Testudo whitei

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Sommaire

[modifier] Dénomination

Testudo whitei (Bennett 1836)

Synonymes de Testudo whitei :

Furculachelys whitei (Highfield et Martin, 1989)

Testudo graeca whitei

Testudo marginata Schoepff ( Gervais 1836; Lallemant 1867; Gray 1870)

Testudo ibera Pallas (Lortet 1888; Boulenger 1889; Johnson 1928)

Testudo graeca graeca (Flower 1945; Loveridge & Williams 1957; Pritchard 1966 et 1979; Lambert 1982)

Noms communs :

Tortue mauresque d’Algérie

Algerian ou Gilbert White's tortoise

Algerische Landschildkroete ou White Landschildkröte

Tortuga algeriana


[modifier] Répartition, biotope et climat

On sait que l’on trouve des tortues, sans faire de distinctions, dans le centre et le nord de l'Algérie. Les régions côtières jouissent d'un climat méditerranéen, agréable en hiver (12 °C à Alger) et supportable en été (25 °C dans la même ville). L'humidité y est forte et les précipitations relativement abondantes avec 762 mm de moyenne, concentrés sur quelques mois d'automne et de printemps. Il pleut plus à Alger qu'à Paris. Les tortues y vivent des étés plus verts. La nourriture dans ces régions est plus abondante et le taux d'hygrométrie élevé, ce qui expliquerait la grande taille des Testudo whitei (Bennett 1836) que l’on a pu rencontrer dans les environs d’Alger (oliveraies, forêts de chênes-lièges). En revanche, les précipitations sur les hauts plateaux occidentaux sont plus faibles, ce qui explique une couverture végétale de type steppique. Ce sont souvent des zones d’élevage d’ovins et de caprins. C’est dans ces régions que l’on trouve des tortues de plus petite taille que les Testudo whitei (Bennett 1836) .

Enfin, en Algérie, les tortues peuvent vivre à des altitudes élevées et donc sont soumises à des températures plus rudes en hiver, ce qui expliquerait leur grande résistance.


[modifier] Description

On trouve en Algérie deux types de tortues. Le premier type est une Testudo graeca graeca vert-olive proche de sa cousine marocaine que l’on peut trouver à l’ouest de la frontière algéro-marocaine. Le second type est une tortue de dimension beaucoup plus grande que ses cousines tunisiennes et marocaines des régions côtières et du Moyen-Atlas, qui atteint invariablement une taille adulte beaucoup plus grande et jamais atteinte par des spécimens de Testudo graeca. De plus, cette tortue d’Algérie peut continuer de croître durant 40 années. Le record de taille et poids est détenu par une femelle avec 29,2cm de long pour un poids de 4,550 kg. Pour un male, le record est de 24 cm de long et un poids de 2,350 kg. Leurs dimensions sont d’environ 27 cm pour les femelles, pour un poids moyen de 2,8 kg et 21 cm et 1,7 kg pour les mâles. Les nouveau-nés mesurent 33 mm de long et pèsent de 12 à 14 g alors que les nouveau-nés Testudo graeca classiques sont rarement plus longs que 27 mm et pèsent 8 g. C’est une tortue colorée plus proche du jaune ambre que du vert-olive de la Testudo graeca graeca. Des différences crâniennes et ostéologiques ont été enregistrées. La carapace ressemblerait beaucoup à celle d’une Testudo marginata, notamment par sa forme arrière. Elle est plus plate et plus large que celle d’une Testudo graeca qui est généralement très voûtée. Quelques spécimens montrent peu voire pas d'inscriptions sur la carapace. Les dessins triangulaires brun-noir caractéristiques de la Testudo graeca sont généralement absents ou imparfaits. Le plastron comporte quant à lui des taches noires plus étendues. Enfin, il y a une différence considérable entre les tubercules fémoraux des deux espèces. Ceux de la Testudo whitei (Bennett 1836) sont de couleur blanchâtre et se prolongent typiquement dans une direction incurvée vers l'intérieur, c’est-à-dire vers le cloaque) et mesurent pas moins de 7mm, contre 2,5mm pour la Testudo graeca. A la lumière de ces nombreuses différences morphologiques, certains spécialistes comme Highfield considèrent que la Testudo whitei (Bennett 1836) est une espèce à part entière et distincte de la Testudo graeca. Cette prise de position remet complètement en cause la nomenclature établie des Testudo d’Afrique du nord. En revanche, d’autres chercheurs comme Jarmo Perälä refusent cette dénomination. Certains considèrent même que cette tortue est le résultat d’une hybridation datant peur-être de l’époque romaine entre la Testudo marginata et la Testudo graeca. Seuls des tests génétiques pourraient nous renseigner…

[modifier] Hibernation

Avant l’indépendance de l’Algérie, nombreux étaient les pieds-noirs qui possédaient au moins une tortue. Elle était « très courante en Algérie , on la trouvait dans les jardins , mais beaucoup de familles en avait dans les appartements, elle était logée dans de grands cartons ou des caissettes en bois, se nourrissant de feuilles de salade , elle n'était aucunement sauvage. Elle devenait très vite un animal de compagnie . » comme le rappelle Brigitte Pecollo, née le 5 juin 1945 à Oran. Après l’indépendance, de nombreux rapatriés en ont ramené avec eux comme le rappellent Hocine Chérif et Jean-François Fontana : « Nous, les enfants, nous avons sauvé les deux chats et les quatre tortues. Et dernier geste, on les a peintes en tricolore. » En montagne, les températures sont très basses en hiver. Ceux qui sont allés en Algérie vers Chréa savent qu'il neige l'hiver. S'il n'y a pas de tortues sur les sommets, on rencontre en altitude des températures qui amènent nécessairement les tortues à hiberner, raison pour laquelle on en voit beaucoup moins en hiver.

En raison d’une plus grande robustesse, ces tortues se sont remarquablement bien adaptées à la variété des climats de la France. Comme l’indique une personne sur un forum : « Mes graeca hibernent depuis 50 ans que je les ai et se portent comme un charme. Elles m'ont été offertes quand j'avais 5 ans en Algérie dont je suis originaire, et le fait d'avoir franchi la méditerranée en 1964 n'a rien changé à leurs habitudes hivernales. » Certains ont réussi à les faire vivre en extérieur toute l’année en prenant évidemment des précautions, d’autres ont préféré les soustraire aux trop grands froids en leur faisant passer l’hiver dans des caisses garnies de foin placées dans des celliers, garages ou caves, avant de rejoindre le jardin au printemps. Je connais pour ma part une personne qui fait hiberner un couple de Testudo graeca d'Algérie non pas dehors mais dans une caisse garnie de terre et de foin dans le grenier et ceci depuis 1942. Je les ai vu récemment et elles n'ont aucun problème de croissance, ni de carapace. Sur un forum, une autre personne nous confie : « Je ne sais pas si elles hibernent, mais pour avoir habité plusieurs années en Algérie à Aïn-Taya, ville qui se trouve à environ 30 km à l'Est d'Alger, et possédé trois tortues à cette époque, je peux assurer que l'hiver, les températures de 10/11° sont courantes, même sur la côte. Et sans me prononcer entre "hibernation" et simple "période de repos", je peux seulement constater que mes tortues, qui vivaient en liberté dans le jardin, disparaissaient jusqu'au retour des beaux jours. »



[modifier] Statut écologique

Malheureusement, aucune étude sur le terrain n’est entreprise pour l’instant. Nous manquons encore cruellement de renseignements pointus sur ces animaux. Nous ne savons rien de l'écologie et du comportement sauvage de cette nouvelle espèce. Nous savons que l'espèce a été fortement exploitée commercialement durant de nombreuses années comme animal de compagnie à destination de l’Europe, mais nous n'avons aucune donnée récente sur la distribution ou le nombre approximatif d’individus. On ne peut donc savoir si c’est une espèce en danger qui doit être protégée.

[modifier] Notes et références