Discuter:Sémiologie de la musique

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Votre article m'apparaît comme étant relativement bien écrit, mais ne tient à mon sens pas suffisamment compte de certains développements ayant été observés dans le domaine de la sémiologie musicale depuis les premiers travaux de Nattiez (d'ailleurs, il serait bien de trouver une bibliographie où l'ouvrage Musicologie générale et sémiologie, où sa théorie est présentée de manière détaillée et claire, ou, du moins, certains articles du second volume de l'encyclopédie dirigée par Nattiez encore où il est question de sémiologie).

Parmi ces développements, je pense aux travaux du musicologue François Delalande qui, dans son étude des musiques électroacoustiques, développe l'idée d'unités sémiotiques temporelles à même de rendre compte de la manière avec laquelle une musique se doit d'être perçue, c'est-à-dire, non pas dans sa décomposition en fragments minuscules dont le but est d'établir des relations, mais bien comme oeuvre se développement selon une certaine unité temporelle sur le fond de laquelle des événements se succèdent. Cette théorie de Delalande permet d'inclure dans la sémiologie musicale le fait que toute musique se déroule dans le temps.

De plus, je suggérerais d'inclure une discussion sur la sémantique psychologique de la musique, notamment celle développée par le psychologue Michel Imberty. L'intérêt d'Imberty repose sur le fait que ce dernier développe des outils et méthodes permettant d'aborder le pôle esthésique des phénomènes musicaux en mettant celui-ci en relation avec le pôle immanent (immanent étant le terme qu'utilise désormais Nattiez pour qualifier le niveau neutre) et même, un peu, le pôle poïétique. En effet, Imberty cherche à comprendre ce qui dans la perception d'une oeuvre en particulier renvoie à des contenus sémantiques particuliers (il fait le lien entre la théorie des schèmes de Piaget et la structure temporelle de la musique). Des corrélations ayant été établies entre la musique et le contenu qu'elle dévoile dans la perception, il analyse les intentions possibles (conscientes et inconscientes) du compositeur, ce qui lui permet également de mettre en relation les trois pôles de la tripartition de Nattiez en y incluant la dimension sémantique. Ce faisant, c'est à une explication de l'expressivité et de la communication musicales qu'Imberty en arrive.

Finalement, je vous renvoie aux travaux du musicologue de la musique populaire Philip Tagg qui développe dans son ouvrage Kojak: 50 Seconds of Television Music (MMM Scolar's Press, 1979, 2000) un des modèles d'analyse sémiologique les plus intéressants. Tagg inclut dans la tripartition de Nattiez à la fois les normes culturelles, les codes musicaux, les valeurs morales et esthétiques, les idéologies, etc., afin d'expliquer le fonctionnement de la communication musicale et les problèmes d'interférence et d'incompétence codale. Un texte assez bien détaillé se trouve sur le site web de Tagg (http://tagg.org/xpdfs/semiotug.pdf) où il développe également une typologie générale de plusieurs des signes musicaux que l'on retrouve particulièrement dans les musiques populaires, mais également dans d'autres musiques. D'ailleurs Tagg développe la notion de musème (qu'il emprunte à l'ethnomusicologue Charles Seeger) comme équivalent musical du phonème.

Ces références incluses, cet article, déjà pas mal, deviendrait une référence encore plus solide pour les lecteurs de Wikipédia s'intéressant à la sémiologie musicale.

Mingus k 24 février 2007 à 08:44 (CET)

Je dirais les choses comme celà : [La musique est au fond très subjective et chacun pourrait en donner une définition en fonction de ses représentations, de son histoire et du rapport qu’il a avec elle. En musique, le matériau de base est le son ou plutôt comme l’annonce Pierre Schaeffer plus largement, l’objet sonore. Ce matériau n’est pas palpable, pas factuel et pourtant sur un synchronisme de temps s’organise pour donner naissance à un discours doué d’émotion. Ce discours une fois entendu est éphémère. Il se joue du temps qui passe et abandonne immédiatement au passé le moment présent. La musique passe par le sens de l’ouie ce qui lui confère une place singulière. Notre audition a le privilège de disposer d’une mémoire dans laquelle les stimuli peuvent être organisés et peuvent restituer des thèmes musicaux sans erreur. Bien évidemment l’imprégnation et l’appropriation du thème musical est nécessaire pour que ce processus fonctionne. C’est par ce processus liant mémoire et construction identitaire que les personnes âgées dans une pathologie de démence se souviennent des airs connus dans leur jeune âge qu’elles prennent plaisir à fredonner. Cette musique fait donc partie intrinsèquement de notre psyché et est ancrée tout comme notre langue maternelle. Cette place qu’a la musique n’est pas loin de celle du langage qui vient aussi à nos oreilles qui servent de réceptacle. Pourtant, nous ne nous comprenons pas en musique. Le langage, essence de la communication interpersonnelle est définit comme un code permettant l’expression de la pensée et capable de traiter des représentations mentales. Ces codes pourvus de signifiants offrent des représentations symboliques collectives. Ils sont le moyen de mettre en « forme » notre pensée sous leurs aspects signifiants et sémantiques. La musique, elle, est une forme d’expression non verbale qui lui confère toute sa subjectivité. Les codes sémantiques quelle peut suggérer ne sont pas en adéquation avec la pensée concrète et ne peuvent donc pas s’identifier à un langage au sens de la langue de communication. Malgré tout ce langage non verbal subjectif n’est pas anodin dans sa forme et transmet des codes en fonction des appropriations que l’on peut en faire. Par exemple, la musique militaire, les requiems, la musique sacrée.. transmettent un certain sens à la musique. Imaginez vous danser sur de la musique sacrée ou assister à un enterrement sur de la musique techno. Pourquoi pas me direz vous, mais les repères paradigmatiques d’une part et le rapport à nos habitus d’autre part, laisse à croire que l’ordre des choses ne peut être manié à notre guise.] Pascal COLPO Belfort France Musi Campus

Toute ces idées me paraissent très bonnes. L'article n'est à personne. Ne te gêne pas pour développer. Mais ce que je dis sur Nattiez me paraît le minimum acceptable. Quant aux UST elles sont très à la mode au MIM de Marseille. A voir si ça a vraiment sa place ici.

--Lucronde 24 février 2007 à 19:21 (CET)