René Daumal

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René Daumal (Boulzicourt, Ardennes, 16 mars 1908Paris, 21 mai 1944) est un poète, critique, essayiste, indianiste et écrivain français.

[modifier] Biographie

Né en 1908 dans les Ardennes d'un père instituteur puis fonctionnaire au ministère des Finances Léon Daumal, René Daumal a consacré sa vie à la recherche, dans toutes les directions de la culture et de la connaissance de soi. Très tôt engagé dans des expériences littéraires novatrices, il crée avec trois amis, à Reims, le groupe des « Phrères simplistes », notamment inspiré de Jarry, Rimbaud et des surréalistes. Il s’agit de Roger Vailland, Roger Gilbert-Lecomte, et Robert Meyrat. Bons élèves au lycée, ils cherchent comme Rimbaud "le dérèglement de tous les sens" (drogue, roulette russe, même), dans un esprit de découverte. Daumal connaît une expérience unique qu'il qualifiera de " déterminante ", en utilisant du tétrachlorure de carbone. Il a l’intuition qu’il pourra rencontrer un autre monde en se plongeant volontairement dans un coma proche de ce que nous appelons aujourd’hui les expériences de mort imminente. L’utilisation du tétrachlorure de carbone (CCl4) fragilisera sa santé, et il est possible que cela l’ait sensibilisé à sa future tuberculose.

Élève d’Alain au lycée Henri-IV, il y rencontre la future philosophe Simone Weil, avec laquelle il aura des échanges au sujet du sanskrit. En effet, « Re-Né » s’est précocement intéressé aux textes sacrés de l’Inde, et a décidé d’apprendre le sanskrit, quitte à composer lui-même sa propre grammaire sanskrite (celle-ci a été reproduite en fac-similé sous le titre La langue sanskrite – Grammaire, Poésie, Théâtre).

Mais surtout, à Paris avec Roger-Gilbert Lecomte (ils ont rompu avec Vailland mais Pierre Minet s’est joint à eux), ils fondent la revue Le Grand Jeu, qui connaîtra trois numéros de 1928 à 1931, la quatrième restant dans les cartons. On y rencontre notamment le peintre Joseph Sima, et Hendrik Cramer, le mari de Véra Milanova, la future épouse de René.

René fait la connaissance, au Rouquet (un café qui n’a pas changé depuis) d’Alexandre de Salzmann, disciple de Gurdjieff, qui l'aide à ouvrir les yeux, lui permet de vérifier un certain nombre d’intuitions : il décide de rompre avec sa vie littéraire et passée, de s’accorder les chances d’une vie nouvelle. Il s’engage auprès du danseur Uday Shankar, dont on ignore comment il a fait sa connaissance, et part avec lui dans sa tournée aux États-Unis.

Cette période est relatée dans La grande beuverie, le premier grand travail littéraire de Daumal. On en découvre les clefs dans les Fragments inédits. Pleine d’humour, La grande beuverie présente une critique des rouages de la société pour un homme qui a brûlé son ego, et la question y est posée de ce que la vie adulte pourrait être.

Revenu à Paris, il vit difficilement mais obtient le prix Doucet pour Le contre-ciel, écrit quelques traductions de l’anglais (Hemingway, Suzuki) et du sanskrit, des articles pour la NRF, et une abondante correspondance. Il rédige notamment le texte fondateur Poésie noire, poésie blanche, où s’exerce son œil critique et constructeur inimitable.

Quasiment sans domicile fixe, il se déplace d’un endroit à un autre avec Véra Milanova. Il rencontre Philippe Lavastine et, par lui (qui travaillait chez Denoël), l’écrivain Luc Dietrich et son grand ami Lanza del Vasto.

Ayant pris connaissance de sa maladie, une tuberculose déjà avancée, René séjournera le plus possible en montagne, dans les Pyrénées mais surtout dans les Alpes, au Plateau d’Assy chez la pharmacienne Geneviève Lief qui deviendra une élève. C’est la guerre. Il s’est marié avec Véra, israélite. Il vit dans des conditions matérielles extrêmement difficiles. Il compose ses plus belles lettres, se remet à la poésie, écrit La guerre sainte et commence son œuvre majeure, le célèbre et inachevé Mont Analogue, démonstration du langage analogique et de l’écriture à multiples strates de compréhension.

Né trés peu de temps aprés la mort d'Alfred Jarry il sera un adepte de la 'Pataphysique dès l'époque du « simplisme » et il continuera pendant sa vie à s'en réclamer dans différentes publications. Il tint dans la Nouvelle Revue Française une rubrique intitulée « La `Pataphysique du mois ». C'est un lien temporel des plus sérieux entre Jarry et la naissance du Collège en 1948.

Il meurt près de la porte d'Orléans, à Paris, à l’âge de 36 ans, en 1944.

[modifier] Bibliographie

La bibliographie de René Daumal, principalement posthume, a connu des heurts et des remaniements. Nous indiquons ci-dessous les œuvres définitives en premier. Les titres sans mention d'éditeur ont été publiées chez Gallimard.

  • Le Contre-Ciel, 1936. La nouvelle édition en Poésie / Gallimard comprend le texte : Poésie noire, poésie blanche.
  • La Grande Beuverie, 1938.
  • Le Mont Analogue, 1952.
  • Tu t'es toujours trompé, Mercure de France, Paris, 1970.
  • Bharata, l’origine du théâtre. La Poésie et la Musique en Inde, 1970.
  • Essais et Notes, tome 1 : L'Évidence absurde, 1972.
  • Essais et Notes, tome 2 : Les Pouvoirs de la Parole, 1972.
  • Mugle, Fata Morgana, Montpellier, 1978.
  • René Daumal ou le retour à soi, L'Originel, Paris, 1981. Contient La Soie.
  • La Langue sanskrite, Ganésha, 1985.
  • Fragments inédits (1932-33). Première étape vers la Grande beuverie, Éolienne, 1996.
  • Chroniques cinématographiques (1934). Aujourd'hui, Au signe de la licorne, 2004.
  • Correspondance, tome 1 : 1915-1928, 1992.
  • Correspondance, tome 2 : 1929-1932, 1993.
  • Correspondance, tome 3 : 1933-1944, 1996.
  • Je ne parle jamais pour ne rien dire. Lettres à A. Harfaux, Le nyctalope, 1994.

° Chroniques cinématographiques (Aujourd'hui 1934) ,Au Signe de la Licorne 2004. La publication des œuvres de René Daumal est encore en cours : on attend un volume qui s'intitulera Se dégager du scorpion imposé et qui réunira tous les textes inédits de l'auteur, de 1924 à 1928. (Parution prévue pour le centenaire de René Daumal en 2008. Un volume Bharata 2 est à l'étude.) ° Un volume de correspondance doit être publié en 2008 par les éditions Au Signe de la Licorne.

Éditions obsolètes
  • Chaque fois que l'aube paraît, 1953.
  • Poésie noire, poésie blanche, 1954.
  • Lettres à ses amis, tome 1, 1958.

Les textes majeurs - selon certains - peuvent être considérés comme les suivants : Le Souvenir déterminant (qui raconte comment l'auteur s'intoxique avec du CCL4 pour trouver des mondes… autres), Les Quatre temps cardinaux, Je suis mort…, Les Dernières paroles du poète…, La Guerre Sainte. Mais tout mérite d'être (re)découvert.

Études sur René Daumal
  • Caroline Fourgeaud-Laville, René Daumal : l'Inde en jeu, Éditions du Cygne, Paris, 2003.
  • René Daumal, ou Le retour à soi : Textes inédits de René Daumal. Etudes sur son œuvre, L'Originel, Paris, 1981.
  • René Daumal (Les Dossiers H), L'Âge d'homme, 1993.
  • "René Daumal et ses abords immédiats", dossier établi par Pascal Sigoda,Aiglemont,éditions Mont Analogue,1994
  • Jean-Philippe de Tonnac : René Daumal, l'archange, Grasset et Fasquelle, Paris, 1998.
  • Roger Marcaurelle : René Daumal. Vers l'éveil définitif, L'Harmattan, Paris, 2004.
  • La Voie de René Daumal du Grand Jeu au Mont Analogue, Numéro 5 de la revue Hermès, 1967-1968, 138 pp. Textes de Gilbert-Lecomte, Daumal, P. Minet, J. Masui, M. Random, J. Biès, J. Richer, etc.
  • Michel Random, Les Puissances du dedans, Paris, Denoël, Essai sur Luc DIETRICH, LANZA DEL VASTO , René DAUMAL et GURDJIEFF
  • Michel Random, Le Grand Jeu, Denoël, 1970, 2 volumes, 264 et 215 pp. Tome 1 - Essai, biographie, biblio., cahier de photographies. Tome 2 - Textes essentiels et documents présentés par l'auteur, glossaire.

[modifier] Liens externes