Pierre-Bienvenu Noailles

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Pierre-Bienvenu Noailles
Pierre-Bienvenu Noailles peint par Léon Bonnat en 1899
Pierre-Bienvenu Noailles peint par Léon Bonnat en 1899
Nom Pierre-Bienvenu Noailles
Surnom Le Bon Père
Naissance 27 octobre 1793
à Bordeaux, France
Décès 8 février 1861 (à 68 ans)
à Bordeaux, France
Nationalité Française
Profession Prêtre catholique
Formation Séminaire d'Issy
Autres fonctions Fondateur de l'Association Sainte Famille de Bordeaux

Pierre-Bienvenu Noailles, né le 27 octobre 1793 à Bordeaux (France) et décédé le 8 février 1861 (idem), prêtre catholique, est le fondateur de l'Association de la Sainte Famille de Bordeaux.

Sa cause de béatification a été introduite le 23 juin 1944. Il a été déclaré vénérable le 8 février 1988 par le Pape Jean-Paul II

Sommaire

[modifier] Biographie

[modifier] Son enfance

Pierre-Bienvenu Noailles voit le jour à Bordeaux en 1793, pendant la Terreur. Baptisé quelques heures après dans la Cathédrale, celle-ci sera dès le lendemain, réquisitionnée et transformée en magasin de fourrage pour l'armée. La plupart des églises sont fermées, le tribunal révolutionnaire condamne à mort des centaines de Bordelais, la guillotine dressée au centre de la ville fonctionne à plein rendement. Les prêtres sont profondément divisés à propos de la Constitution civile du clergé. Les uns ont prêté serment, les autres sont entrés en résistance, et le payent parfois de leur vie. Opposée à cette atmosphère de violence, la famille Noailles accueille un huitième enfant dans un havre de douceur. Le nom qu'il reçoit dit beaucoup de cette atmosphère chaleureuse dont il est entouré. En effet il est « Bienvenu » au foyer de ses parents, car trois des enfants qui ont précédé Bienvenu sont morts. Peu après, un frère et une sœur viendront élargir à nouveau le cercle de famille.

Hardi, volontaire, entreprenant, il règne déjà sur ses frères et sœurs. Mais ses qualités de cœur, sa bonté, la vivacité de son intelligence en font un enfant sincèrement attachant. Les autre ne suscitent chez lui aucune crainte, il sont toujours « bienvenus ». Aussi, peut-on lui refuser l'amitié, l'affection, l'intérêt ?… Il ouvre les portes de tous les cœurs et peu résistent à ses charmes.

Pierre-Bienvenu a six ans et demi quand s'ouvre le XIXe siècle. Il va en parcourir les trois quarts. Il évolue dans l'ambiance d'une ville et d'une Eglise minées par la Révolution. Il grandit dans une famille chrétienne, mais il ne reçoit pas à proprement parler de formation religieuse. Comme bien d'autres commerçants, son père et son oncle associés dans une affaire de commerce de grains sont ruinés. Les temps sont difficiles. À l'aisance des débuts succèdent des jours de stricte économie, aussi dès l'âge de quatorze ans Bienvenu travaille.

[modifier] Son adolescence

Choyé par sa famille, Pierre-Bienvenu, mène une adolescence relativement insouciante. Bal, théâtre, sorties nocturnes se multiplient. Naturellement doué avec un penchant pour la littérature, il peut être poète et tragédien à son heure, mais aussi bon cavalier, joueur d'escri-me doté d'une lame redoutable. Bien des possibilités s'offrent à lui, mais manifestement il ne sait pas encore comment orienter sa vie.

À cette époque Pierre-Bienvenu ne connaît la religion que sous la forme d'un « sentimentalisme assez vague et en ignore la pratique ». Mis en relation avec un prêtre, l'Abbé Martegoutte et d'autres jeunes, il contribue en 1810 à la fondation d'un cercle, « La Société des Amis Chrétiens », ouverte à tous, et notamment à des universitaires pour imprégner ces milieux d'esprit chrétien. Ainsi découvre-t-il des personnalités de prêtres qui pendant la Révolution ont risqué leur vie et donné un puissant témoignage de foi, tel le Père Chaminade, Fondateur des Marianistes. C'est auprès de l'un d'eux, l'Abbé Dinéty, que Pierre-Bienvenu vivra des heures décisives, en préparant sa première communion, à raison d'une heure chaque jour pendant dix-huit mois. Par ailleurs, soupçonnant ses talents littéraires et son érudition, Monsieur de Peyronnet, un des plus célèbres avocats de Bordeaux futur ministre de Charles X, le prend dans son cabinet comme secrétaire. Il n'a que dix sept ans. Il lui manifestera toujours une affectueuse sollicitude, d'autant que quelques mois plus tard, Monsieur Noailles meurt subitement.

[modifier] Sa vocation

Le Concordat avait apporté à l'Eglise de France un certain apaisement. Avec la liberté de culte retrouvée, elle sort peu à peu de sa vie souterraine. Pierre-Bienvenu à Bordeaux, est témoin et acteur d'une Église en reconstruction. Son tempérament et sa nature généreuse s'affirment. L'abbé Dinéty oriente avec tact et intelligence cette fougueuse personnalité dont il a su gagner la confiance.

C'est finalement un jeune adulte de vingt ans qui pour la première fois reçoit la communion. Cet événement fait partie des moments-clefs de la vie de Pierre-Bienvenu.

A cette époque les occupations de secrétaire laissent à Pierre-Bienvenu assez de temps pour continuer ses études, mais il déploie encore ses énergies dans de multiples centres d'intérêts. Ainsi, il fonde en 1814, un cercle littéraire, puis une société d'étudiants en droit et de secrétaires d'avocats. Il ne manque pas de rédiger les statuts et règlements de ces sociétés et d'en être l'âme inspiratrice et organisatrice. De la graine de chef est en train de pousser dans cette personnalité si débordante. Sa capacité à rassembler est notoire. Partisan à un moment des Bourbons, la carrière militaire le tente, la médecine aussi. Les partis ne manquent pas non plus.

C'est dans ce contexte que Pierre-Bienvenu, muni de quelques recommandations, va à Paris pour faire son droit, c'est du moins ce qu'il annonce à ses nombreuses relations. Mais depuis sa communion, l'idée du sacerdoce, telle une rivière souterraine, se fraye lentement un chemin dans son esprit et dans son cœur. Aussi le 13 Octobre 1816, on le retrouve inscrit au Grand Séminaire d'Issy, proche de Paris. Quelques semaines plus tard, son jeune frère Amand, entre également au Grand séminaire de Bordeaux.

[modifier] Le séminaire - Saint-Sulpice

Quand Pierre-Bienvenu se présente à Issy, le Séminaire vient de rouvrir ses portes depuis quelques mois seulement. La Compagnie des Pères de Saint-Sulpice dirige le Séminaire d'Issy-les-Moulineaux dans la banlieue Parisienne. Elle jouit d'une solide réputation d'éducateurs du clergé. N'a-t-elle pas formé au XVIII° siècle plus de la moitié des évêques français? Son oeuvre principale, la direction des grands séminaires, consiste à préparer ceux qui sont ordonnés au service presbytéral.

Par son Fondateur, Jean-Jacques Olier, fils spirituel du Cardinal de Bérulle (1575-1629), la compagnie, fondée en 1641, plonge ses racines dans ce qu'on appellera au début du XIX° Siècle: « L'École Française de Spiritualité ». En reconstituant la compagnie supprimée pendant la Révolution, les Sulpiciens sont conscients d'assurer par leur mission la continuité de l'Église de France.

Par certains côtés l'époque est exaltante, le chantier immense, tout est à reconstruire. Il s'agit donc de former une nouvelle génération de prêtres capables de relever un tel défi. Aussi Pierre-Bienvenu rencontre-t-il au cours de sa formation, des prêtres pleins de courage apostolique. L'un d'entre eux, l'Abbé Gabriel Mollevaut, un converti, accompagnateur spirituel de Pierre-Bienvenu, exerce sur lui une réelle influence.

Pierre-Bienvenu intègre les fondements de la Spiritualité de l'École Française que les Pères Sulpiciens s'attachent à développer, en les reliant à son expérience personnelle.

Dans les jardins d'Issy, une chapelle dédiée à Notre-Dame de Lorette, et destinée à rappeler la vie de la Sainte Famille à Nazareth, est souvent visitée par les séminaristes. Pierre-Bienvenu aime lui aussi prier en ce lieu. Il y prolonge ce contact spirituel, ce dialogue permanent avec la Sainte Famille. Peu à peu, il intériorise ses valeurs, et se consacre définitivement à elle. C'est une grâce de Fondateur qu'il reçoit dans cette chapelle. Il y conçoit l'idée d'une 'Association', une Famille Spirituelle. Cette Famille serait ouverte à tous les états de vie. Elle proposerait à ses contemporains de chercher Dieu en suivant l'exemple et les vertus de la Sainte Famille de Jésus Marie et Joseph.

Il entend ainsi renouveler la société et l'Eglise de son temps en faisant revivre l'esprit des premières communautés chrétiennes. Pierre-Bienvenu ne sait pas encore quand, comment et avec qui il réalisera ce projet en gestation mais il a conscience d'être dépositaire d'un trésor qui vient de Dieu. Pour l'heure, Il poursuit sa formation et il est ordonné prêtre le 5 juin 1819, veille de la fête de la Sainte Trinité en l'église Saint-Sulpice à Paris.

[modifier] Vicaire des pauvres

Une fois achevé « l'heureux temps du séminaire » comme il aimait l'appeler, le jeune prêtre fraîchement ordonné, est accueilli très cordialement à Bordeaux, par sa famille, par Madame Noailles qui a toujours cru en son fils et dont les vœux sont enfin exaucés, par son évêque, Monseigneur d'Aviau, toujours très bienveillant, sans oublier le curé de la paroisse de Saint-Eulalie qui fait prévaloir ses droits pour obtenir ce jeune vicaire si entreprenant. Il a 26 ans, il partage cette nouvelle mission avec trois autres vicaires.

L'Abbé Noailles entend vivre sa vie sacerdotale en s'appuyant sur un projet clairement élaboré au sortir du séminaire, et dûment soumis à son directeur spirituel. Effectivement en observant les premiers pas de ce jeune prêtre, on peut retrouver les lignes directrices de son projet de vie.

Sa paroisse est aux limites des faubourgs, proche du quartier déshérité du Tondu. Là, les épaves de la Révolution ont échoué. Pierre-Bienvenu sera pauvre au milieu des pauvres. Il quitte le nid douillet de la maison familiale où il a été reçu à son arrivée de Paris, pour demeurer au cœur de sa paroisse, partageant son toit et sa nourriture avec des miséreux. C'est notoire, il donne tout, jusqu'au matelas.

Il collabore avec Mademoiselle de Lamouroux qui oeuvre aussi sur la paroisse Sainte-Eulalie et recueille dans sa fondation de « La Miséricorde » des jeunes filles tirées de la rue, dites repenties, mais exclues de la société.

C'est avec beaucoup de bonté, de compassion que le Père Noailles les visite, et c'est avec des sentiments semblables qu'il assiste les condamnés à mort à la prison du fort du Hâ non loin de sa paroisse, organise la confrérie des Pauvres Mendiants, et l'Association des Dames de Charité pour secourir les pauvres.

Portrait de Pierre-Bienvenu Noailles 1836, exécuté par de Galard (1779-1841), peintre Bordelais
Portrait de Pierre-Bienvenu Noailles 1836, exécuté par de Galard (1779-1841), peintre Bordelais

[modifier] Fondateur d'une Congrégation

Depuis le séminaire, le Père Noailles porte le projet d'une vaste Association dans laquelle pourront être inclus les différents états de vie et les différentes vocations dans l'Église. Monseigneur d'Aviau l'évêque de Bordeaux, ne s'y trompe pas: « Ce n'est pas une oeuvre ordinaire que vous allez commencer. Votre plan est celui d'un vaste Institut, n'importe, allez de l'avant. »

Il prend conseil de personnes avisées, et fort des encouragements de son évêque, il les rassemble officiellement pour une vie communautaire, le 28 mai 1820, jour de la Sainte-Trinité. Parmi elles figure sa sœur Catherine-Aimée Noailles. Elle envisage peut-être le Carmel, finalement elle décide de s'offrir pour l'œuvre de son frère et rejoint le petit groupe après défection de l'une d'entre elles. Un autre événement va contribuer considérablement à raviver sa confiance. Dix-huit mois après la Fondation, le 3 février 1822, le Seigneur donne un signe éclatant de sa présence. Il se manifeste à toute l'assistance, venue prier avec la communauté pendant la bénédiction du Saint-Sacrement[1].
Débordant pour ainsi dire le cadre de l'hostie exposée pour l'adoration et se substituant à elle, le Seigneur prend les apparences d'un homme jeune, en buste, d'environ trente ans. Son visage lumineux rayonne de beauté. Il bénit d'un geste plein de bonté. Pendant 20 minutes, une assemblée stupéfaite mais en paix le contemple. Une des sœurs profondément recueillie, ne regarde pas, tous ses sens sont absorbés par une parole intérieure qu'elle reçoit du Seigneur: « Je suis Celui qui suis et il n'y a que Moi qui sois. »
Monseigneur d'Aviau authentifie l'événement après une enquête des plus minutieuse.
[non neutre]On n'épuise pas la signification d'une telle faveur, mais dans l'immédiat elle est interprétée comme un encouragement pour aller de l'avant. De fait dans les mois qui suivent l'œuvre s'accroît, le petit groupe des fondatrices s'élargit encore, à tel point que l'abbé Noailles demande à son évêque d'être déchargé de son ministère à la paroisse Sainte-Eulalie, pour se consacrer à la cohésion et au développement de son œuvre.

[modifier] Vénérable

Le père Noailles meurt à Bordeaux le 8 février 1861, après une longue et douloureuse agonie. Sa mort fut, exemplaire, et jusqu'à la fin, il rapellera l'esprit qui doit guider les membres de la Sainte-Famille.

« Je vais vous quitter, ne vous affligez pas de mon départ. Soyez étroitement unies dans la charité de Jésus Christ. N'ayez qu'un cœur et qu'une âme, qu'une volonté pour faire aimer Notre Seigneur et lui gagner tous les cœurs et ce bon Maître demeurera au milieu de vous, et la Sainte-Famille, fidèle à sa mission, continuera à faire le bien sur la terre.»

« Vous continuerez mes œuvres, vous y maintiendrez l'esprit que votre bon père a cherché à leur inspirer : esprit de dévouement, de charité, d'abnégation, esprit de Dieu seul, esprit de famille. »

À sa mort en 1861, les neuf branches féminines comprenaient plus de 1 500 religieuses, réparties en 223 maisons en France, en Espagne, en Italie et en Algérie. Environ 20 000 laïcs étaient associés.

La réputation de sainteté de Pierre-Bienvenu Noailles est déjà attestée de son vivant, et elle déborde vite le cadre de son oeuvre. Tous ceux et celles qui ont eu quelques raisons de l'approcher ont été frappés par son rayonnement. L'Église l'a déclaré Vénérable le 8 février 1988.

[modifier] Citations

[modifier] Galerie

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[modifier] Références

  1. Apparition de Jésus dans le Saint Sacrement à Bordeaux en 1822

[modifier] Liens externes