Siège de Termes

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Siège de Termes
Informations générales
Date 1er août au 22 novembre 1210
Lieu Termes
Issue prise d'assaut du château
Belligérants
Armée croisée Défenseurs de la ville
Commandants
Simon IV de Montfort Raymond de Termes
Croisade des Albigeois
(campagnes de Simon de Montfort) 
Minerve, Termes, Lavaur, Montgey, Toulouse
Castelnaudary, Muret, Beaucaire, Toulouse

Le siège de Termes est une opération militaire de Simon de Montfort au cours de ses campagnes visant à conquérir les vicomtés de Béziers, d'Albi et de Carcassonne.

Sommaire

[modifier] Les raisons du siège

Cela fait près d’un an que Simon IV de Montfort avait été investi par les barons croisés des vicomtés de Raymond-Roger Trencavel. Il avait remporté quelques succès, mais qui restaient fragiles, car il n’avait pas encore été reconnu comme vicomte par son suzerain, Pierre II, roi d’Aragon et comte de Barcelone. De plus, il ne pouvait pas espérer contrôler ses nouveaux états sans contrôler les trois principales places fortes montagnardes, Minerve, Termes et Cabaret. Le 22 juillet 1210, avec l’aide des habitants de Narbonne, il prend Minerve, dont le seigneur était resté isolé des autres seigneurs Languedociens.

Après cette prise, le seigneur Aimery de Montréal fait sa soumission et livre son château en échange de domaines dans la plaine languedocienne. Simon de Montfort réunit alors son conseil et décide de se tourner contre Termes. Les Narbonnais annoncèrent ne pas participer au siège[1]. La plupart des croisés qui avaient participé au siège de Minerve déclaraient également avoir terminé leur quarantaine[2] et quittaient l’Occitanie pour retourner chez eux. Fort heureusement, Robert II, comte de Dreux, et Guillaume II, comte de Ponthieu, rejoignent les croisés à la tête d’importants contingents.

[modifier] Le siège

[modifier] La préparation

Le château de Termes se trouve sur un piton rocheux et entouré d’abîmes profonds sur un promontoire de la même montagne se dresse également une petite fortification, nommée le Termenet. Il n’y a qu’un seul passage pour accéder au château, une sorte de série de terrasses naturelles sur laquelle un chemin a été aménagé. Simon de Montfort arrive au pied du château le premier août et installe son camp face à cet accès et au village.

Contre les actions de Simon de Montfort, les seigneurs de Termes et de Cabaret s’étaient toujours soutenus mutuellement, contrairement au seigneur de Minerve. Simon de Montfort, prenant la mesure du château, envoie un message à Guillaume de Contres pour qu’il amène des engins de siège de Carcassonne. Le convoi se dirige vers Termes quand Pierre Roger de Cabaret, prévenu par ses espions, attaque le convoi mal gardé, surprend les sentinelles et commence la destruction des machines. Prévenu, Guillaume de Contres accourt avec quelques chevaliers engage un âpre combat contre Pierre Roger, puis le met en fuite. Les machines, qui ne sont qu’endommagées sont réparées et le convoi repart, cette fois sous bonne garde, et escorté d’un contingent de croisés bretons venant d’arriver.

[modifier] Le déroulement

Pour contrer le tir des mangonneaux , Raymond de Termes installe une pierrière sur le Termenet qui lui permet de bombarder le camp des assiégeants. Une brèche est également ouverte dans le rempart du village, qui est aussitôt pris, mais repris et incendié peu après par les assiégés. Au cours d’une nuit, Raymond de Termes et quatre-vingts volontaires font une sortie dans le but de détruire les machines de guerre, manque de peu de réussir, mais échoue grâce au courage d’un chevalier normand, Guillaume d’Escuret ou Guillaume l’Escureuil.

Le siège s’éternise, mais sans grand progrès pour les croisés, qui sont en outre harcelés par les raids incessants de Pierre Roger de Cabaret. Ce dernier attaque également les convois d’approvisionnement, si bien que les vivres commencent manquer aux assiégeants. Les assiégés ne sont guère mieux lotis, car c’est l’eau qui commence à manquer.

[modifier] Négociations

A cause de ce manque d’eau, Raymond de Termes doit se résoudre à entamer des négociations. De son côté, Simon de Montfort avait du mal à tenir ses hommes, et un assaut aurait vite tourné à la boucherie. Les deux chefs de guerre conclurent rapidement un accord. Raymond de Termes livrera son château le lendemain, et Simon de Montfort s’engage à lui donner un autre domaine, puis à lui restituer le château de Termes le jour de Pâques de l’année suivante[3].

Dès l’annonce de la nouvelle, les contingents des comtes de Dreux, de Ponthieu, de l’archevêque de Bordeaux et des évêques de Beauvais et de Chartres commencent à plier bagage, ayant terminé leur quarantaine. Simon les supplie de rester quelques jours supplémentaires, voyant son armée fondre avant la reddition effective, mais seul Renaud de Bar, évêque de Chartres accepte de rester, tandis que deux tiers de l’armée croisée quittent le siège. La nuit qui suit, un orage éclate et remplit les citernes du château.

[modifier] La fin du siège

Le lendemain, quand Guy Ier de Lévis se présente pour prendre possession du château, Raymond de Termes refuse de lui ouvrir les portes. L’évêque de Chartres, pressé de partir, suggère à Simon d’accepter les conditions de Raymond de Termes, l’essentiel étant pour Montfort de tenir le château au moins provisoirement, et d’envoyer en délégation l’évêque de Carcassonne dont la mère était Parfaite et le frère parmi les défenseurs du château, mais Raymond refusa de céder.

Après le départ des Chartrains, Simon reste seul avec ses troupes, dont le moral est bas, et soumis au mauvais temps qui commence à se déchaîner. Mais il s’obstine, et comme la prise d’assaut s’avère impossible avec ses maigres effectifs, le bombardement continue, démantelant les fortifications. Les assiégeants s’aperçoivent que les assiégés mettent moins à colmater les brèches, et Simon fait construire une chatte[4] pour saper le rempart.

A l’intérieur du château, au fond les citernes, l’eau du fait de sa rareté était devenue putride. L’orage survenu au moment de la reddition les avait certes remplies, mais l’eau était devenue insalubre, et la mollesse que les soldats de Montfort constataient parmi les défenseurs du château était due à la dysenterie en train de décimer la garnison. Voyant que tout était perdu, Raymond de Termes décide de faire évacuer le château de nuit, mais l’alerte et donnée et les fuyards sont poursuivis. Le seigneur est capturé, et le château est pris sans autre problème.

[modifier] Conséquence

L’une des choses que Simon de Montfort n’acceptait pas était le manquement à la parole donné. Raymond de Termes paye cher d’être revenu sur son engagement de se rendre et est jeté en prison à Carcassonne. Il y meurt trois ans plus tard.

La chute de Termes, après celle de Minerve, a un énorme retentissement en Occitanie et porta un rude coup à l’esprit de résistance cathare. L’obstination de Simon de Montfort devient légendaire, et il y gagne une réputation d’invincibilité. Les châteaux de Coustaussa et de Puivert se rendent immédiatement. Ensuite, Simon se rendit en Albigeois où la ville de Castres refait sa soumission. Dans le Razès, il ne reste plus que les châteaux de Lastours pour parfaire le contrôle des vicomtés Trencavel, mais Pierre Roger de Cabaret les livreront sans coup férir.

[modifier] Annexes

[modifier] Bibliographie

  • Gauthier Langlois, Olivier de Termes, le cathare et le croisé (vers 1200-1274), Éditions Privat, Toulouse, 2001, 288 p. (ISBN 2-7089-7520-X)
  • Dominique Paladilhe, Simon de Montfort, Librairie Académique Perrin, 1988 (réimpr. 1997), 324 p. (ISBN 2-262-01291-1), p. 125-133
  • Georges Bordonove, La Tragédie Cathare, Pygmalion – Gérard Watelet, coll. « Les Grandes Heures de l’Histoire de France », Paris, 1991, 462 p. (ISBN 2-85704-359-7), p. 193-198

[modifier] Notes et références

  1. Leur participation au siège de Minerve était principalement due à deux raisons : d’une part, il voulaient mettre fin au raid de Guilhem de Minerve contre les abords de Narbonne, d’autre part le siège et la prise de la cité mettait une rivale commerciale sur la touche
  2. Le siège de Minerve avait duré du 15 juin au 22 juillet 1210, soit 37 jours.
  3. le 3 avril 1211.
  4. galerie roulante en bois qui permet de s’approcher en sécurité du rempart.

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes