directeur, est jugé responsable, condamné puis acquitté en appel. Suite à cet incendie, l'éclairage à l'électricité devint obligatoire dans tous les théâtres et cafés-concerts.

La troisième salle Favart (1898 à aujourd'hui)

Le 7 décembre 1898, après onze ans de reconstruction, la salle est inauguré en présence du Président de la République, Félix Faure. Il s'agit donc de la troisième salle Favart qui est toujours celle existant actuellement. L'architecte en est Louis Bernier.

Les difficultés financières du théâtre, dans les années 1930, entraînent l’intervention de l'État qui, en 1936, rapproche l’Opéra-Comique du théâtre national de l’Opéra, pour former la Réunion des théâtres lyriques nationaux (RTLN).

Après une première fermeture en 1971, l’Opéra-Comique cesse son activité le 30 novembre 1972. En 1974, la salle Favart prend le nom d'« Opéra-Studio » et est considérée comme lieu de formation pour les acteurs. En 1978, l’Opéra-Studio est fermé à son tour et la salle mise à disposition du théâtre national de l’Opéra.

En 1990, l’Opéra-Comique retrouve son autonomie.

[modifier] Le théâtre national de l’Opéra-Comique aujourd’hui

Le théâtre est régi, depuis le 1er janvier 2005, par le décret n° 2004-1232 fixant le statut du théâtre national de l’Opéra-Comique. L’article 2 de ce décret lui confie une mission très large puisqu’il peut représenter des ouvrages lyriques mais aussi des pièces de théâtre sans musique. Son répertoire s'étend expressément de la musique baroque à la musique contemporaine.

L’Opéra-Comique a été dirigé, de 2000 à 2007, par Jérôme Savary. Jérôme Deschamps lui succède le 27 juin 2007.


[modifier] Architecture et distribution

L'Opéra-Comique est souvent considéré comme l'équivalent de l'Opéra Garnier en une taille plus réduite, à dimension humaine, plus proche de son public, notamment du point de vue des artistes.

Pour mémoire, la salle actuelle date de 1898. Les artistes en vogue à l'époque ont été mis à contribution pour faire de cette salle un monument.

Principaux artistes de la Belle Époque ayant participés à l'édifice :

  • Albert Maignan : plafond et panneaux face fenêtres du grand foyer
  • Henri Gervex : grand foyer
  • Joseph Blanc : avant foyer
  • Édouard Toudouze : plafond et panneaux (le jeu de Robin et Marion) de la rotonde Favart
  • Raphaël Collin : plafond et panneaux de la rotonde Marivaux
  • Luc-Olivier Merson : plafond de l'escalier d'honneur
  • François Flameng : fresque La tragédie grecque et la danse ornant le mur de l'escalier latéral menant au grand foyer.
  • Benjamin Constant : peinture du plafond de la salle


[modifier] Ressources

[modifier] Bibliographie

  • Raphaëlle Legrand, Nicole Wild, Regards sur l’Opéra-Comique : trois siècles de vie théâtrale, Éditions du Centre national de la recherche scientifique, Paris, 2002. (Sciences de la musique) ISBN 2-271-05885-6.
  • Nicole Wild, David Charlton, Théâtre de l’Opéra-Comique, Paris : répertoire 1762-1972, Mardaga, Liège, 2005. (Musique/musicologie). ISBN 2-87009-898-7.
  • Émile Campardon, Les Spectacles de la foire, Paris, Berger-Levrault, 1877, 2 vol.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens externes

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[modifier] Notes et références

  1. 'La commedia dell'arte et son influence en France du XVIe au XVIIIe siècle' de Bernard Jolibert, édition L'Harmattan.
  2. Revue et Gazette musicale de paris, 5ème année, n°3 du 21 janvier 1838
  3. Le directeur du théâtre, Carlo Severini, qui habitait le bâtiment, avait péri dans l'incendie.