Scanner coronaire

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Le Scanner coronaire, ou coro-CT, est un examen de tomodensitométrie permettant de visualiser les artères coronaires.

Sommaire

[modifier] Historique

Les premiers scanners n'étaient pas adaptés à l'exploration cardiaque : l'acquisition d'une simple coupe nécessitait plusieurs secondes ce qui est impraticable pour un organe mobile.

Dans les années 80, sont apparues les scanners à acquisition ultrarapide où une coupe pouvait être acquise en moins de 100 ms, rendant possible l'examen du cœur. La résolution restait cependant insuffisante pour examiner les artères coronaires (qui font de 1 à 3 mm de diamètre). Ces scanners ont alors été essentiellement utilisés pour l'estimation des calcifications de ces dernières, examen ne nécessitant pas d'injection. L'importance de celles-ci a été corrélée à la survenue d'accidents cardiaques.

[modifier] Technique

Il ne peut être fait qu'avec des scanners relativement récents, dits multi-barrettes (disponibles qu'à partir de 1999), permettant une acquisition simultanée sur plusieurs plans de coupe proches et une reconstruction tridimensionnelle de l'organe. Les premiers examens ont été faits au début des années 2000 avec les scanners 8 (image très médiocre dans ce cas) et 16 coupes. Les dernières générations de scanners permettent l'acquisition simultanée de 64 coupes.

Le cœur est un organe mobile (donc quadridimensionnelle : trois dimensions d'espace + temps) et son étude en une seule passe n'est pas possible techniquement. Plusieurs acquisitions calées sur le même moment du cycle cardiaque (défini par l'électrocardiogramme qui est mis en place systématiquement pour chaque examen) sont donc nécessaires. Cela impose un rythme cardiaque pas trop rapide, qu'on peut ralentir artificiellement par l'injection de bêta-bloquants, ainsi qu'une régularité du cycle cardiaque (examen trop imprécis en cas de cœur irrégulier ou arythmie).

L'examen nécessite l'injection d'un produit de contraste iodé ((Injection de 40 à 90 cm³ d'iode) avec les contre-indications de ce dernier (insuffisance rénale, allergie). Le lieu de l'injection, simple veine du bras, le distingue de la coronarographie qui nécessite une ponction d'une artère et la montée de guides, cathéters jusqu'au niveau du cœur.

L'acquisition des images nécessite une immobilité absolue (donc une apnée) de l'ordre d'une dizaine de secondes. Elle permet l'acquisition de plusieurs centaines de coupes du cœur.

L'examen peut être fait en ambulatoire (c'est-à-dire sans hospitalisation) et le patient doit être à jeun.

Cet examen n'est pas réalisable chez tous les patients, des calcifications trop importantes, irrégularités de rythme ou encore une impossibilité pour le patient de rester immobile et en apnée rendent l'examen ininterprétable.

L'irradiation est de l'ordre de 1,5 à 15 mSv, suivant le protocole utilisé et la génération du scanner (elle est supérieure avec les scanners de dernière génération, à 64 coupes simultanées[1]). Celle ci peut être sensiblement diminuée en réduisant l'intensité du rayonnement durant la systole (temps du cycle cardiaque où la définition tridimensionnelle est de moindre importance puisque les artères coronaires sont essentiellement visualisées en diastole, lorsque les ventricules sont les plus remplis)[2].

[modifier] Résultats

On obtient plusieurs milliers de coupes transversales de la cage thoracique (pour un scanner 64 coupes) à différents moments du cycle cardiaque. Les images sont regroupées tous les 10% de ce dernier afin d'obtenir une reconstruction (une dizaine par cycle).

Un traitement informatique permet d'obtenir une reconstitution tridimensionnelle du cœur que le manipulateur peut bouger dans l'espace, grâce au logiciel. Des techniques de colorisation permettent de mieux voir les coronaires.

Un second traitement informatique de l'image permet d'aplanir chaque coronaire, dont le trajet est normalement tortueux et dont l'intégralité ne peut être visualiser dans un seul plan de coupe. Par cette méthode, la coronaire, en particulier son calibre et la présence ou l'absence de rétrécissement (sténose), peut être analysé sur une seule image.

Le contenu en calcium de l'artère peut être évalué (score calcique). Il faut noter que si cette dernière est trop importante, l'image sous-jacente se dégrade rendant difficile l'analyse de son calibre.

Le volume ventriculaire peut être évaluer en systole et en diastole permettant de calculer la fraction d'éjection, indice important témoin de la qualité du muscle cardiaque.

Les autres structures thoraciques peuvent être également analysées.

[modifier] Place par rapport à la coronarographie

L'examen de référence pour visualiser les coronaires reste la coronarographie. Il s'agit d'un examen invasif nécessitant une hospitalisation en service spécialisé et une ponction artérielle avec montée de sonde sous scopie. En contrepartie, il permet parfois de traiter dans le même temps le rétrécissement de l'artère coronaire détecté par une angioplastie.

Le scanner cardiaque est un examen relativement simple, indolore, peu dangereux si on respecte les contre-indications. Les doses de rayons X font qu'il ne peut être répété facilement : il nécessite une irradiation substantielle du patient en terme de Rayons X, nettement plus importante qu'une simple radiographie, ou même qu'une coronarographie simple, entraînant un risque modéré mais quantifiable de survenue d'un cancer[3]. Il permet d'éviter la coronarographie s'il démontre l'absence de lésion significative sur les artères coronaires (haute valeur prédictive négative, proche de 96%). Sa spécificité est cependant plus faible (75% en prenant la coronarographie comme examen de référence)[4]. Elle ne permet naturellement pas de traiter les lésions détectées. Il permettrait de détecter certaines lésions ne déformant pas la lumière (l'intérieur) d'une artère comme les plaques molles. Son utilisation dans la visualisation des pontages aorto-coronariens a été validée. L'évaluation de la perméabilité des stents (petits ressorts métalliques posés lors d'une angioplastie pour éviter la resténose) reste difficile à évaluer, le métal entraînant de nombreux artéfacts réduisant la qualité de l'image : seuls les stents suffisamment grands peuvent être visualisés correctement[5].

[modifier] Notes et références

  1. Einstein AJ, Moser KW, Thompson RC, Cerqueira MD, Henzlova MJ, Radiation dose to patients from cardiac diagnostic imaging, Circulation, 2007;116:1290-1305
  2. (en)Radiation dose estimates from cardiac multislice computed tomography in daily practice, Jörg Hausleiter, Tanja Meyer, Martin Hadamitzky, Ester Huber; Maria Zankl, Stefan Martinoff, Adnan Kastrati, Albert Schömig, Circulation. 2006;113:1305-1310.
  3. Einstein AJ, Henzlova MJ, Rajagopalan S, Estimating risk of cancer associated with radiation exposure from 64-Slice computed tomography coronary angiography, JAMA, 2007;298:317-323
  4. (en)Diagnostic Performance of Multislice Spiral Computed Tomography of Coronary Arteries as Compared With Conventional Invasive Coronary Angiography, A Meta-Analysis (abstract en ligne), Michèle Hamon, Giuseppe G. L. Biondi-Zoccai, Patrizia Malagutti, Pierfrancesco Agostoni, Rémy Morello, Marco Valgimigli, Martial Hamon, J Am Coll Cardiol 2006;48:1896 –1910
  5. (en)Assessment of coronary artery stents by 16 slice computed tomography , M Gilard1, J C Cornily1, P Y Pennec1, G Le Ga, M Nonent3, J Mansourati1, J J Blanc, J Boschat, Heart 2006;92:58-61.