Témoignage chrétien (Résistance)

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Témoignage chrétien est le nom d'un mouvement de résistance française, pendant la Seconde Guerre mondiale, dont le principal animateur a été le père Pierre Chaillet et dont la principale activité a consisté à éditer et à diffuser clandestinement Les Cahiers du Témoignage Chrétien. De 1941 à 1944, paraîtront successivement treize numéros de ces brochures contenant des dossiers assez volumineux puisque chaque numéro pouvait faire plusieurs dizaines de pages. Après la Libération, le journal Témoignage chrétien prendra la suite du journal clandestin.

Sommaire

[modifier] Le Fondateur

Dès les années 1930, le père Pierre Chaillet, un jésuite qui effectue de nombreux séjours en Autriche et en Allemagne pour y étudier la théologie allemande, prend conscience de la montée du nazisme et du danger que représente cette idéologie. En 1939, il écrit " L'Autriche souffrante " livre dans lequel il dénonce les persécutions contre les catholiques et les juifs autrichiens consécutifs à l'Anschluss. Suite à l'occupation de la France par l'Allemagne, Henri Frenay lui propose d'écrire dans les journaux clandestins Les Petites Ailes, puis Vérité. Sous le nom de Testis, il publie des bulletins religieux où il dénonce l'idéologie nazie et appelle à la résistance spirituelle. Lorsque ces feuilles clandestines disparaissent pour laisser place à Combat, il décide de créer un journal clandestin spécifiquement chrétien.

Icône de détail Article détaillé : Père Chaillet.

[modifier] Les Cahiers du Témoignage Chrétien

C'est ainsi que le 16 novembre 1941 parait à Lyon le premier Cahiers du Témoignage Chrétien dont le titre est France, prends garde de perdre ton âme. Sous forme d'un opuscule de petit format — d'où le nom de Cahier —, il contient un vibrant appel à s'opposer au nazisme au nom des valeurs chrétiennes. Il est entièrement rédigé par le père Gaston Fessard. Témoignage Chrétien devait s'appeler Témoignage Catholique, mais par œucuménisme et suite à la participation de protestants dans l'équipe clandestine initialement constituée de théologiens jésuites de la faculté de Fourvière à Lyon, l'adjectif catholique fut changé en chrétien.

Cinquante trois cahiers seront publiés. Il s'agit de cahiers thématiques de format 13,5 x 21 cm, de parution irrégulière et numérotés en chiffres romains. Quatorze cahiers concernent le nazisme, sept la décolonisation, cinq le problème palestinien. Des cahiers sont également consacrés à l'Église, en particulier au sujet de l'Affaire Mindszenty (Cahier XXXII) pour laquelle le Père Chaillet organise une manifestation avec Georges Montaron comme orateur-intervenant.

[modifier] Le Courrier du Témoignage Chrétien

Parallèlement aux Cahiers du Témoignage Chrétien, de petit format et d'un tirage de 50 000 exemplaires, qui ne traite que d'un seul sujet à chaque fois, parait, dès mai 1943, le Courrier Français du Témoignage Chrétien, journal d'abord de petit format (in-octo) puis ensuite de grand format (in-folio) et d'un tirage de 100 000 puis 200 000 exemplaires, dont le sous-titre est Lien du Front de résistance spirituelle contre l'Hitlérisme. Le treizième numéro du Courrier du Témoignage Chrétien sera diffusé sur les barricades lors de la libération de Paris.

[modifier] Spécificité et idéal de Témoignage Chrétien

La spécificité du Témoignage Chrétien, par rapport aux autres journaux de Résistance est qu'il revendique une résistance spirituelle. C'est en effet en référence à l'Évangile et aux idéaux chrétiens que Témoignage Chrétien s'est opposé au nazisme.

« (...) en tant que chrétiens, nous ne nous plaçons absolument pas sur le même plan que ceux qui ne voient dans Hitler que le "boche" représentant l'ennemi héréditaire ou encore le faux socialiste. (...) En tant que chrétiens nous sommes actuellement en lutte contre le nazisme.  »
    — Extrait du numéro 2 du Courrier Français du Témoignage Chrétien, page 1.

Témoignage Chrétien n'est pas le bulletin de liaison d'un mouvement résistant. C'est un manifeste de rébellion contre le nazisme.

[modifier] L'équipe de rédaction

L'équipe de rédaction dirigée par le père Pierre Chaillet est constituée de jésuites, particulièrement de la Faculté de Fourvière à Lyon dont Gaston Fessard et Henri de Lubac auxquels se joignent des laïcs : André Mandouze, Joseph Hours, Robert d'Harcourt, Georges Bernanos et Jacques Maritain. Il était imprimé clandestinement par un imprimeur lyonnais, Eugène Pons, mort en déportation.

[modifier] Témoignage chrétien après 1944

En 1947, le père Chaillet fera appel à Georges Montaron, jeune résistant, membre des Jeunes Chrétiens Combattants, président de la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC), pour lui succéder à la tête de Témoignage chrétien. Celui-ci en deviendra le directeur-gérant le 15 novembre 1949. Le Témoignage chrétien de Georges Montaron restera, jusqu'à son départ en 1996, fidèle à la Charte de la Résistance et aux idéaux chrétiens de l'Évangile. En particulier, il dénoncera la torture et militera pour la décolonisation et le droit des peuples occupés (Indochine, Maroc, Tunisie, Algérie, Palestine et Sahara occidental).

Témoignage chrétien est l'un des derniers journaux issus de la Résistance encore édité.

Icône de détail Article détaillé : Témoignage chrétien (revue).

[modifier] Sources

  • Jean-Pierre Gault, Histoire d'une Fidélité, Thèse de Doctorat, Paris -Sorbonne.
  • Renée et François Bédarida, La Résistance spirituelle, 1941-1944: Les cahiers clandestins du " Témoignage Chrétien", Paris, Albin-Michel, 2001

[modifier] Voir aussi