Symphonie n° 6 de Jean Sibelius

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La Symphonie nº 6 en ré mineur, op. 104, de Jean Sibelius a été esquissé en 1919 alors qu’il achevait la révision de sa Cinquième Symphonie, mais la symphonie ne fut terminée que quatre ans plus tard, la création intervenant le 19 février 1923.

L’œuvre reste assez peu jouée de nos jours : les amateurs de couleurs violentes ou d’effets orchestraux étonnants ne peuvent, en effet, que s’en détourner. La Sixième Symphonie n’offre à l’auditeur qu’une « eau pure » (selon le mot du compositeur), avec ses nuances de demi-teintes, la clarté de ses polyphonies, la limpidité jaillissante de son chant. Les harmonies sont modales (recours au modes dorien et lydien, traités eux-même parfois comme des tonalités), et nous rappellent l’admiration que le musicien finlandais vouait à Palestrina.

L’ambiguïté tonale en découle aussi bien : le mineur se mue fréquemment en un si mineur qui joue un rôle essentiel dans le déroulement de la partition. Enfin, l’on ne sera pas dupe d’un calme, d’un diaphane qui ne sont que de surface : de puissants orages grondent mystérieusement et - oserait-on dire - paisiblement.

Elle est en quatre mouvements :

  1. Allegro molto moderato
  2. Allegretto moderato
  3. Poca vivace
  4. Finale. Allegro molto

Sommaire

[modifier] Fiche technique

[modifier] Orchestration

Deux flûtes, deux hautbois, trois clarinettes, deux bassons ; quatre cors, trois trompettes, trois trombones ; timbales ; harpe (que Sibelius n’avait plus utilisée depuis la Première Symphonie) ; les cordes.

[modifier] Analyse

[modifier] Allegro molto moderato

Le premier mouvement est un Allegro molto moderato, à 2/2.

Un motif descendant de quatre notes, qui ouvre la partition, en constitue la cellule-mère, « organique ». Formellement, la structure de l’allegro de sonate s’y trouve contredite par l’absence du second sujet lors de l’exposition, tandis que dans la récapitulation, celui-ci (mode dorien) revient à la tonique et paraît assumer le rôle d’un thème principal ! Ce qui prouve à quel point que la maîtrise de Sibelius transcende les schémas établis, l’ensemble du mouvement étant « tramé » en un splendide tissu polyphonique.

[modifier] Allegretto moderato

Le deuxième mouvement est un Allegretto moderato, en sol mineur. C’est une sorte d’intermezzo d’une poésie intime, mélancolique, quasi crépusculaire. Parfaite économie de l’instrumentation, dépouillement de l’écriture mélodique et harmonique, n’excluant pas les effets polyrythmiques ou les superpositions d’accords dissonants.

[modifier] Poco vivace

Le troisième mouvement est noté « Poco vivace », à 6/8. Il s’éloigne de la forme habituelle du scherzo, se contentant d’alterner deux idées où l’on remarquera les accords brutaux et menaçants de cuivres et de timbales, sur une pulsation agitée des cordes en double croches rythmiques, et des envolées de bois. Les relations entre tonalité et modalité contribuent à la richesse, toute ambiguë, de ce très bref mouvement, dont la durée n’excède pas trois minutes.

[modifier] Finale

Le Finale est noté « Allegro molto », à 4/4. Plus complexe, il adopte très librement la forme rondo. Il y a quatre épisodes principaux, dont le second constitue le seul développement violent et constamment dramatique de l’œuvre ; il est également le seul passage franchement chromatique. Le Poco ralentando qui lui succède ramène le calme bien dessiné du thème initial du mouvement (violons et bois), avant la splendide conclusion Doppio più lento, dont une soudaine apparition de la tonalité d’ut mineur (flûtes et bassons) rompt l’atmosphère de sérénité qu’elle dégage. Mais les cordes s’élévent à nouveau, dont l’éloquence atteint un sommet d'intensité.

On retrouve alors la quarte descendante du motif d’ouverture, qui a également parcouru toute la partition, dans le mode dorien sur . Tout se termine dans la nuance pianissimo aux violons (les timbales ppp), avec un retour au silence, à une sorte de pureté originelle…

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