Service d'incendie et de secours de la ville de Genève

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Hommes du SIS déblayant une rue après une chute d'arbre.
Hommes du SIS déblayant une rue après une chute d'arbre.

Le service d'incendie et de secours de la ville de Genève (SIS) est le corps professionnel de sapeurs-pompiers de Genève (le plus grand de Suisse).

Sommaire

[modifier] Histoire

Dès la seconde moitié du XVIIIe siècle, une organisation bourgeoise hiérarchisée militairement, le Corps des pompes, était chargée de la lutte contre le feu et du sauvetage.

Au début du XIXe siècle, le procureur général de la République, Robert Céard, proposa de réorganiser cette institution. Après une quinzaine d'années de lutte pour imposer ses idées, il fut nommé en 1835 major et commandant du corps des sapeurs-pompiers de la ville de Genève. Mais quatre années lui furent encore nécessaires pour réaliser ses voeux. Le 5 juillet 1839, il devient lieutenant-colonel du corps. Enfin, le 29 mai 1840, il militarise le corps qui devient le Bataillon des sapeurs-pompiers de la ville de Genève et entre dans la milice genevoise.

Le 16 février 1825, le Conseil d'État rendait obligatoire, pour toutes les communes du canton, la constitution de compagnies de sapeurs-pompiers. De cette mesure découlait la nécessité de mettre en place un organe de contrôle, l'actuel Inspectorat cantonal du feu (ICF).

En 1842, le bataillon acquit son premier appareil respiratoire, l'appareil Paulin, entreposé au dépôt n°2 de la Corraterie.

En juin 1866, un arrêté du Conseil fédéral faisait entrer le bataillon dans l'armée fédérale comme bataillon de Landwehr 66. Le service d'arme fut supprimé en avril 1876.

En 1874, un groupe de commerçants du quartier de Saint-Gervais et de citoyens, constatant l'insuffisance des sauvetages et de l'organisation des premiers secours, fonda un corps civil volontaire destiné à seconder les sapeurs-pompiers et la police lors de sinistres : le Corps des sauveteurs auxiliaires. Aujourd'hui, le corps compte environ 150 membres dans quatre sections et dispose des deux véhicules César 71 et 72 stationnés dans les casernes 1 et 3 du SIS.

La nuit de Noël 1898, un incendie se déclara dans un laboratoire de mécanique de l'Université. Malheureusement, l'alarme des secours tardait. Des gendarmes tentaient de maîtriser le feu au moyen d'extincteurs avant d'aviser les sapeurs-pompiers, et parmi ceux-ci beaucoup pensaient que les cloches appelaient les fidèles à célébrer Noël ! Les dégâts furent considérables, le feu ayant atteint la bibliothèque. Cet évènement décida la Société genevoise d'utilité publique à lancer une pétition et une étude en vue de créer un poste permanent d'alarme du bataillon. L'essentiel de la demande se résumait ainsi :

  • avoir en permanence, sur chaque rive, une escouade de sapeurs-pompiers;
  • faciliter pour la population l'appel des secours;
  • améliorer le système d'alarme du bataillon.

Le coût de cette demande étant trop onéreux, une contre-proposition du conseil municipal et de la commission des pétitions fut acceptée. Cellle-ci proposait de mettre en place un poste permanent d'alarme, à titre d'essai pendant un an.

Au matin du 1er juillet 1899, le Poste Permanent d'alarme (PP) prit ses quartiers dans un petit local sis au rez-de-chaussée de l'Hôtel Municipal, au 4 de la rue de l'Hôtel-de-Ville. Il était composé des quatre premiers sapeurs-pompiers professionnels genevois :

Leur rôle était limité à effectuer une permanence téléphonique au numéro attribué, le 4000, et à alerter le bataillon. Par la suite, plutôt que de le faire à chaque fois, le PP se mit à effectuer quelques interventions sans gravité. En 1907, le PP a effectué 178 interventions avec un effectif de 5 hommes. Il déménagea en avril au 6 de la rue du Soleil-Levant.

En 1908, le Grand Conseil décida de désarmer le bataillon, qui reste néanmoins sous le contrôle du Département militaire jusqu'en 1966. Le major Shauenberg acquit les deux premiers appareils respiratoires à circuit fermé, de marque allemande Dräger.

Il fallut attendre 1916, pour voir arriver le premier véhicule automobile du bataillon, un taxi Picard et Pictet de 25 CV repêché dans le Rhône puis retapé.

En 1925, le chef de poste du PP, le capitaine William Keller, en succédant au major Muller, devint le premier commandant professionnel du bataillon. Celui-ci se restructura en décembre 1931, après la fusion des communes de Plainpalais, des Eaux-Vives et du Petit-Saconnex avec la ville, en 5 compagnies et un PP qui comptaient au total quelque 500 hommes. La 5e compagnie fusionne avec la 3e le 1er janvier 1949 et le bataillon compte alors 400 hommes.

En août 1929, le n°18 remplaça le 4000.

En 1930, le corps fit l'acquisition d'une tonne-pompe Schenk, ainsi que de nouveaux appareils respiratoires Dräger KG-130. Un an plus tard apparut la première échelle automobile, de marque Metz.

En 1957, le major Bertani inaugurait la caserne de la rue des Bains. Le Poste Permanent comptait alors 39 hommes qui effectuèrent 841 interventions. L'année suivante, une convention permettait l'intervention du Poste Permanent sur tout le territoire cantonal. En 1959, le corps professionnel abandonna le casque militaire, rejoint par les volontaires dix ans après.

Au cours des années soixante, le corps vit apparaître les premiers appareils respiratoires à circuit ouvert. Le parc débuta avec 10 Dräger PLA-8 bi-bouteilles, et atteint 130 exemplaires en 1982. Ceux-ci furent alors remplacés par 152 Dräger PA-80 mono-bouteille.

En avril 1966 ouvrait la première caserne secondaire (provisoire), diurne à la rue de Moillebeau, puis en 1971 définitive, rue des Aster . En 1973, la seconde ouvrit à la route de Frontenex.

En janvier 1974, le Poste Permanent devint le Service d'Incendie et de Secours. Dès lors, le corps professionnel a connu une forte modernisation et est devenu prépondérant dans la sécurité civile à Genève.

[modifier] Organisation

Le service fait partie de l'administration municipale de la ville de Genève. Il intervient donc principalement sur le territoire de la ville. Mais sur la base de conventions[1] et du règlement du Conseil d'État, le canton de Genève étant petit et confondu avec la ville, il intervient aussi dans l'ensemble du canton (bassin de 430 000 habitants). Il peut même intervenir en renfort des collègues de France voisine ou du canton de Vaud.

Le SIS est même plus qu'un corps professionnel. De par son état-major, c'est aussi l'organisme faîtier du bataillon des sapeurs-pompiers volontaires de la ville de Genève qui compte, outre le corps professionnel, 4 compagnies qui opèrent sur la ville, et des sauveteurs auxiliaires. En effet, le commandant du SIS est le commandant du bataillon, tandis que les compagnies volontaires sont dirigées par des capitaines.

Le SIS est appuyé, outre par le bataillon et les sauveteurs auxiliaires, par 44 compagnies communales de sapeurs-pompiers volontaires qui opèrent sur leurs communes respectives. Celles-ci sont indépendantes du SIS mais lui versent une contribution à concurrence de leur population, soit au total plus de 10 millions de francs par an. Le SIS fonctionnant avec une quarantaine de millions annuels, le reste est pris en charge par la ville. Le canton ne verse qu'une subvention d'environ 700 000 francs.

Le SIS intervient en premier échelon sur tout sinistre dans le canton. Néanmoins, le nouveau concept d'engagement sapeurs-pompiers XXI a quelque peu changé la donne. Depuis juin 2007, les compagnies communales peuvent intervenir en premier sur des sinistres de faible ampleur sur leur territoire et demander au SIS du renfort le cas échéant. Cette mesure vise à décharger le corps professionnel de certaines missions que les volontaires peuvent remplir et de contenir la hausse des participations financières, mais nécessite la mise sur pied d'équipes de piquet, engendre des coûts pour les communes et risque de nuire au recrutement déjà difficile.

L'organisation générale est fixée par la loi cantonale F 4 05 de 1990[2].

[modifier] Effectifs et moyens

Début 2008, 222 personnes composent le SIS, scindées en 5 sections d'intervention − dont une section sanitaire dévolue exclusivement au transport ambulancier − qui représentent environ 70% de l'effectif ; le reste est composé du personnel administratif et logistique.

Le service dispose de 84 véhicules terrestres, répartis dans 3 casernes, et de 4 bateaux dont 2 dans les casernes. Ceux-si se voient attribuer l'indicatif radio César, qui préfixe le numéro du véhicule dans les transmissions, conversations ou publications. Les casernes n°2 et 3 sont des casernes diurnes : elles ne sont exploitées que de 7h à 21h par une dizaine d'hommes chacune. La caserne 1, dite principale, est située sur la rive gauche du Rhône et exploitée en permanence par une vingtaine de sapeurs et assure donc les secours nocturnes sur tout le canton. Mis en place dans les années 70, ce dispositif ne permet plus d'assurer des temps d'intervention suffisamment courts. La construction d'une caserne permanente sur la rive droite est ainsi devenue une nécessité. Il est prévu de poser sa première pierre d'ici 2011.

Il existe trois principales filières pour le recrutement.

  • La filière sapeur-pompier permet d'incorporer une des 4 premières sections ;
  • la filière sapeur-sauveteur donne accès à la section sanitaire aux ambulanciers diplômés (elle était auparavant composée de sapeurs-pompiers devenus en plus ambulanciers) ;
  • la filière sapeur-opérateur permet d'intégrer la section transmissions, dévolue à la gestion de la Centrale d'engagement et de traitement des alarmes (CETA).

Le recrutement se fait en général tous les deux ans, à raison d'une douzaine d'aspirants à chaque école de formation. Celle-ci dure plus de 1300 heures, soit environ 8 mois et se complète par 10 mois de formation en section d'intervention.

[modifier] Statistiques

Année 1907 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006
Interventions 178 5369 5699 5875 7101 7106 8454 8718 9674 10 742 10 848 10 598

Elles se répartissaient en 2006 de la façon suivante :

  • 40,6% de sauvetages de personnes ;
  • 11,9% d'alarmes automatiques ;
  • 8,3% d'incendies ;
  • 7,7% de dépannages d'ascenceurs ;
  • 7,0% d'inondations ;
  • 6,5% de sauvetages d'animaux ;
  • 4,8% de fumées suspectes ;
  • 4,2% d'interventions diverses ;
  • 3,3% d'odeurs suspectes ;
  • 2,6% de matières dangereuses ;
  • 1,9% de prévention de chutes de matériaux ;
  • 0,8% de déblaiements.

Cela représente environ 30 interventions quotidiennes.

La brigade sanitaire du SIS assure environ 40% des transports ambulanciers du canton, le reste étant assuré par le Service de sécurité de l'aéroport (SSA) et les ambulanciers privés.

[modifier] Notes et références

  1. Convention F 4 10.03 relative à l’intervention du service d’incendie et de secours hors du territoire de la Ville de Genève et à sa collaboration avec le service de sécurité de l’aéroport international de Genève
  2. Loi F 4 05 sur la prévention des sinistres, l’organisation et l’intervention des sapeurs-pompiers

[modifier] Sources

  • Service d'Incendie et de Secours, 1990
  • Service d'Incendie ville de Genève, 1994
  • Les sapeurs-pompiers de la Ville de Genève... pour vous servir, 1998
  • Des femmes et des hommes au service des Genevois, 2003
  • Eric Bieri et Sami Michel, Face aux dangers, 1996
  • Bernard Gisiger et Francis Le Comte , Du 4000 au 118, 1990

[modifier] Liens internes

[modifier] Liens externes