Discuter:Terrain

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Comment appréhender le concept de « Terrain » ? Une évidence, au départ — à la question : « dis, monsieur, c'est quoi un terrain ? », on ne saurait répondre en utilisant la formule classique : « un terrain, c'est... ». Une proposition de ce type apparaît d'emblée vouée à des limitations tragiques, elle est même logiquement impossible puisque, a priori, le terrain ne renvoie à aucune forme de positivité sociale concrète, comme ce serait le cas si la question portait sur des concepts comme « arbre », « chaise », ou « automobile ». Dans ce cas, en effet, nous savons qu'il nous est possible de nous en remettre à une expérience non linguistique de ce que les concepts désignent. Si un enfant nous demande ce qu'est un mouton, nous pouvons simplement dessiner ce mouton et recouvrir par là une réalité sensible par une réalité sensible du même type, encore qu'il existe une différence de plan de l'objet à son icône, mais là n'est pas la question. Le concept de « terrain » lui, ne peut être défini que dialectiquement placé dans un ensemble de concepts déjà donnés. En somme, comme le dirait Pierce : « La valeur d'un signe se résout dans un ensemble plus grand de signes », On peut donc approcher la notion de « terrain » en la serrant par une série de con-trastes conceptuels. Tout est là, le sens est la différence même. Nous voyons deux délimitations intéressantes à produire. D'abord, qu'est-ce qui oppose le « Terrain » au « Territoire » ? ensuite, qu'est-ce qui distingue le « Terrain » de 1' « Institution » ? Le concept de « territoire » trouve une application particulièrement fructueuse en Ethologie. Il y désigne cette partie de l'espace nécessairement annexée à l'expression des besoins homéostatiques de l'animal. Cet espace n'est pas pas, pour autant, homogène, il est, en fait, fonctionnellement structuré. On peut ainsi parler pour le même animal d'un territoire de chasse et d'un territoire pour la re-production. L'organisation de l'espace est parfois même plus complexe comme chez l'hippopotame où elle semble avoir une expression concentrique. Nous savons, nous aussi, exprimer l'exploitation structurale de notre environnement par la désignation de « terrain ». On parle ain-si de terrain de chasse, de terrain de « foot », terrain à bâtir, etc. Toutefois, alors que chez l'animal, le territoire est circonscrit par un certain type de comportement en tant qu'expression de l'instinct et instance du réel, chez l'homme, le terrain se délimite d'une façon toute conventionnelle par l'usage d'une certaine catégorie de signaux : barrières, panneaux indicateurs, balisage symbolique.