Rue de l'Échiquier

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

La rue de l'Échiquier est une rue du 10e arrondissement de Paris, parallèle au boulevard de Bonne-Nouvelle, au sud, et à la rue d'Enghien, au nord. Elle prolonge la rue de Metz, à l'Ouest, à partir du Faubourg Saint-Denis, croise perpendiculairement la rue de Mazagran et la rue de Hauteville et débouche, à l'est, sur la rue Bergère en finissant au Faubourg Poissonnière.

[modifier] historique

Le nom découle de celui de l'enseigne d'une maison de commerce proche d'un domaine de religieuses, les Filles-Dieu, sise à proximité de la porte Saint-Denis. L'enseigne subsista au moins jusqu'en 1779.

Selon Théophile Lavallée (1804-1865), auteur de l'Histoire de Paris depuis le temps des Gaulois jusqu'à nos jours, « les rues de l'Échiquier, d'Enghien, Hauteville, ont été ouvertes en 1772 sur l'emplacement de l'ancienne couture (Ndlr. atelier de couture) des Filles-Dieu. La première a pris son nom d'une maison qui était le chef-lieu de cette communauté. Au nº 29 est mort Casimir Delavigne; au nº 35 a demeuré l'abbé ou baron Louis, ministre des finances en 1814 et en 1830. »

Édouard Fournier, auteur d'Énigmes des rues de Paris précise que « le nom de l’Échiquier ne resta pas à la partie des dépendances du couvent des Filles-Dieu qui était intra muros mais à celles du dehors, sur le terrain desquelles on perça les rues (…). Un grand pavillon, sorte de petit château, avec grands jardins, s’appelait notamment ainsi. Il fut plus tard la propriété du fameux fabricant de fleurs Wenzell, qui donna de grandes fêtes (…) au nº 36 » (ces fêtes étaient dénommées les balladères). Édouard Fournier indique que le percement des rues avait été confié à l’entrepreneur royal Claude-Martin Goupy.

Honoré de Balzac cite la rue et le café dit de l'Échiquier à diverses reprises dans la Comédie humaine, notamment dans Un Début dans la vie, (et il mentionne un autre établissement, le Lion-d'Argent). Il semble que ce café se soit situé à l'actuel emplacement du café Le Mistral (anciennement Au Carrefour, soit de la rue de l'Échiquier et de la rue de Hauteville) ou à celui de l'un de ses vis-à-vis.

Gustave Flaubert signale la rue (ainsi « sous le Directoire, un homme, rue de l'Échiquier montrait les victimes de la Terreur. Les exemples de Revenants sont innombrables. Que ce soit une apparence, qu'importe ! il s'agit de la produire, ») par la voix de Pécuchet dans son ouvrage Bouvard et Pécuchet.

Hector Malot y situe l'un des personnages de Corysandre, Daniel Layton, au 45.

En 1833, Juliette Drouet, maîtresse de Victor Hugo, demeure au 35 bis où elle reçoit son amant, le prince Anatole Demidoff avec lequel elle rompt la même année au profit de Victor Hugo, rencontré lors des répétitions de Lucrèce Borgia. Victor Hugo cite la rue et notamment un médecin, le Dr Hodé, installé au 24. Il est possible que Victor Hugo y fréquente aussi un certain Augier dont l'immeuble est dû, en 1789, à l'architecte Jean Louis Vivenel.

Le saint-simonien Eugène Rodrigues y réside, au 26, au cours de l'année 1817.

En 1909, Félix Mayol, achète l'établissement du Concert Parisien, situé 37, rue du Faubourg-Saint-Denis l'emplacement du couvent des Filles-Dieu. Il lui donne le nom de Concert Mayol et ouvre l'entrée principale sur la rue de l'Échiquier.

La Fédération française de rugby à 13 a son siège au 30 de la rue.

La Société française des Urbanistes a son siège au 26.

L'église Sainte Marie, consacrée par l'Église vieille catholique mariavite s'est ouverte aux fidèles, au début des années 2000, au numéro 47. L'Église évangélique protestante y pratique des cultes en langue malgache au 20.

L'huissier Damiens, qui a donné son nom à une rue de Boulogne-Billancourt, avait son étude sise au 39 dans les années 1870.

Auguste Delivet, luthier renommé, installe un atelier dans la rue dans les années 1900 avant de s'agrandir au 49 de la toute proche rue Richer.

Des imprimeries et éditions musicales, dont celles d'E. Girard, ont contribué à la réputation de la rue.

Le lithographe Deras y installe un atelier et l'illustrateur Louis-Marie Lante se fixe au 20 vers 1831.

[modifier] historique récent et actualités

La rue de l'Échiquier fait partie de ce qu'il est convenu d'appeler le Sentier turc ou encore la Petite Turquie. Située dans un quartier réputé pour ses fourreurs ashkénazes ou grecs, la rue se trouve en effet à proximité du Sentier sépharade, qui concentrait, encore dans les années 2000, nombre de spécialistes du textile, de la mode, du prêt-à-porter. Cette proximité devait attirer des tailleurs turcs ou kurdes originaires d'Anatolie et d'autres régions proches de la Turquie, puis des professionnels asiatiques n'ayant pu trouver à se localiser du côté des rues du Sentier ou d'Aboukir. De ce fait, la rue comprend divers restaurants et commerces ou services détenus ou gérés par des Turcophones ou Kurdophones.

La proximité du Sentier, dont la reconversion a laissé place à diverses sociétés d'informatique, a aussi motivé l'implantation de sociétés de commerce en ligne, dont des voyagistes, un libraire d'anciens, etc.

Les années 2000 sont marquées par l'affaire de la reconversion de l'entrepôt de la société Sernam, filiale de transport routier de la S.N.C.F. Il s'agit d'un vaste ensemble d'immeubles qui a fait l'objet d'une occupation sous forme de squat par une association, le Théâtre de verre. Le lieu sera donc un temps reconverti en salles de spectacles, notamment musicaux, et d'expositions. Une association d'habitants a, dès la désaffection de l'entrepôt de la SERNAM, demandé qu'une opération d'aménagement permette de relier la rue au boulevard de Bonne-Nouvelle par une percée. Divers projets ont été soumis à la mairie d'arrondissement.

[modifier] rues homonymes

Une rue homonyme se situe à Saint-Pierre-de-Varengeville (76480, Seine-Maritime).

Une rue homonyme se situe entre les rues de l'Etna et de l'Eldorado dans le district électoral de Val-Bélair à Québec (Québec) depuis août 2006.