Paul Durand-Ruel

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Paul Durand-RuelPortrait par Pierre-Auguste Renoir.
Paul Durand-Ruel
Portrait par Pierre-Auguste Renoir.

Paul Durand-Ruel, né le 31 octobre 1831 à Paris où il est mort le 5 février 1922, est un marchand d'art français, connu pour avoir imposé les principaux peintres impressionnistes sur le marché de l'art en organisant des expositions d'envergure, notamment à Londres et à New York. Après avoir repris la galerie de son père en 1865, il s'intéressa, dès le début des années 1870, à Claude Monet, Alfred Sisley, Camille Pissarro et Auguste Renoir.

Sommaire

[modifier] Biographie

Le père de Durand-Ruel est marchant d'art. En 1865, le jeune Paul reprend les rênes de l'entreprise familiale, qui représente notamment Corot et l'école de peinture paysagère de Barbizon. Au cours des années 1860 et aux début des années 1870, Paul se montre un défenseur brillant et un excellent vendeur de cette école. Il se tisse rapidement un réseau de relations avec un groupe de peintres qui se feront connaître sous le nom d'impressionnistes.

Pendant la Guerre franco-prussienne de 1870-1871, Durand-Ruel quitte Paris pour se réfugier à Londres, où il retrouve un certain nombre d'artistes français, au nombre desquels Charles-François Daubigny, Monet et Pissarro[1]. En décembre 1870, il ouvre la première d'une série de dix expositions annuelles de la Société des artistes français à sa nouvelle galerie londonnienne, au 168 New Bond Street, sous la direction de Charles Deschamps[2].

Dès 1870, il reconnaît le potentiel artistique et commercial des impressionnistes. Sa première exposition d'importance se tient en 1872, toujours à Londres. Il tient ensuite des expositions impressionnistes, avec entre autres la participation du peintre américain expatrié en Angleterre, James Abbott McNeill Whistler, dans ses galeries parisienne et londonienne. Il expose leurs œuvres à New York, faisant ainsi beaucoup pour établir la popularité du mouvement aux États-Unis.

Au cours des trois dernières décennies du XIXe siècle, Paul Durand-Ruel devient le plus célèbre galeriste français, de même que le principal soutien commercial des impressionnistes de par le monde. Il réussit à créer un marché de l'art impressionniste aussi bien aux États-Unis qu'en Europe. Il va jusqu’à proposer aux artistes de les payer au mois, les tirant ainsi de la misère, en contrepartie de l’exclusivité de leur production. En s’arrogeant cette exclusivité, il peut ainsi spéculer, à loisir, sur la cote des artistes qu'il signe.

[modifier] Un capitaliste visionnaire

Il impose ainsi au marché de l’art une dynamique nouvelle. En s’endettant et en anticipant sur la demande, il rompt totalement avec les tergiversations des anciens marchands comme le père Malgras, qui avait, selon Émile Zola, « basé son affaire sur le renouvellement rapide de son petit capital, n'achetant jamais le matin sans savoir auquel de ses amateurs il vendrait le soir ».

L'art devient une valeur marchande presque comme une autre, soumise aux aléas de la spéculation. Grâce au crédit dont il jouit auprès de riches financiers, Durand-Ruel pousse artificiellement à la hausse, notamment en organisant des ventes fictives, en rachetant aux enchères les toiles mises en vente par ses soins dans les salles de l'hôtel Drouot.

Durand-Ruel est, tout au long de sa carrière, en rivalité intense avec le galeriste parisien Georges Petit (1856-1920).

[modifier] La crise de 1882

Suite au krach de l'Union générale en 1882, il est mis en demeure de rembourser ses créanciers. Ne pouvant plus subvenir aux besoins de « ses » peintres, il est contraint de vendre à bas prix son stock de toiles impressionnistes, provoquant ainsi la chute des cours. Zola décrit parfaitement cet événement dans son ouvrage, L’Œuvre (1886) : « La panique s'était mise chez les amateurs, pris de l'affolement des gens de Bourse, sous le vent de la baisse, les prix s'effondraient de jour en jour, on ne vendait plus rien. »

Les peintres impressionnistes, ruinés par la débâcle financière de Durand-Ruel, tentent de survivre en réalisant toutes sortes de travaux alimentaires et en vendant leurs toiles à des marchands d’art sans envergure, qui revendent, sous les pont de Paris, les toiles en fonction de leur taille.

[modifier] Bibliographie

[modifier] Liens externes