Piave

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Le fleuve Piave en Italie
Le fleuve Piave en Italie

Le Piave est un fleuve qui coule en Vénétie, dans le nord de l'Italie. Il prend sa source à 1934 m d'altitude, dans la vallée de Sappada, sur les pentes du mont Peralba (2639 m) dans les Alpes orientales.

Son cours est orienté en direction du sud-est pendant 220 km avant de déboucher dans la mer Adriatique non loin de Venise. Son bassin hydrographique couvre une superficie de 4100 km². Son débit interannuel moyen ou module est de 135 m³/s à l'embouchure.

Sommaire

[modifier] Géographie

Le fleuve Piave naît dans les Alpes orientales et plus précisément dans les Alpi Carniche, sur pentes méridionales du Monte Peralba, dans la commune de Sappada, en province de Belluno, à une altitude de 2 037 m. C’est le cinquième fleuve d’Italie pour sa longueur, parmi ceux qui se jettent directement dans la mer. Après 220 km, Il débouche dans la Mer Adriatique, au nord-est de Venise, près du port de Cortellazzo entre Eraclea et Jesolo. Sur la gauche, l’embouchure est appelée Laguna del Mort, enclave d’eau de mer peu profonde délimitée par le bras mort du fleuve.

Le fleuve est entièrement contenu dans la région de Vénétie, malgré que le bassin touche partiellement les provinces de Pordenone, Trente et Bolzano. Il traverse le Comelico (ensembles de communes), le Cadore (zone de montagne des Dolomites) et la Valbelluna (po Val Belluno, autre zone des Dolomites) dans la province de Belluno et la plaine Vénète dans les provinces de Trévise et de Venise, touchant les villes de Valdobbiadene, Nervesa della Battaglia, Colfosco, Ponte della Priula, Ponte di Piave, San Donà di Piave, Eraclea et Jesolo.

Déjà, peu de kilomètres après la source, le Piave produit un débit notable dû à l’afflux de nombreux torrents, Limité récemment par la construction des bassins hydroélectriques artificiels et de canalisations pour l’agriculture.

[modifier] Les affluents

  • À droite: Ansiei, Padola, Boite, Cordevole, Maè, Ardo di Belluno, Sonna, Caorame
  • À gauche: Terche, Ardo della Sinistra Piave, Soligo

Le plus important de tous est le Cordevole, avec un bassin hydrographique de 866,77 Km².

[modifier] Les lacs

Le long du cours du fleuve et des ses principaux affluents se trouvent de nombreuses digues qui forment des lacs artificiels, utilisés pour la force hydroélectrique. :

  • le long du Cordevole et du Mis : lac de Alleghe, lac du Ghirlo (à Cencenighe Agordino), lac du Mis
  • le long de l'Ansiei : lac de Misurina, lac de Santa Caterina (à Auronzo di Cadore)
  • le long du Piave : lac du Comelico, lac de Centro Cadore
  • le long du Boite : lac de Vodo di Cadore, lac de Valle di Cadore
  • le long du Maè : lac de Pontesei,
  • sur le Tesa (déviation du Piave) : lac de S.Croce

À Busche un barrage prélève les eaux qui sont utilisées pour alimenter les centrales de Quero et Pederobba, et pour les besoins d’irrigation.

[modifier] Histoire

Au XVIe siècle, le cours ancien du Piave a été dévié par un canal artificiel (Taglio del Re), vers l’est à la hauteur de Caposile, fraction de Musile di Piave, sur décision des ingénieurs hydrauliciens de la Sérénissime, pour éviter l’apport important de sédiments et l’ensablement de la lagune. Ce bras mort permit au Sile, à partir du XVIIe siècle, de se jeter dans l'Adriatique, par l'ancienne embouchure du Piave (dit aussi Piave Vecchia) qui sépare les communes de Jesolo et Cavallino-Treporti.

Jusqu’au 5 octobre 1935, la « Laguna del Mort », n’était autre que le dernier tronçon de fleuve et son embouchure. À l’époque le Piave courait perpendiculairement à la ligne de côte jusqu’à quelques centaines de mètres de la mer Adriatique. Juste à proximité de la localité de Cortellazzo, le fleuve faisait un angle droit à gauche et courait sur environ 3 km, est se jetait dan la mer. Ce jour, au maxi d’une crue, le Piave rompit la digue droite juste dans la courbe vers le Nord-est et se jeta immédiatement dans la mer, abandonnant son ancien lit et obstruant, par l’apport de sable et de boue, son embouchure et le fleuve même. Cette dernière partie du Piave, privée d’apport en eau douce, sera colmatée par la seule action des marées. Avec le temps, le bras mort de l’embouchure du Piave c’est lentement enterré, devenant l’habitat naturel de centaines d’oiseaux marins et lagunaires

Le fleuve Piave est considéré comme sacré pour la patrie, en vertu des évènements historiques qui s’y sont déroulés pendant la Première Guerre mondiale.

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Les sources du Piave, dans la commune de Sappada

La partie méridionale du cours du Piave devient une ligne stratégique importante en novembre 1917 suite à la défaite italienne de Caporetto. Après le passage sur la rive droite du reste de l’armée italienne et la destruction des ponts, le fleuve devient la ligne de défense contre les autrichiens et allemands qui, malgré diverses tentatives, ne réussiront pas à traverser le fleuve. La difficulté pour traverser était dut aussi à la période d’inondation du fleuve due aux fortes pluies. La ligne résista jusqu’en octobre 1918 quand, suite à la bataille de Vittorio Veneto, les adversaires furent vaincus et contraints à l'armistice.

La victoire des Italiens signa la fin de l'armée austro-hongroise, et indirectement celle de l'empire des Habsbourgs.

[modifier] Fêtes, foires

[modifier] Le pacte d’amitié

A une trentaine de kilomètres de Venise sont deux communes limitrophes et séparées par le fleuve Piave : San Donà di Piave et Musile di Piave. Aujourd’hui ce sont deux centres importants et florissants de la province de Venise. En effet, San Donà et Musile vivent d’agriculture et de commerce et comptent, respectivement, environ 35.000 et 10.000 habitants. Il y a sept siècles, cependant, en plein Moyen Âge, c’étaient deux petites communautés d’une zone marécageuse, un agrégat de chaumières autour de leurs églises et de leurs saints patrons. Le « pacte d’amitié » entre les deux communautés remonte à cette période lointaine, où se mêlent les faits historiques et la légende. Le fleuve Piave changea son parcours de façon naturelle, en 1258 selon l’historien Plateo, en 1383 selon d’autres savants. Ce fut un événement si extraordinaire que les limites territoriaux durent être modifiées. Or l’église de San Donato (Saint Dieudonné ) marquait la limite entre deux diocèses : celui du patriarche d’Aquileia d’un côté, de l’évêque de Torcello (Venise) de l’autre. La petite église, qui se trouvait auparavant du côté gauche du fleuve Piave, et donc du côté de San Donà di Piave, était maintenant du côté droit du fleuve, dans le territoire de Musile di Piave. Le village de San Donà (qui n’est que la forme tronquée de San Donato) se retrouvait ainsi privé de son identité, puisque l’église vouée à son saint patron était désormais de l’autre côté du fleuve. D’où le compromis : le nom de San Donato resterait au centre actuel de San Donà, tandis que Musile garderait le droit de faire la traditionnelle fête paroissiale en honneur du saint patron. La population ("bagauda") de San Donà devrait récompenser celle de Musile pour les siècles à venir, en offrant deux chapons vivants, gros et succulents (gallos eviratos duos) le 7 août de chaque année.

Une municipalité gardait le nom, l’autre les deux chapons. Celle-ci est la synthèse du "pacte d’amitié" historique et légendaire entre les deux communes. Tous les ans, le 7 août, le paiement du tribut se répète de la part du maire de San Donà au maire de Musile.

L’usage a été rétabli dans une cérémonie enrichie avec beaucoup d’attention aux détails historiques sous le patronage des deux mairies et de la Région Vénétie.

[modifier] Catastrophe de Longarone

Le 9 octobre 1963, le lac artificiel du Vajont (affluent du Piave) déclenche une vague catastrophique de 35 millions de mètres cubes de terre et 200 mètres de haut. Elle envahit la vallée du Piave et détruit les villages aux alentours faisant 2168 morts.

[modifier] Problèmes ambiantaux

Le grand développement hydrique et l’abandon partiel du lit naturel du fleuve, fait du Piave un des cours d’eau les plus artificiels d’Europa. À partir de la seconde moitié des années 1990 a commencée à émerger, par conséquent, une question ambiantale liée au Piave, qui a porté à la demande, adressée en particulier à l’'ENEL, d’assurer le débit minimum vital du fleuve. La "cas Piave" a été soulevé et pausé, antre autre, par l’administration de la Province de Belluno et par le “Centro Internazionale Civiltà dell'Acqua” de Mogliano Veneto, en particulier son co-fondateur, l’écrivain et journaliste Renzo Franzin. Selon ce que rapporte le journal local Corriere delle Alpi, [1] en 2007 à Belluno avec le support des actions “Marie Curie” de la Commission européenne, se tiendra un séminaire de recherche sur le thème de l'exploitation du fleuve Piave et de l’utilisation de l’eau.

[modifier] Curiosité

La parole "Piave" est, dans l’usage local et dialectal, du genre féminin. Aujourd’hui, pourtant, l’usage prédominant (en langage italien standard exclusivement) est masculin. La forme féminine est toutefois utilisée, pour souligner un lien avec la culture locale.

[modifier] Liens internes

[modifier] Liens externes

[modifier] Bibliographie

  • (1) Ugo Nardi - pg 28 de "Noi e voi" N°40 - 2007 [2]