Raymond Ruyer

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Raymond Ruyer (Plainfaing Vosges, 1902 - Nancy, 1987) est un philosophe français du XXe siècle. Formé à l'École normale supérieure de la rue d'Ulm, il devient professeur de lycée et rédige une thèse sur la phénoménologie de la connaissance.

Il entame après sa longue captivité en Allemagne de 1940 à 1944 une carrière à l'Université de Nancy. Il suit et synthétise de nombreux domaines de la science, en particulier l'embryologie, la biologie et la théorie de l'information, tout en approfondissant la philosophie de la valeur qu'il avait commencé d'étudier bien avant la guerre. Professeur de philosophie correspondant de l'Institut, il est appelé à la Sorbonne, mais il refuse cette promotion de fin de carrière pour ne pas quitter l'environnement nancéïen où il se sent en phase avec les cercles de chercheurs amis, aussi différents que les chimistes versés dans la modélisation moléculaire quantique, les mathématiciens de l'école de Nancy, les informaticiens et linguistes à l'instigation du Trésor de la langue française (ATLIF) et quelques biologistes.

Jeune retraité, hostile, en tout cas étranger au courant existentialiste constamment à la mode dans les salons parisiens, le philosophe provincial constate avec Raymond Aron que s'il est bien connu dans les cénacles savants et universitaires internationaux, il est inconnu en France. Le maître éditeur Aron lui commande plusieurs ouvrages de vulgarisation dans sa discipline. Les premiers ouvrages ne trouvent que peu d'écho parmi le public cultivé. Puisqu'il n'a plus rien à perdre, il a l'idée de présenter l'essentiel de ses idées philosophiques sous une forme légère et canularesque.

La forme présentée doit attirer le grand public à l'écoute, pour ne pas dire fasciné par tout ce qui vient d'outre-atlantique et si possible instiller une curiosité vers des arcanes mystérieuses du savoir, une gnose de notre époque scientifique[1]. Il prétend avec sérieux être en communication avec un groupe informel de scientifiques étatsuniens de l'Université de Princeton, à la fois timides et cachés derrière un nom de groupe de contact, et s'en fait l'interprête autorisé. Il expose les idées de ces américains inconnus qui chercheraient à recréer une religion scientifique dans La Gnose de Princeton. L'ouvrage marqué d'humour subtil est un réel succès, et l'auteur y présente en réalité sous une forme simple l'essentiel des idées qu'il a développées au cours de sa carrière. La vente de tous ces ouvrages anciens et nouveaux s'en trouve relancée, mais le succès à part de l'ouvrage prouve que la plupart des lecteurs n'ont point compris le canular !

Par ses lectures scientifiques, Ruyer est un familier de la prose allemande et anglo-saxonne. Ainsi qu'il l'explique peut-être trop facilement dans un ouvrage, sa pensée est influencée entre autres par l'écrivain anglais du XIXe siècle, Samuel Butler. Sa rencontre avec le cercle anglo-saxon promouvant l'oeuvre de Samuel Butler a été en tout cas un tournant dans sa vie associative. Il a repris le même hobby que Samuel en s'appliquant à décortiquer les différentes structures de l'Iliade et l'Odyssée. Il pensait, à l'instar de Butler, que l'auteur était une femme !


Toujours méconnu en France, ce penseur vosgien attaché aux valeurs, qui, tout jeune, était fasciné par la croissance de la digitale et qui réexplicite ou s'inspire d'un large pan issu des tréfonds de la tradition montagnarde, procure une ample matière à poursuivre des travaux de recherche dans les pays anglo-saxons et en particulier au Canada. Par un effet d'influence dont il avait pastiché le message, la réception de son oeuvre outre atlantique intrigue l'université française. En tous cas, quelques documentalistes mettent à profit ses travaux sur la génèse de l'information. Raymond Ruyer est le fondateur d'une théorie qu'il nomme avec humour le panpsychisme.



[modifier] Principaux ouvrages

  • La conscience et le corps (Alcan, 1937),
  • Éléments de psycho-biologie (Presses Universitaires de France, 1946)
  • Le monde des valeurs (Aubier, 1947),
  • L'Utopie et les Utopies (Presses universitaires de France, 1950),
  • Néofinalisme (Presses universitaires de France, 1952),
  • La cybernétique et l'origine de l'information (Flammarion, 1954; édition révisée et complétée en 1967),
  • La genèse des formes vivantes (Flammarion, 1958),
  • La philosophie de la valeur (Armand Colin, 1959),
  • Paradoxes de la conscience et limites de l'automatisme (Albin Michel, 1960),
  • L'animal, l'homme, la fonction symbolique (Gallimard, 1964)
  • Éloge de la société de consommation (Calmann-Lévy, 1969),
  • Dieu des religions, Dieu de la science (Flammarion, 1970),
  • Les nuisances idéologiques (Calmann-Lévy, 1972),
  • La gnose de Princeton (Fayard, 1974 et « Pluriel », 1977),
  • Les nourritures psychiques (Calmann-Lévy, 1975),
  • Les cent prochains siècles (Fayard, 1977),
  • Homère au féminin ou La jeune femme auteur de l'Odyssée (Copernic, 1977),
  • L'art d'être toujours content (Fayard, 1978),
  • Le sceptique résolu (Robert Laffont, 1979).
  • Souvenirs -1- Ma famille alsacienne et ma vallée vosgienne (Vent d'Est 1985)

[modifier] Citations

  • « Une culture établie, protégée, subventionnée, constituée en église ou chapelle vivant aux dépens du public risque fort de n'être qu'une fausse culture.(..) La vraie culture, le vrai sport, l'art véritable comme la vraie religion, est plus réellement démocratique. Elle est plus réellement et plus spontanément demandée. Elle ne va pas de haut en bas, jusqu'au peuple, à partir de mystérieux arcanes habités par des grands prêtres » in Eloge de la société de consommation, 1970

[modifier] Ouvrages au sujet de Raymond Ruyer

  • Raymond Ruyer, de la science à la théologie, collectif sous la direction de Louis Vax et Jean-Jacques Wunenburger (Editions Kimé, 1995).
  • Ruyer, Fabrice Colonna (Les Belles Lettres, 2007). (ISBN 2251760563)
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