Wikipédia:Pastiches/El Wikificado

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Le célèbre sonnet El Wikificado, pièce maîtresse de l'œuvre de Gérard de Nerval, valut à son auteur, en son temps et même après, l'admiration indéfectible de son ancien condisciple du lycée Charlemagne, Théophile Gautier (et d'autres écrivains, et même d'autres personnes aussi). Toutefois, d'après les plus récentes recherches, il semble que ce poème ô combien illustre, qui marque l'apogée de l'idéal romantique, date peut-être d'une époque légèrement antérieure dans la mesure où Saint-Simon (le duc, pas le giletier) y fait une référence explicite dans ses Mémoires.

Quoi qu'il en soit, il s'agit là d'une énigme littéraire qui divise les spécialistes encore aujourd'hui. Dans un implacable souci de neutralité, nous présentons ici les deux textes, celui de Saint-Simon pouvant être considéré comme une source primaire puisqu'il fut écrit en premier comme une source secondaire puisqu'il commente le sonnet comme une source quelconque.

Toujours est-il que le sonnet de Nerval s'apparente au genre rhétorique de la prosopopée, par laquelle un sujet non humain s'exprime à la première personne. Le sujet en question est un article de Wikipédia. Or, ici, le doute n'est guère possible : Internet existait bel et bien à l'époque de Saint-Simon et donc de Nerval, forcément.

[modifier] Le sonnet de Nerval

EL WIKIFICADO

Je suis le ténébreux, l'obscur, le mal-aimé,
L'article à recycler et sans catégorie ;
Mon charabia opaque et mon pov non sourcé
Frôlent le soleil noir du travail inédit.

Dans la nuit du tombeau, toi qui m'as wikifié,
Rends-moi le « Voir aussi » que rien ne justifie,
Le spam qui plaisait tant à mon cœur désolé,
Ma trad automatique et mes blogs d'infamie.

Suis-je HC ou TI, porno ou Pokemon ?
Mon lien est rouge encor dans l'espace du main,
J'ai nargué la SI, ricané dans l'arène,

Et j'ai cent fois vainqueur terrassé le péon,
Provoquant tour à tour, par mes calamités,
Les soupirs des admins et ceux des wikifées.

[modifier] Le commentaire de Saint-Simon

... de sorte que, malgré que j'en eusse, il me fallut sortir de mon naturel réservé pour m'en aller proposer mes bons offices à M. Rose, plume du Roi, en lui représentant que M. le Prince venait de se coiffer d'un bonhomme Narval, ou Narvel, dont le grand-père avait été laquais du père de M. le maréchal de Lorge mon beau-père et qui avait griffonné au mépris de la décence une manière de sonnet espagnol, El Wikificado, dans un goût infect, afin de complaire aux tenants de cette encyclopédie internette connue pour chanter pouilles aux honnêtes gens sous l'habile prétexte du refus des copiviaux, cette encyclopédie internette, dis-je à M. Rose, ouvrage à n'en point douter d'une cabale menée par quelqu'une des créatures de M. le Prince et qui expose avec l'aveuglant de l'évidence la perversité, la noirceur, le venin de ce prince plus prostitué qu'aucun courtisan jusqu'à se mêler de tout avec une opiniâtreté qui défie l'entendement, opiniâtreté, lui dis-je, dont ne se trouve point d'exemple ailleurs que dans les visées inavouables d'Alberoni et dont il n'est nul besoin de rappeler les conséquences criminelles, si bien que M. le Prince, non content d'avoir fait montre d'une impudence inouïe lors de l'affaire du lâcher de renards dans le petit bois de Chantilly, avait désormais à dessein d'ajouter au principal de ses ignominies la somme scandaleuse, funeste et quadruple de deux quatrains et de deux tercets.