Raphaël Pareto

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Raphaël Pareto - ou Raffaele Celse Pareto selon certains documents d'état civil - (né le 23 août 1812 à Gênes - mort le 28 avril 1882 à Rome) est un ingénieur italien ayant vécu en France comme exilé politique du début des années 1830 au début des années 1850. Il est le père du célèbre économiste et sociologue Vilfredo Pareto (1848-1923).

Sommaire

[modifier] Origines sociales

Raphaël Pareto était le fils de Gian Benedetto Pareto (1768-1831) et Aurelia Spinola (1773- ? ). La famille Pareto appartenait à la noblesse de la province de Ligurie, où ses membres occupèrent diverses fonctions politiques ou diplomatiques importantes. En outre, plusieurs se distinguèrent dans les domaines littéraire ou scientifique. Raphaël Pareto portait le titre de marquis, qui figure sur un certain nombre de documents établis en France.

[modifier] L'exil politique

Bien qu'appartenant à l'aristocratie, Raphaël Pareto adhére dans sa jeunesse au mouvement révolutionnaire de Mazzini, ce qui l'amène à s'exiler volontairement en France au début des années 1830. Il séjourne quelque temps à Marseille, puis en Saône-et-Loire, où se sont constituées des communautés d'exilés italiens. Il trouve bientôt à s'employer dans la voirie du département de l'Allier. Installé dans ce département, il y épouse le 9 décembre 1835 la fille d'une modeste famille de vignerons de Toulon-sur-Allier, Marie Métenier (Toulon-sur-Allier, 1813 - Florence, 1889). Le couple aura trois enfants, tous nés en France : Aurelia (1839-1893), mariée à Gaspare Scala ; Cristina (1842-1907) ; Vilfredo (1848-1923), le célèbre économiste et sociologue. Après avoir séjourné plusieurs années à Moulins (Allier), Raphaël Pareto devient ingénieur civil à Paris, où il habite en 1848, lors de la naissance de son fils Vilfredo. En avril 1848 il entreprend des démarches pour se faire naturaliser français, qu'il abandonne par la suite pour une raison inconnue.

[modifier] Les travaux en Sologne

Ingénieur civil et hydraulicien, Raphaël Pareto est amené à étudier la construction d'un canal en Sologne pour le compte d'une obscure et éphémère société fondée en 1845, la Compagnie Française d'Irrigation. En conflit avec le directeur pour des raisons financières, il abandonne l'affaire et se livre alors à des travaux de drainage et d'assainissement pour le compte de grands propriétaires de la région de Lamotte-Beuvron (Loir-et-Cher). En juin 1848, le ministère des Travaux public du gouvernement de la Seconde république décide la construction du canal de la Sauldre, entre Blancafort (Cher) et Lamotte-Beuvron, « dans l'intérêt de l'amélioration de la Sologne. » La direction des travaux est confiée à Raphaël Pareto - qui n'était pas candidat à cette fonction - en raison de l'expérience qu'il a acquise dans la région. Pendant les quelques mois où il dirige le chantier des "Ateliers de la Sauldre", il réside avec sa famille dans une maison des environs de Lamotte-Beuvron. En février 1849, Pareto quitte la Sologne pour ne plus y revenir.

[modifier] Le retour en Italie

Raphaël Pareto rentre avec sa famille en Italie vers 1853. Il occupe la chaire d'enseignement de langues de l'École Royale de Marine de Gênes jusqu'en 1859. Il est ensuite nommé professeur d'agriculture et de comptabilité à l'Institut Technique Leardi établi dans la ville de Casale Monferrato. En 1861, Raphaël Pareto reçoit le diplôme d'ingénieur honoris causa des mains du ministre de l'Instruction publique italien pour le haut niveau scientifique et technique de ses publications et pour l'importance des travaux d'assainissement qu'il a réalisés en France. Ce titre lui permet d'être intégré en 1862 au Service des Bonifications et Irrigations du ministère de l'Agriculture italien, premier pas dans une carrière administrative qui culminera avec le grade d'inspecteur général dans le corps du Génie civil. Sa carrière le conduit d'abord à Turin, ensuite à Florence (1864), alors capitale de l'Italie, et finalement à Rome (1877). Il meurt dans cette ville le 28 avril 1882.

[modifier] Les publications de Raphaël Pareto

Raphaël Pareto n'a pas suivi des études universitaires poussées comme son illustre fils. Toutefois il a laissé un certain nombre d'oeuvres non négligeables : contributions techniques en matière d'hydraulique dans diverses revues italiennes et principalement dans le Journal de l'Ingénieur architecte et agronome qu'il dirigea de 1860 à 1867, écrits sur l'architecture dans L'Italie monumentale (1871) et direction de la publication de l' Encyclopédie des arts et industries de 1878 à sa mort (l'oeuvre, en 6 volumes publiés à Turin, ne fut achevée qu'en 1898).

Durant son séjour en France, Raphaël Pareto a écrit plusieurs ouvrages techniques :

  • Considérations sur les chemins vicinaux, leur construction et leur entretien, Moulins, P. A. Desrosiers, 1839 ;
  • Irrigation et assainissement des terres. Traité de l'emploi des eaux en agriculture, Paris, Roret, 1851, 4 volumes (traduction italienne par Parrochetti sous le titre Irrigazione e bonificazione des terrini, Milano, 1855, où l'auteur est désigné comme membre correspondant de l'Académie royale d'agriculture de Turin) ;
  • De l'amélioration de la Sologne, Paris, Roret, 1851 (ouvrage consacré aux études et calculs effectués par l'auteur au sujet du canal de la Sauldre, et à l'histoire des Ateliers de la Sauldre de 1848-1849);
  • Cours d'architecture à l'Athénée central, Paris, chez l'auteur, 1853.

[modifier] Bibliographie

Il n'existe pas de travaux biographiques consacrés à Raphaël Pareto, et on sait peu de choses sur sa vie d'exilé en France. Tout ce que l'on peut apprendre à son sujet provient de travaux relatifs à son fils. On pourra donc consulter, en français, les ouvrages suivants :

  • Georges-Henri Bousquet, Vilfredo Pareto : sa vie et son oeuvre, Paris, Payot, 1928
  • Georges-Henri Bousquet, Pareto, 1848-1923, le savant et l'homme, Lausanne, Payot et Cie, 1960.

La revue italienne Paretiana consacrée aux études relatives à Vilfredo Pareto a publié plusieurs articles apportant quelques renseignements ponctuels sur la vie et la carrière de son père (voir tout particulièrement Pier Carlo Della Ferrera, Le lettere familiari di Vilfredo Pareto [Les lettres familiales de Vilfredo Pareto], dans "Paretiana", n° 79. Consultable sur le site internet indiqué ci-dessous).

[modifier] Liens externes

  • [1] Jeunesse et études de Vilfredo Pareto (en italien)
  • [2] Lettres familiales de Vilfredo Pareto (en italien)