Rétrovirus endogène

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Un rétrovirus endogène (ERV, de l'anglais endogenous retrovirus) désigne une séquence du génome d'un organisme stable (c'est à dire qui se transmet de génération en génération) et ayant des analogies avec certains rétrovirus (classés eux comme exogènes car leur génome n'est pas présent dans celui de l'organisme).

Des ERV ont été trouvés dans le génome de tous les eukaryotes étudiés [1] et sont généralement inactifs et sans conséquence pathogène pour l'organisme.

Sommaire

[modifier] Origine

L'origine des ERV n'est pas certaine, mais l'hypothèse la plus reprise est celle de l'infection de cellule germinales (qui participent à la production des gamètes et assurant ainsi la transmission de leur patrimoine génétique aux générations suivantes) par un rétrovirus.

La plupart des rétrovirus infectent des cellules somatiques, mais peuvent aussi infecter des cellules germinales. Lorsque une telle infection a lieu et que les cellules survivent à l'infection (par exemple à cause d'une mutation du rétrovirus qui le rend défectif), le génome du rétrovirus peut être transmit à la génération suivante et persister durablement au sein du génome de l'organisme sans avoir d'incidence notable sur son développement

[modifier] Défectif, mais pas inactif

Bien que cette séquence existe et puisse être lue par la machinerie cellulaire de l'organisme, elle a néanmoins subit plusieurs mutations dû à l'évolution rendant le rétrovirus endogène généralement défectifs et incapable de produire les protéines constituants les virions lorsque sa séquence est exprimée.

Bien que incapable d'assurer un cycle de réplication complet, les rétrovirus endogènes ne sont pas toujours sans conséquence pour l'organisme hôte. Ainsi certains ont gardé leur pouvoir infectieux (comme chez le porc et la souris), certains jouent même un rôle dans certains aspects physiologiques (comme le HERV-W de l'Homme qui participe à un des mécanismes assurant la formation du placenta) [2]. Cette soudaine expression peut avoir diverses origines, comme les hormones ou des facteurs externes à l'organisme comme des radiations ou l'exposition à des agents chimiques [1].

[modifier] HERV

Les human endogenous retroviruses (HERV) n'ont été mis en évidences que depuis le séquençage du génome humain et en représente une partie importante (8%, avec environ 98 000 éléments et fragments) [2] [3].

Les HERV sont classé en trois classes et plusieurs sous-groupes [2] :

  • classe I : apparentée aux gammarétrovirus
  • classe II : apparentée aux bétarétrovirus
  • classe III : apparentée aux spumavirus

Les rétrovirus des classes I et III sont plus anciens que ceux de la classe II qui se seraient intégrés au génome du genre homo il y a cinq millions d'années.

Bien que fortement soupçonnés, il n'y avait en 2003 aucune preuve claire que les rétrovirus endogènes soient responsables, ou même soit un co-facteurs de diverses maladies comme les cancers, les maladies auto-immunes ou neurologies [2].

[modifier] HERV-K

HERV-K est une famille de rétrovirus endogènes qui a été intégré au génome humain il y au moins 30 millions d'années. Cette famille est particulièrement étudiés car il semblerait qu'elle ait été encore active il y a peu de temps, la rendant idéal pour distinguer les différents mécanismes de prolifération au sein du génome [3].

En 2006, une équipe de chercheurs de l'Institut Gustave-Roussy, à Villejuif, France), a réussi, à partir d'une trentaine d'éléments copiés par ces rétrovirus au sein du génome humain, à reconstituer un rétrovirus, qu'ils ont appelé Phœnix et qui s'est révélé être capable d'assurer un cycle de réplication complet [4].

[modifier] Références

  1. ab Brian WJ Mahy, A Dictionary of Virology, Academic Press, 2001 (ISBN 0-12-465327-8), « Endogenous retrovirus », p. 122
  2. abcd Anne-Geneviève Marcelin et Vincent Calvez (Sous la direction de Jean-Marie Huraux), Traité de virologie médicale, Éditions Estem, 2003 (ISBN 2843712033), « Rétrovirus humains émergents », p. 615
  3. ab (fr) Robert Belshaw, Vini Pereira, Aris Katzourakis, Gillian Talbot, Jan Pačes, Austin Burt et Michael Tristem, « Long-term reinfection of the human genome by endogenous retroviruses » sur PubMed Central, 6 avril 2004, Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America. Mis en ligne le 25 mars 2004, consulté le 19 décembre 2007
  4. (fr) Marie Dewannieux, Francis Harper, Aurélien Richaud, Claire Letzelter, David Ribet, Gérard Pierron et Thierry Heidmann, « Identification of an infectious progenitor for the multiple-copy HERV-K human endogenous retroelements », 31 octobre 2006, Genome Research. Mis en ligne le 31 octobre 2006, consulté le 18 décembre 2007