Sault-au-Matelot

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Le fief du Sault-au-Matelot fut la toute première seigneurie concédée au Canada.

Il fut concédée le samedi 4 février 1623 à Louis Hébert par le duc Henri II de Montmorency, vice-roi de la Nouvelle-France. Ce fut ainsi l'une des trois seules seigneuries concédées avant que le développement de la colonie soit confié, en 1627, à la Compagnie de la Nouvelle-France[1]. Il comprenait une partie de l'actuelle ville de Québec, entre le fleuve Saint-Laurent et la rivière Saint-Charles.

Les lettres de concession émises en 1623 par le duc de Montmorency n'ont pas subsisté, mais la confirmation s'en trouve dans l'acte de concession accordé à Louis Hébert le 28 février 1626 par Henry de Levy, duc de Ventadour, lequel avait succédé en 1625 au duc de Montmorency en tant que vice-roi de la Nouvelle-France. L'acte de 1626 signé par le duc de Ventadour donne la description suivante des terres concédées :

« (...) Nous, pour les considérations sus-alleguées et pour encourager ceux qui desireront cy après peupler et habiter le dit pais de Canada, avons donné, ratiffié et confirmé, donnons, ratiffions et confirmons au susdit Louis Hébert et ses sucesseurs et héritiers et suivant le pouvoir à nous octroyé par Sa Majesté toutes les susdites terres labourables et deffrichées et comprises dans l'enclos du dit Hébert ensemble la maison et batimens ansy que le tout s'estend et comporte au dit lieu de Québec sur la grande rivière ou fleuve de St Laurens pour en jouir en fief noble par luy ses héritiers et ayant cause à l'avenir comme de son propre et loyal acquest et en disposer pleinement et paisiblement comme il verra bon estre, le tout relevant du fort et chateau de Québec aux charges et conditions qui lui seront cy après par nous imposées et pour les mêmes considérations, avons de plus fait don au dit Hébert et à ses successeurs, hoirs et héritiers de lestendue d'une lieue françoise de terre située proche le dit Québec sur la rivière saint Charles qui a été bornée et limitée par les sieurs de Champlain et de Caen pour les posséder, deffricher, cultiver et habiter ainsy quil jugera bon estre aux mêmes conditions de la première donation (...) »[2]

Les terres de Louis Hébert correspondaient à ce qui est aujourd'hui la partie nord de la haute-ville du Vieux-Québec ainsi qu'au quartier du Vieux-port dans la basse-ville.

Louis-Hébert décède en 1627 et, le 15 septembre 1634, le fief du Sault-au-Matelot est partagé entre ses héritiers : sa veuve Marie Rollet, son fils Guillaume Hébert et sa fille Guillemette Hébert, épouse de Guillaume Couillard.

En 1663, François de Laval, vicaire apostolique de la Nouvelle-France, installe le Séminaire de Québec sur les terres du fief du Sault-au-Matelot. Le 10 avril 1666, il achète la part du fief appartenent à Guillemette Hébert Couillard. Le 12 avril 1680, monseigneur de Laval cède tous ses biens, dont le fief du Sault-au-Matelot, au Séminaire de Québec.

Sault-au-Matelot est aussi le nom de l'une des plus anciennes rues de Québec[3].

Le quartier du Sault-au-Matelot est l'un des endroits par lesquels les troupes américaines tentèrent de pénétrer dans Québec et où les combats eurent lieu en 1775 lors de la guerre d'indépendance des États-Unis.

[modifier] Notes

  1. Les deux autres seigneuries concédées par les vice-rois avant 1627 furent la seigneurie et baronnie du Cap Tourmente, concédée à Guillaume de Caen en 1624, et la seigneurie de Notre-Dame-des-Anges, concédée aux Jésuites le 10 mars 1626.
  2. Titres des Seigneuries. Cité dans Heneker, Dorothy A., The Seigniorial Regime in Canada, 1927, pp. 40 à 43.
  3. Jean Poirier. Noms de rues de Québec au XVIIe siècle, origine et histoire. Commission de toponymie du Québec, Dossiers toponymiques, 27 (2000), passim.

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