Robert Ier de Meulan

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Robert de Beaumont puis Robert Ier de Meulan (vers 1050 – 5 mai 1118), comte de Meulan et possible 1er comte de Leicester, fut un important baron anglo-normand, l'un des compagnons de Guillaume le Conquérant dans sa conquête de l'Angleterre en 1066. Il fut le plus proche conseiller laïc de ses deux successeurs, Guillaume le Roux et Henri Ier.

Sommaire

[modifier] Biographie

Il était le fils aîné de Roger de Beaumont († 1094)), seigneur de Brionne, Vateville, Pont-Audemer et Beaumont, et d'Adeline de Meulan († 1081), comtesse de Meulan[1] à partir de 1077.

En 1066, à la bataille de Hastings, Robert est le commandant de l'infanterie sur l'aile droite[2]. Wace écrit qu'il aurait été le premier à percer les lignes anglo-saxonnes[3].

Il n'obtient pas d'importantes concessions de terres en Angleterre. Ses revenus à la rédaction du Domesday Book sont seulement de 255 livres[4], ce qui en fait un propriétaire terrien de troisième rang[5],[6]. C. Warren Hollister propose comme explication que la conquête intervient à un changement de génération dans la famille de Beaumont. Roger était âgé et peu intéressé par l'Angleterre, et Robert avait été armé chevalier peu de temps avant l'invasion. Guillaume le Conquérant n'était pas prêt à confier à un jeune homme un territoire important, surtout dans l'incertitude de l'après conquête, alors que l'Angleterre n'est pas encore sous contrôle.

Après la conquête et durant le reste de la vie de son père, il cherche sa fortune en Angleterre, même après avoir hérité du comté de Meulan à la mort de sa mère en 1081. Il rend hommage à Philippe Ier, roi de France, pour les terres situées en France et siège au parlement tenu à Poissy[réf. nécessaire].

[modifier] Sous le règne de Guillaume II

Entre 1087 et 1093, il passe la majeure partie de son temps en France, à sécuriser son héritage. Quand son père meurt en 1093, il devient l'un des plus riches barons de Normandie. À la mort de Guillaume le Conquérant en 1087, il reconnaît son fils Guillaume le Roux pour roi, et lui est fidèle. En 1093, il devient son plus proche conseiller. Il joue un rôle important dans le conflit du roi avec Anselme de Cantorbéry et dans ses campagnes militaires en France.

[modifier] Sous le règne d'Henri Ier

Dès la mort de Guillaume le Roux connue, il fait allégeance à Henri Ier. De son vivant, il est le témoin le plus fréquent de ses chartes et son plus proche conseiller. Alors que Roger de Salisbury dirige l'administration royale, l'influence de Robert s'exerce sur la politique, la diplomatie et la loi.

À cette époque, Guillaume, comte d'Évreux et Ralf de Conches firent un raid dans les terres normandes de Robert de Beaumont, ce qui leur procura un important butin, au prétexte qu'ils auraient souffert d’un préjudice suite à un conseil donné au roi, par Robert.

[réf. nécessaire]

En 1101, il donne au roi des conseils avisés afin de contrer la désertion de ses barons, à la veille du débarquement en Angleterre de son frère Robert Courteheuse, duc de Normandie. Ordéric Vital rapporte son conseil :

« Nous [...], auxquels Dieu a confié le soin de l'intérêt commun, nous devons chercher de toutes parts ce qui peut contribuer au salut du royaume ainsi qu'à celui de l'Église du Seigneur. Que notre premier soin ait pour but de vaincre pacifiquement par la grâce de Dieu, de manière que, sans effusion de sang chrétien, nous puissions obtenir la victoire et maintenir dans la sérénité de la paix un peuple fidèle. [...] Portez des paroles bienveillantes à tous vos chevaliers, caressez tous vos enfants comme un bon père, gagnez chacun par des promesses, accordez tout ce qu'on vous demande, et par ces moyens conciliez-vous habilement tous les cœurs. Si l'on vous demande Londres ou bien York, n'[hésitez] pas à promettre de grandes choses, comme il convient à la munificence royale. En effet, il vaut mieux donner une petite partie du royaume que vous exposer à voir la multitude de vos ennemis vous arracher la victoire et la vie. Lorsque, avec l'aide de Dieu, nous serons parvenus heureusement au terme de cette affaire, nous vous donnerons d'utiles conseils pour ressaisir les domaines que de téméraires déserteurs de votre cause auraient usurpés pendant la guerre. »[7]

Il profite largement du succès du roi après le traité d'Alton. Il est notamment encouragé par celui-ci à conserver les terres du Leicestershire de Yves de Grandmesnil qu'il avait reçu en gage pour quinze ans. Il possède alors à peu près ce qui sera connu plus tard comme l'honneur de Leicester. C'est pourquoi il est possible que Robert ait été créé comte de Leicester pour services rendus après la bataille de Tinchebray en 1107, bien qu'il n'en existe aucune preuve formelle[8]. Il devient l'un des principaux propriétaires terriens en Angleterre, avec des possessions particulièrement importantes dans les Midlands.

Il est envoyé en Normandie par Henri Ier en 1103. Il joue un rôle primordial en y faisant avancer la cause d'Henri, et en sapant celle du duc Robert Courteheuse, avec qui a depuis longtemps des relations tendues. En 1106, il commande une division à la bataille de Tinchebray qui voit Henri Ier conquérir le duché de Normandie[9].

Le pape Pascal II l'excommunie nommément en mars 1105 pour sa participation active dans le conflit entre Henri Ier et l'archevêque de Cantorbéry Anselme. Il joue toutefois un rôle décisif en aidant à trouver un compromis avec Anselme en 1106, et en convainquant le roi de respecter cet accord, de modérer les taxes ecclésiastiques et de rendre aux églises les terres confisquées.

En 1109, il essaie de persuader Thomas, archevêque d'York, de faire acte d'obédience à l'archevêché de Cantorbéry. Il tente la même manœuvre avec Thurstan, le successeur de Thomas en 1116.

Il ravage Paris en 1111, en représailles d'une attaque sur Meulan. L'Île de la Cité est tellement endommagée que d'importantes reconstructions sont nécessaires.

Il se marie tardivement (vers 1096) avec Élisabeth (ou Isabelle) de Vermandois, nièce de Philippe Ier de France. Selon Henri de Huntingdon, il mourut de honte en 1118 après que sa femme se fut enfuie avec Guillaume II de Warenne, 2e comte de Surrey.

Il est inhumé à Saint-Pierre de Préaux, monastère restauré par son père[10].

[modifier] Portrait

Il eut une longue carrière militaire. Il est le seul homme à combattre à la fois à Hastings (1066) et à Tinchebray (1106)[9].

C'est à Robert qu'est attribué le gouvernement moins agressif et ostentatoire, et plus conciliant d'Henri Ier. Pour Henri de Huntingdon, Robert, bien que particulièrement avide, était l'homme le plus sage de toute la chrétienté en affaires séculières, et l'arbitre de la paix et de la guerre entre l'Angleterre et la France. Guillaume de Malmesbury le décrit comme un défenseur de la justice dans les cours, et un architecte de la victoire à la guerre[9].

[modifier] Mariages et descendance

En 1096, il épouse Elisabeth (ou Isabelle) de Vermandois (1085-1131), dame d'Elbeuf, fille de Hugues Ier, et d'Adélaïde de Vermandois. D'après Guillaume de Malmesbury, ils auront trois fils et trois filles[11] :

Enfants de ce mariage :

  1. Une fille non nommée (1102), fiancée un temps à Amaury de Montfort. Il s'agit peut-être d'Adeline ;
  2. Galéran (1104-1166), comte de Meulan, jumeau de Robert. Fils aîné ;
  3. Robert (1104-1168), 2e comte de Leicester, jumeau de Galéran ;
  4. Hugues (né vers 1106), 1er comte de Bedford ;
  5. Adeline, mariée à Hugues IV de Montfort-sur-Risle ;
  6. Aubrée, mariée à Hugues II de Châteauneuf-en-Thimerais ;
  7. Mathilde, mariée à Guillaume, seigneur d'Ivry ;
  8. Isabelle, maîtresse de Henri Ier, roi d’Angleterre, ensuite mariée à Gilbert de Clare, 1er comte de Pembroke, puis à Hervé de Montmorency, constable d’Irlande ;

[modifier] Voir aussi

[modifier] Références

  1. Levi Fox, « The Honor and Earldom of Leicester: Origin and Descent, 1066-1399 », in The English Historical Review, vol. 54, n°215 (1939), p. 385-402.
  2. d'après Wace.
  3. « Rogier li Veil, cil de Belmont, Assalt Engleis el primier front », Roman de Rou, 1. 13462.
  4. Importantes terres dans le Warwickshire, moins importantes dans le Leicestershire, Northamptonshire et ailleurs. Ses terres dans le Warwickshire seront combinées avec celles de Turchil de Warwick, et aquises par son frère Henri qui devint comte de Warwick en 1088.
  5. Classé dans les propriétaires de classe C par C. Warren Hollister, « The Greater Domesday Tenants-in-Chief », dans Domesday Studies, Éd. J.C. Holt (Woodbridge), 1987, p. 219-248.
  6. Même en ajoutant les terres de son père, qui tirait 72£ de ses terres, il reste dans la classe C. C. Warren Hollister, ibid.
  7. Orderic Vital, Histoire de la Normandie, Éd. Guizot, 1826, tome IV, vol. X, p 89.
  8. Levi Fox, « The Honor and Earldom of Leicester: Origin and Descent, 1066-1399 », in The English Historical Review, vol. 54, n°215 (1939), p. 385-402.
  9. abc J. O. Prestwich, « The Military Household of the Norman Kings », in The English Historical Review, vol. 96, n°378 (1981), p. 1-35.
  10. Orderic Vital, ibid, vol IV, tome  XII, p. 272.
  11. Voir lien Medieval Lands.

[modifier] Liens externes

[modifier] Sources

  • Généalogie de Robert de Meulan sur Medieval Lands.
  • Christopher Teyerman, « Robert of Meulan, Lord of Meulan and Beaumont, Earl of Leicester », dans Who's Who in Early Medieval England, 1066-1272, Éd. Shepheard-Walwyn, 1996, p. 84-86, (ISBN 0856831328). Utilisant pour source : S. N. Vaughn, Anselm of Bec and Robert of Meulan, 1985.