Salope

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« Salope » est un terme argotique et très péjoratif de la langue française appliqué d'une manière générale aux femmes.

Différents sens

Le terme de salope désigné était à l'origine synonyme de saleté. Il ne revêt aujourd'hui que la notion de femme sexuellement « facile », dévergondée ou débauchée, ainsi que d'autres notions apparentées. Le mot peut être employé soit de façon sexiste ou injurieuse, soit de façon ludique dans diverses pratiques sexuelles de marge, telles qu'on peut les trouver dans les milieux sado-masochistes, échangistes et libertins où le terme exprime fréquemment la soumission de la ou du partenaire ainsi nommé.

Le mot salope peut aussi désigner non seulement une femme méprisable, mais aussi une femme sans scrupule, aux mœurs corrompues, prête à tout pour réussir. Enfin, le terme de salope peut s'appliquer aux hommes, toujours de manière argotique et péjorative, pour insulter ou décrire un individu ne respectant aucune loi ou aucun code, dans les polars notamment. Cette dernière utilisation est par exemple illustrée dans un roman de San-Antonio : « Cette belle salope de Frederic Hanauer nous avait tous balancés. »

Le mot « salope », employé au masculin, est en outre un terme technique ancien qui désignait un coussinet de tissu enduit de suif, destiné à graisser les fers à repasser, en chapellerie[1]. Par ailleurs, dans le domaine de la marine, une marie-salope est un petit bâtiment d'une construction particulière, destiné à draguer et à porter, à une certaine distance des ports, les vases et les sables qui les obstruent.

Étymologie et histoire

L'origine du mot « salope » reste incertaine. Même s'il apparaît clairement que le mot fut employé, dès le début du XVIIe siècle, pour désigner des personnes sales et malpropres, l'origine étymologique du mot est plus trouble.

La première trace écrite du mot remonte à 1607, sous la forme de « salouppe », adjectif désignant l'extrême saleté, dans un texte tiré des Œuvres satyriques de Charles-Timoléon de Sigogne [2] :

« Or, laissons paistre ceste trouppe [de poux],
Garnison du pauvre salouppe,
En ce vieux haillon de pourpoint »

Il serait probablement composé de la juxtaposition des mots « sale » et « hoppe », forme lorraine de « huppe ». La huppe ayant en effet la réputation d'être un oiseau sale, du fait de la forte odeur se dégageant de son nid, cet oiseau est dans la langue française synonyme de saleté, comme en témoigne le proverbe « sale comme une huppe », qui donne en lorrain « sale comme une hoppe ».

Le mot « salope » n'est pas, étymologiquement parlant, le féminin du mot « salaud », mais c'est le mot « salaud », autrefois orthographié sous la forme de « salop », qui serait une réfection masculine de « salope » (c'est-à-dire une modification de forme linguistique guidée par l'usage). En effet, le mot « salaude » (qui ne s'emploie plus aujourd'hui) apparaît, en tant qu'adjectif, au XIIIe siècle, pour désigner une personne très sale [3], mais le substantif salaud, sous sa forme masculine, n'apparaît pas avant la fin du XIXe siècle [4].

Notes et références

wikt:

Voir « salope » sur le Wiktionnaire.

  1. Le Grand Robert de la langue française, 1989
  2. Le Pourpoint, Œuvres satyriques, Sigogne (Bibl. des curieux), cité dans Datations et documents lexicographiques, tome 19
  3. Texte de Provins, cité dans Le Génie de la langue française, Albert Dauzat, 1943
  4. Émile Zola, cité dans le Dictionnaire de l'Académie française, 1885