Salvatore Giuliano

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Salvatore Giulano (16 novembre 1922 - 4 juillet 1950), était un mafieux italien. La libération de la Sicile par les Américains, à la suite de la Seconde Guerre mondiale, sema un vent de séparatisme dans l’esprit des Siciliens. Leur nouveau gouvernement était, pour eux, plus loin que jamais de leur réalité quotidienne. Après le M.I.S, c’est en l’EVIS (Esercito volontario idipendentista siciliano) qu’allait matérialiser cette volonté d’indépendance vis-à-vis de l’Italie. C’est pour accroître leurs moyens militaires que les chefs de l’EVIS conçurent le projet de recourir aux bandes de brigands. Le 15 mai 1945, Attilio Castrogiovanni, le responsable de l’armée séparatiste à Palerme, rencontre Salvatore Giuliano.

La carrière de bandit de ce dernier avait commencé lorsque le 2 septembre 1943, surpris en flagrant délit de marché noir, il tua un carabinier. À partir de ce moment, il forme une bande de brigands, se servant des montagnes entourant son village natal de Montelepre comme quartier général. Bien que son cheminement, jusque-là, ressemble à ceux de tous bandits siciliens de l’époque, c’est son audace provocatrice, son engagement politique et sa maîtrise spectaculaire des opérations de guérilla qui font de lui un véritable phénomène. Embuscade en plein jour, attaques de casernes de carabiniers – prenant le temps de soigner sa popularité par quelques gestes généreux auprès des paysans –, il se révèle un vrai Robin des Bois sicilien. Ses faits d’armes lui valent, non seulement une grande réputation et une énorme prime de 800 000 lires sur sa tête, mais aussi d’attirer l’attention de la Mafia dans la région de Palerme.

Les faits qui poussent Giuliano à rejoindre les troupes de l’EVIS sont mystérieux : peut-être est-il manipulé par la Mafia ou encore peut-être espère-t-il qu’un gouvernement sicilien souverain fermera les yeux sur ses crimes. Il ne fait aucun doute qu’à l’époque, la Mafia appuie les mouvements séparatistes car ils défendent les mêmes intérêts, ceux des bénéficiaires d'une économie basée sur le latifundium.

Le 1er mai 1947, les hommes de Giuliano ouvrent le feu à Portella della Ginestra sur des manifestants socialistes ayant organisé un rassemblement populaire en l’honneur de la fête du travail. Onze participants sont tués, de nombreux autres blessés. Giuliano revendique l’attentat et se positionne contre le communisme. Il est fort probable qu’encore là, la Mafia ait utilisé Giuliano pour contrer la montée en puissance des socialistes. Il va sans dire que le crime organisé ne fait pas bon ménage avec l’idéal communiste de la suppression des classes sociales.

Salvatore Giuliano est assassiné dans la nuit du 4 juillet 1950, à Castelvetrano, grâce à la trahison de Gaspare Pisciotta, son ami de toujours, bras droit et jusque-là fidèle compagnon d’armes. Il est fort probable que la police, de concert avec la Mafia, ait estimé que Giuliano était devenu indésirable et ait préparé cet attentat. D’ailleurs, un chef du crime organisé émettra ce commentaire lapidaire : « Les citrons, on les presse, puis ensuite on les jette ». Le 9 février 1954, Gaspare Pisciotta, détenu à la prison de l’Ucciardone, est réduit à l’éternelle omertà, quand on empoisonne son café. On vient de le jeter, lui aussi.