Sauvons l'Europe

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Le mouvement « Sauvons l’Europe » a été créé en juin 2005 par des militants associatifs et politiques français en réaction au rejet par referendum en France et aux Pays-Bas du Traité établissant une Constitution pour l'Europe .

Il appelle à la création « d’un nouveau projet européen pour éviter que l’Union ne se dissolve dans une grande zone de libre échange ». Ce mouvement demande également « aux parlements européens et nationaux, aux diverses forces politiques et aux principales forces de la société civile, en premier lieu les partenaires sociaux, de proposer des formes d’intégration politique, économique et sociale, et des orientations politiques structurelles communes ».

Les premières rencontres fondatrices du mouvement ont eu lieu les 1er et 2 octobre 2005 à Rennes.

L’appel lancé par « Sauvons l’Europe » a recueilli plus de 4000 signatures individuelles. Parmi les premiers signataires, on trouve principalement des responsables politiques (Élisabeth Guigou, Daniel Cohn-Bendit, Olivier Duhamel, Harlem Désir,…), syndicaux, associatifs, intellectuels de la gauche pro-européenne. Sauvons l'Europe rassemble aussi des organisations membres, comme la CFDT.

En interne, le mouvement se structure en collectifs locaux et régionaux.

Dans le cadre de la campagne présidentielle française de 2007, il lance un appel aux candidats pour qu'ils replacent l'Europe au cœur de la campagne présidentielle, il participe à l'organisation des États généraux de l'Europe, le 17 mars 2007, à Lille, destinés à faire le point sur la prochaine politique européenne de la France.

La veille du sommet de Bruxelles et de l'accord intergouvernemental sur le Traité simplifié devant succéder à la défunte Constitution, Sauvons l'Europe publiait dans les colonnes d'Ouest-France une tribune signée par de nombreuses personnalités de gauche et du centre, de France et d'Europe, afin de définir les aspects de la Constitution à sanctuariser, ceux devant figurer dans le nouveau projet de traité et en particulier la charte des droits fondamentaux. Extrait du texte : Les signataires entendent "préserver l’essentiel de la première partie du projet de Traité Constitutionnel qui établit les valeurs et les objectifs de l’Union, définit ses compétences, et apporte les innovations institutionnelles qui permettront à l’Union de fonctionner d’une manière plus efficace, plus démocratique et plus transparente. Ils rappellent en particulier leur attachement : à l’élection d’un Président du Conseil européen qui n’exerce aucun mandat national, à l’élection du président de la Commission européenne par le Parlement européen, à la nomination d’un ministre des Affaires étrangères de l’Union, à des procédures qui autorisent des majorités qualifiées.

Ils soulignent la nécessité, pour surmonter la rupture entre l’Europe et les citoyens, de renforcer le rôle des parlements nationaux et du Parlement européen, et de permettre l’exercice d’un véritable droit d’initiative populaire.

Ils tiennent à ce que la Charte des droits fondamentaux, adoptée à Nice, reprise dans la deuxième partie du projet de Traité constitutionnel, soit intégrée dans le traité simplifié à venir afin de conférer à ce nouveau pas de l’Europe sociale une force juridique contraignante dans tous les Etats de l’Union.

Ils rappellent leur attachement aux clauses sociales, de non discrimination, de protection de l’environnement et des consommateurs, de respect de la diversité, applicables à toutes les politiques de l’Union ainsi qu’à un statut juridique spécifique pour les Services d’Intérêt Economique Général. Tout ceci est contenu dans la troisième partie du projet de Traité constitutionnel."



[modifier] Profession de foi du mouvement Sauvons l'Europe :

La construction européenne est la grande question politique d’aujourd’hui.


Chaque jour, l’Europe, un modèle de développement et de civilisation unique, se défait un peu plus, à une vitesse stupéfiante : les opinions publiques des divers Etats manifestent scepticisme ou angoisse. Les outils collectifs forgés hier pour construire l’Europe d’aujourd’hui sont aussi touchés : le rejet du traité constitutionnel, l’absence de perspectives sérieuses sur l’augmentation du budget de l’Union font peser un sérieux risque sur les politiques communes. Les dirigeants européens n’offrent ni alternative, ni dynamique nouvelle, sauf un traité simplifié qui, s’il arrange la machinerie communautaire, ne dessine pas vraiment d’horizon.

L’Europe traverse une crise majeure, la plus grave depuis le début de la construction européenne. Son affaiblissement signifie un désordre accru de la mondialisation, avec toutes ses conséquences pour les pays les plus pauvres, les équilibres humains et écologiques de la planète. Il nous faut d’urgence inventer un nouveau projet européen pour éviter que l’Union ne se dissolve dans une grande zone de libre échange. L’Europe est plus que jamais nécessaire pour défendre nos valeurs et offrir au monde un modèle international de développement dans un monde instable et dangereux. Nous voulons que l’Europe politique devienne réalité et s’ouvre aux peuples d'Europe qui aspirent à nous rejoindre.

Il nous faut prendre acte de l’euroscepticisme, en analyser les raisons multiples. Il en émerge à la fois des aspirations souverainistes et protectionnistes, la peur de l’avenir mêlée à une aspiration à davantage d’Europe, notamment sociale. Cependant, l’exigence d’un toit politique pour l’Europe, préalable à tout approfondissement social, demeure.

Sauvons l’Europe s’est constitué au lendemain du rejet par une majorité d’électeurs français du projet de traité constitutionnel européen. Partisans résolus de ce traité, notre choix ne revient ni à recommencer indéfiniment la campagne référendaire, ni à nous réfugier dans un européisme exalté, attentiste et revanchard. Pour autant, pas question pour nous de minimiser la fracture qui s’est révélée à cette occasion dans l’électorat et parmi les responsables politiques français et de considérer ce vote comme une péripétie négligeable dont les conséquences seraient aujourd’hui obsolètes. A ceux que le populisme obsède au point de leur servir de grille d’analyse et qui voient dans ce refus la saine réaction de la France d’en bas face aux nantis, nous objectons que cette fracture a davantage opposé des tempéraments et des attitudes, les partisans de l’ouverture à ceux du repli, les pragmatiques et les dogmatiques, les tenants de l’espoir aux reclus de la crainte, tout cela relayé par la confusion de ceux qui au nom d’un autre monde ne veulent pas d’une nouvelle Europe. Ces lignes ne sont certes pas intangibles ni définitives. Un temps effacées par les passions d’une campagne présidentielle lamentablement franco-française, on les retrouve, inconscientes et à peine déplacées sur de nombreuses autres questions politiques et sociales. Elles pèsent et continueront de peser lourd dans l’avenir politique de notre pays. La question européenne mérite désormais de trahir l’adage de la sagesse politique : n’en parler jamais, y penser toujours.

Sauvons l’Europe entend développer les idées de gauche sur trois chantiers : bâtir une Europe politisée, européaniser la pensée politique et demeurer fidèle à la méthode communautaire originelle.

a) Bâtir une Europe politisée Il y a l’Europe politique, celle des conférences intergouvernementales et des institutions communautaires. Nous devons leur ajouter une Europe politisée, celle qui se décline dans le débat politique des citoyens, relevant de leur mobilisation critique, de leur intervention démocratique à tous les niveaux et de leur volonté de le défendre. La France palpite au clivage droite-gauche et… au fond ce n’est pas plus mal ! L’Europe a besoin de mettre davantage en évidence ce clivage fondateur des sociétés modernes, même si, heureusement, il n’en reprendra pas les caractéristiques françaises. Il doit exister un projet politique européen de droite et son pendant de gauche. Ensuite viendra le temps des compromis. L’Europe donne actuellement trop le sentiment que, comme l’affirmait Mme Thatcher, « there is no alternative ». L’Europe a emprunté à la philosophie démocrate-chrétienne un art consommé du consensus. Or, c’est aujourd’hui une erreur de confondre le consensus qui ne fait pas de politique et le compromis qui en fait. Il faut politiser l’Europe. Européens de gauche de tous les pays, unissez-vous !

b) Européaniser la pensée politique La gauche doit européaniser toute sa pensée et ne plus en faire un sujet à part, bon pour les cours d’éducation civique ou les jumelages folklorisés. La prétendue obsolescence de la pensée de gauche ne vient pas de ses valeurs mais de leur champ de pertinence étroitement national. La liberté dans l’égalité n’est plus pensable ailleurs que dans la cadre européen, ou au delà encore, sauf à sombrer dans la démagogie. Européaniser la pensée de la gauche, c’est se défaire d’une conception spécialisée de l’Union européenne. Européaniser la pensée de gauche, ce n’est pas que parler d’agriculture, de qualité de l’eau, de recherche, d’Airbus ou de Galiléo sous prétexte que ce serait des domaines de compétence communautaire. Européaniser la pensée de gauche, c’est au contraire associer la dimension européenne à chacun des attendus du débat public et des priorités de la gauche. Européaniser la pensée de gauche, c’est surtout, et ce qui fera difficulté en France, quitter les habits de l’idéologie pour épouser ceux d’un socialisme qui assume l’économie sociale de marché. Le compromis que nous défendons n’est pas la compromission.

c) Demeurer fidèle à la méthode communautaire originelle La gauche succombe volontiers aux délices institutionnels, magistraux et idéologiques. On sait ce qu’il en fut pour l’Union européenne quand elle abandonna un temps les petits pas chers à Maurice Schuman pour écrire presqu’ex nihilo son radieux avenir constitutionnel. On croyait le continent mûr, il ne l’était manifestement pas. Aux grandes spéculations politiques, nous préférons la méthode communautaire éprouvée depuis la déclaration fondatrice du 9 mai 1950 : « L’Europe ne se fera pas d’un coup, ni dans une construction d’ensemble : elle se fera par des réalisations concrètes, créant d’abord une solidarité de fait. » C’est la raison pour laquelle Sauvons l’Europe travaille actuellement à imaginer la faisabilité d’un bouclier social européen et d’un organisme chargé de réguler le football continental : Eurofoot. La gauche ne sera crédible en Europe qu’à la condition de démontrer très concrètement aux citoyens que leur existence est meilleure avec l’Europe que sans et que ça se voit.

Résolument hostile aux dérives technocratiques et exclusivement mercantilistes de l’Europe, Sauvons l’Europe se refuse pourtant de confondre le projet européen avec ces dérives.

L’Europe souffre avant tout de ne pas être perçue comme un enjeu politique essentiel à notre vie quotidienne, un espace démocratique de débat et de confrontations, un objet de mobilisation. Nous nous efforçons donc de porter la question européenne en soutenant ou en favorisant les initiatives citoyennes, en liaison avec les parlementaires européens et nationaux et surtout, avec la société civile organisée.

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