Robert Fisk

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Robert Fisk pendant un cours donné à l'université Carleton au Canada en 2004.
Robert Fisk pendant un cours donné à l'université Carleton au Canada en 2004.

Robert Fisk (né en 1946) est un journaliste anglais, grand reporter et correspondant au Proche-Orient du journal britannique The Independent. Il est qualifié par le New York Times comme « probablement le plus grand reporter britannique à l'étranger ».

Robert Fisk est le correspondant du quotidien britannique The Independent, basé à Beyrouth. Éduqué en Grande Bretagne et en Irlande, Fisk a reçu plus de prix journalistiques (24) que n’importe quel autre grand reporter pour sa couverture de la révolution iranienne, des guerres du Liban, du Golfe, du Kosovo et d’Algérie. Il a reçu le prix Amnesty International en 2000 pour ses reportages en Serbie pendant les bombardements de l’OTAN et le David Watt Memorial Award en 2001 pour sa couverture du Proche-Orient.

Spécialiste du Moyen-Orient, il a eu l'occasion de rencontrer Oussama Ben Laden à deux reprises dans les années 1990.

Sommaire

[modifier] Œuvres de Robert Fisk

[modifier] Liban, nation martyre

Écrit par Robert Fisk, un des journalistes anglais les plus reconnus, ce livre remarquable est un récit épique du conflit libanais par un auteur qui a été le témoin de plus de trente ans de carnage à Beyrouth. C’est une histoire de trahison des démocraties occidentales et surtout des combats entre factions libanaises. Ce livre rappelle aussi, avec force les détails des premières attaques kamikazes (notamment l'attentat du Drakkar) contre les Français et les Américains.

Dans un récit qui est un reportage de guerre en même temps qu’une analyse politique, Robert Fisk décrit les méandres de la guerre civile libanaise, des invasions et massacres israéliens qui s’en suivirent, les milices libanaises pro-israéliennes et leur brutalité qui n’épargna personne, les marines américains et légionnaires français qui furent pris au piège libanais, dont beaucoup ne revinrent pas, et les Israéliens qui tentèrent d’imposer leurs hommes de paille.

Cette première version française de Pity the Nation, le livre à succès de Robert Fisk, comprend aussi le récit de l’assassinat de Rafik Hariri, que Fisk a vu se perpétrer sous ses yeux. Et l’invraisemblable enchaînement de violence qui a suivi depuis, laissant le pays au bord de la guerre civile, mais aussi avec la guerre entre Israël et le Liban. La version française de Pity the Nation comprend 60 pages de plus que la version anglaise.

La première édition du livre en 1991 fut concomitante à un drame personnel vécu par l’auteur : l'enlèvement le 16 mars 1985 de son ami Terry Anderson, correspondant de l'AP à Beyrouth. Il fut libéré le 4 décembre 1991 et Fisk savait que son livre serait lu par les ravisseurs, d'autant qu'il a été traduit en arabe. Effectivement, Anderson rapportera que ses gardiens lui en ont lu des passages. Fisk a tenté à travers son livre d'aider son ami.

[modifier] La Grande Guerre pour la civilisation

[modifier] Robert Fisk selon les journaux

« Robert Fisk est l’un des plus remarquables reporters de sa génération. Comme correspondant de guerre, il est inégalé. » Financial Times.

« L’immense ouvrage de Robert Fisk sur les désespoirs de la situation libanaise est parmi les livres les plus aboutis sur la question, ainsi que parmi les plus douloureux et incisifs…. « Liban, nation martyre » est de fait la somme personnelle, finale et définitive de défaites et de souffrances inutiles, la triste compilation des échecs successifs au Liban des Palestiniens, des Libanais, des Israéliens, des Syriens et de bien d’autres… » Edouard Said.

« Un témoignage bouleversant sur la faillite des politiques à préserver l’humanité d’elle-même. » Sunday Times.

« On reste pantois … face à l’énergie (de Robert Fisk), son engagement et son courage à couvrir les pires conflits contemporains ; on se demande aussi comment Fisk parvient encore à écrire, sain d’esprit, après avoir été témoin d’une telle barbarie. » Literary Review.

[modifier] Robert Fisk, le héros de James Bond

Daniel Craig, le nouveau James Bond a dit dans un de ses interviews à l'Observer de Londres, le 31 décembre 2006 : « Some of my greatest heroes are journalists. I genuinely believe getting to know people, going out and looking people in the eye and understanding the situation, like war reporter Robert Fisk does, that's proper journalism. Maybe that's just a dinosaur way of looking at things. But I don't believe anything I read on the internet » . Ce qui donne en français à peu près cela : Quelques-uns de mes plus grands héros sont des journalistes. Je crois sincèrement au fait de connaître les gens, sortir, de les regarder dans le fond des yeux et de comprendre leur situation, comme le reporter de guerre Robert Fisk le fait. Cela, c'est du vrai et bon journalisme. C'est peut être une manière dinosaur (démodée) de voir les choses, mais je ne crois rien de ce que je lis sur Internet ».

[modifier] Critiques

Dans une note de lecture de Commentary Magazine ("Beirut Bob", mars 2006), l’historien israélien Efraïm Karsh, a commenté le manque de rigueur et les nombreuses prises de liberté que se permettait Fisk avec les faits : « Il est difficile de tourner une page de La Grande Guerre pour la Civilisation sans tomber sur des erreurs basiques. Jésus est né à Bethléem, et non, comme l'écrit Fisk, à Jérusalem. Le calife Ali, le cousin et beau-fils du prophète Mahomet, a été assassiné en 661, pas au VIIIe siècle après Jésus-Christ. L'émir Abdallah est devenu roi de Transjordanie en 1946, pas en 1921 (bien qu’Abdallah ait effectivement dirigé la Transjordanie à compter de 1921 et jusqu'à ce que l’indépendance complète lui soit accordée par les Britanniques en 1949). La monarchie irakienne a été renversée en 1958, pas en 1962 ; Hadj Amin Al-Husseini, le Grand mufti de Jérusalem, a été nommé par les autorités britanniques, pas élu ; pendant son exil, l’ayatollah Khomeini a quitté la Turquie pour la ville sainte chiite de Nadjaf non pas sous le règne de Saddam Hussein mais quatorze ans avant que Saddam ne s’empare du pouvoir. La résolution 242 du Conseil de sécurité de l’ONU a été adoptée en novembre 1967, pas en 1968 ; l’Égyptien Anouar El-Sadate a signé un traité de paix avec Israël en 1979, pas en 1977, et a été assassiné en octobre 1981, pas en 1979. Pendant la Première Intifada, Yitzhak Rabin était ministre de la Défense, pas Premier ministre, et Al-Qaeda n’a pas été créée en 1998 mais dix ans plus tôt. Et ainsi de suite. »

Dans un article du Monde des livres ("Robert Fisk : les limites de l'indignation", 25 janvier 2007) au sujet de La Grande Guerre pour la civilisation, Alain Frachon écrit : « Autant on le suit et on l'admire dans sa description des souffrances individuelles, son récit de l'horreur de la guerre, autant cette manière de désigner un unique bouc émissaire [i.e. l'Occident] paraît simpliste, militante, indigne d'un diplômé en histoire de Trinity College. Fisk a l'indignation magnifique, mais trop à sens unique. On aimerait qu'il pratique le même flamboyant journalisme de combat pour dénoncer les énormes responsabilités des élites de la région - politiques, religieuses, culturelles, etc. - dans les malheurs de leurs peuples ».

Emmanuel Sivan, professeur d’histoire islamique à l’université hébraïque de Jérusalem, égratigne Robert Fisk (ainsi que Seymour Hersh) dans un article du Ha'Aretz, traduit par Courrier International.

Il faut aussi rappeler, que Fisk n'a jamais été très apprecié par les Israéliens et les consevateurs américians, traditionnellement pro-sionistes, en raison de ses critiques et ses prises de position à l'encontre des politiques américaines et israéliennes. Il a été constamment la cible de pressions et de menaces de la part de ceux que ses articles dérangaient. L'une des menaces les plus célèbres a été formulée par l'acteur américain John Malkovich.

[modifier] Bibliographie

  • La Grande Guerre pour la civilisation : l'Occident à la conquête du Moyen-Orient (1979-2005), La Découverte, 2005 ISBN 2707145734
  • Liban, nation martyre, Editions A&R et du Panama, 2007 ISBN 13 9782755702415

[modifier] Liens externes