Raoul de Cambrai

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Raoul de Cambrai est le nom d'une chanson de geste. Le texte existant est un remaniement du XIIe siècle en vers assonancés d'un récit composé au Xe siècle par le trouvère Bertholais de Laon, qui assure avoir été témoin des évènements qu'il décrit. Ce poème, un des plus meurtriers des poèmes épiques du Moyen-Âge (dans la bataille où périt Raoul, les pertes de son armée sont de 99%!), raconte l'histoire d'une rivalité féodale et familiale pour la possession du Vermandois. Elle appartient au cycle de Doon de Mayence ou «geste des barons révoltés».

Elle montre les ravages causés par les guerres privées des chefs féodaux.

Raoul de Cambrai était le fils de Raoul Taillefer, comte de Cambrai, et de son épouse Alpais, demie sœur du roi Louis IV de France dit d'Outre-Mer. À sa mort, alors que son fils Raoul était encore enfant, le fief de Raoul Taillefer fut inféodé à un certain Gibouin. Devenu adulte, Raoul réclame l'héritage de son père. Le roi lui promet la première terre qui deviendra vacante. A la mort de Herbert de Vermandois Raoul exige cette terre, bien que le comte Herbert laisse quatre fils. Le roi ayant refusé, Raoul part en guerre. Or Bernier, petit-fils du comte Herbert, est écuyer de Raoul: il doit donc se battre contre sa propre famille, déchiré entre la fidélité qu'il doit à son seigneur et la protection qu'il doit aux siens, dilemme véritablement cornélien avant la lettre! Lorsque sa mère périt dans son monastère d'Origny incendié par Raoul, Bernier finit par défier Raoul et le tue en combat singulier, avant d'être lui-même tué dans la guerre qui continue entre les descendants. L'oeuvre présente la particularité (qu'on retrouve avec le Siegfried des Nibelungen) que le héros éponyme meurt assez près du début de l'histoire, la majeure partie du récit relatant les actions de ceux qui reprennent l'affaire à leur compte durant les nombreuses années qui suivent (Guerri le Roux pour Raoul -c'est son oncle et non son descendant- et Hagen dans les Nibelungen).

Les dates de ces évènements sont confirmées : l'annaliste Flodoard rapporte en 943 que le comte Herbert mourut en cette même année, fut enterré par ses fils à Saint-Quentin, puis qu'apprenant que Raoul II, fils de Raoul Ier de Gouy, s'apprêtait à envahir le territoire de leur père, ils l'attaquèrent et le mirent à mort... Toutefois il est possible, comme le suggère Michel Rouche[1] que ce poème épique rassemble sur le personnage de Raoul des personnages appartenant à plusieurs générations.

[modifier] Bibliographie

  • Raoul de Cambrai, traduction française de William Kibler, texte original édité par Sarah Kay (1996)
  • Histoire de Cambrai, Presses Universitaires de Lille (1982), pp 26-30

Voir aussi Li Romans de Raoul de Cambrai et de Bernier, ed. E. le Clay (Paris, 1840); Raoul de Cambrai, ed. P. Meyer et A. Longnon (Soc. des anc. textes Fr., Paris, 1882); J. M. Ludlow, Popular Epics of the Middle Ages (London and Cambridge, 1865); H. Grüber, Grundriss d. roman. Phil. (ii. pp. 567 seq.).

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