Poppers

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Les poppers sont des vasodilatateurs initialement utilisés en médecine pour le soin de certaines maladies cardiaques, qui se présentent généralement sous la forme d'un liquide très volatil contenu dans une fiole de 10 à 15 ml[1].

Auparavant commercialisées à usage médical pour certaines affections cardiaques, les ampoules contenant ces substances produisaient à l'ouverture un bruit pop qui a donné le nom au produit. On a très vite compris que les effets secondaires, principalement l'euphorie, la sensation orgasmique et la dilatation des muscles pouvaient avoir une application lors de l'activité sexuelle.

Ils étaient auparavant vendus en sex-shops où leurs qualités vasodilatatrices sont surtout vantées pour l'anus. C'est d'ailleurs pour cet effet-là qu'il est considéré comme un jouet sexuel.

Le poppers est une substance très inflammable.

Sommaire

[modifier] Historique

En 1844, le chimiste français Antoine Balard synthétise le nitrite d'amyle[2].

En 1867, l'écossais Thomas Lauder Brunton découvre l'intérêt cardiologique du nitrite d'amyle : levée des spasmes coronariens chez l'angineux. Il sera par la suite remplacé par d'autres dérivés nitrés dont la trinitrine[2].

Dès les années 1970, les poppers circulent dans les milieux homosexuels pour leurs effets sur la sexualité : augmentation de la durée de l'érection, amplification des contractions orgasmiques, retard à l'éjaculation[2].

Leur utilisation se répand ensuite dans une population plus jeune qui recherchent plus les effets euphorisants que les effets sur la sexualité[2].

[modifier] Chimie

Les poppers appartiennent aux nitrites d'alkyles aliphatiques ou cycliques et se présentent surtout sous formes de nitrites d'amyle et de nitrites de butyle, voire parfois nitrites de propyle.

[modifier] Formule

R-OH + NaNO2 + H2SO4 <==> R-ONO + NaHSO4 + H2O

Par exemple, le nitrite de butyle sera synthétisé à partir de l'alcool butylique (R=butyl)

[modifier] Usage détourné et récréatif

Flacons de poppers
Flacons de poppers
Flacon de poppers
Flacon de poppers

L'utilisation préconisée est de laisser ouvert le flacon dans une pièce propre, bien aérée et sèche, et de laisser se diffuser les effets dans l'air ambiant. Cependant, l'usage récréatif consiste à renifler - sniffer - directement les vapeurs narine après narine au-dessus de la fiole.

Il s'appelle aussi parfois pop et appartient à la classe des hallucinogènes.

[modifier] Effets et conséquences

Les effets seraient brefs et fugaces. Cependant, de récentes études montrent leur implication dans l'apparition du Sarcome de Kaposi[3],[4]. (A vérifier le fondement de cette étude car cela fait partie du mythe qui avait associé le SIDA aux poppers dès le début des années 80 alors que l'on n'avait pas encore identifié le virus. Le "cancer gay" pouvait être attribué aux poppers largement utilisés par la communauté homosexuelle, un des symptômes physique du SIDA étant l'apparition du Sarcome de Kaposi.) L'association de poppers et de Viagra peut entraîner des accidents cardio-vasculaires parfois fatals[2], par accumulation de monoxyde d'azote[5], dont ils sont tous deux une source.

Il franchit la barrière placentaire et a été identifié comme facteur de causalité pour certains syndromes du bébé bleu (méthémoglobinémie).

Il existe un risque explosif, jamais négligeable avec des dérivés nitrés.

[modifier] Effets recherchés

  • euphorie
  • sensualité exacerbée
  • désinhibition
  • bouffée vertigineuse et stimulante

[modifier] Effets à court terme

  • vertiges voire malaise[2]
  • maux de tête et nausées[2]
  • irritation des muqueuses, dont les muqueuses nasales.
  • hyperthermie
  • vasodilatation[2]
  • augmentation du rythme cardiaque[2]
  • baisse de la pression artérielle
  • augmentation de la pression interne de l'œil (hypertension intraoculaire)[2]
  • Lèvres bleues, teint pâle et ongles violets foncés
  • Méthémoglobinémie parfois mortelle

[modifier] Effets à long terme

L'utilisation répétée du poppers peut engendrer :

  • une crise d'asthme, une bronchite
  • une dépression respiratoire
  • un endommagement des cloisons nasales avec irritation souvent suppurante des muqueuses : dermatose faciale avec formation de croûtes jaunâtres (poppers dermatitis)[2]
  • hémolyse[2]

Dans les études sur les animaux, les poppers se sont révélés être mutagènes et cancérigènes[6].

[modifier] Législation française

Les poppers contenant des nitrites de butyle ou de pentyle sont interdits à la vente en France depuis le 26 mars 1990 [2] (Décret n°90-274 du 26 mars 1990, relatif aux produits dits poppers contenant des nitrites de butyle et de pentyle). Texte abrogé par Décret no 2007-1636 du 20 novembre 2007.

Par décret en Conseil d'Etat n° 2007-1636 du 20 novembre 2007, publié au journal officiel de la République française le 22 novembre 2007, le premier ministre François Fillon a interdit la fabrication, l'importation, l'exportation, l'offre, la détention en vue de la vente ou de la distribution à titre gratuit, la mise en vente, la vente et la distribution à titre gratuit des produits de type poppers ne bénéficiant pas d'une autorisation de mise sur le marché.

[modifier] Liens externes

[modifier] Notes et références

  1. Amine Benyamina, Le cannabis et les autres drogues, Solar, 2005 (ISBN 2-263-03904-X)
  2. abcdefghijklm Denis Richard, Jean-Louis Senon, Marc Valleur, Dictionnaire des drogues et des dépendances, Larousse, 2004 (ISBN 2-03-505431-1)
  3. Effects of inhalant nitrites on VEGF expression: a feasible link to Kaposi's sarcoma?
  4. Correlates of Prevalent and Incident Kaposi' Sarcoma The relationship of amyl nitrite use to KSHV seroincidence was further investigated by adding the significant univariate variables to the model, one at a time. The OR did not change after adding either HSV-2 infection or bacterial STIs to the model, but it declined from 7.0 (95% CI, 2.0-24.9) to 5.5 (95% CI, 1.4-20.8) after adding a reported history of bathhouse use. Thus, these variables did not mitigate the association between amyl nitrite use and KSHV seroconversion.
  5. Le monoxyde d'azote est un vasodilatateur
  6. Ronald W. Wood, The Acute Toxicity of Nitrite Inhalants, in NIDA Research, Monograph 83.