Sur l'âme (Chrysippe)

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Sur l'âme est un traité perdu du philosophe de l'ancien stoïcisme Chrysippe en au moins deux livres. Un résumé et de large extraits du premier livre ont été transmis à la critique moderne par Galien. De fait, comme le note Richard Dufour « Le traité Sur l'âme de Chrysippe est le seul pour lequel nous possédons des fragments aussi nombreux et aussi étendus »[1]. De fait de nombreuses reconstitutions ont été entreprises.

[modifier] Le style

Ce traité donne une idée du style assez laborieux de Chrysippe qui répète souvent la même chose (il parle trois fois de la voix, deux fois des nerfs…), repose plusieurs fois les mêmes problèmes en donnant des solutions différentes, et use de nombreuses citations (rien que dans les fragments conservés il cite une dizaine de fois Homère). La conclusion du premier livre, à ce titre, est éloquente : « Les gens diront peut-être que ces propos ne sont que des radotages de vieilles femme et peut-être aussi d'un professeur de lettre qui désire classer autant de vers que possible sous la même pensée »[2]. À la décharge de Chrysippe, il faut admettre que Sur l'âme n'est sans doute pas sa meilleure œuvre. Si Galien fait un aussi long résumé de ce traité, auquel Chrysippe lui-même devait accorder peu d'importance, c'est uniquement en vue de critiquer le stoïcisme.

[modifier] L'analyse d'Hésiode

La partie la plus intéressante de l'ouvrage pour prendre conscience de la méthode chrysippéenne est peut-être une longue analyse d'un mythe d'Hésiode. Chrysippe qui défend l'idée que l'âme siège dans le cœur de l'homme répond à ses opposants pour qui l'âme siège dans la tête. Ce derniers prennent en effet comme argument le mythe de la naissance d'Athéna, tel qu'il est relaté dans la Théogonie d'Hésiode. Selon Hésiode, en effet, Athéna qui symbolise la sagesse est née de la tête de Zeus et non de son cœur. Chrysippe commente en conséquence la Théogonie d'Hésiode (ou plus exactement une pseudo-Théogonie car le texte donné par Galien ne correspond pas avec celui retenu par la critique moderne). Son commentaire se caractérisant par sa propension à la scolastique (il discute chaque terme et expression). Il vient probablement — car son propos n'est pas très clair — à la thèse suivante : la Prudence et la sagesse symbolisés par Athéna sont des arts ; en tant qu'art ils sont communiqués par le logos ; le lieu du logos étant la bouche, qui se trouve dans la tête, il est normal qu'Athéna sorte de la tête de Zeus.


[modifier] Notes

  1. Chrysippe — Œuvre philosophique, II, 295, Les belles lettres
  2. Fragments 910 de Chrysippe — Œuvre philosophique = Galien Sur les doctrines d'Hippocrate et de Platon, III, 4, 15, 1-16, 4