Discussion Utilisateur:PapyLives/test

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Bonjour. Je crois avoir compris qu'il est plus ou moins interdit de se classer dans des catégories... Cordialement. --Mat (d) 25 mars 2008 à 21:19 (CET)

[modifier] Travail sur la définition de l'art acousmatique

Bonjour Florian,

Décidément la création m'accapare et les musiques à composer pour de proches concerts m'éloignent encore un temps de Wikipédia, sans parler du travail d'enseignement qui me permet de "gagner ma vie"…

Je n'oublie pas que nous devons avancer sur cette définition de l'art acousmatique. Et j'y pense souvent, allant régulièrement sur ta page de test pour regarder si d'autres s'y sont penchés également…

Aujourd'hui, je peux prendre un peu de temps, venant de terminer une composition et en reprenant aussitôt une autre…

Juste une réflexion sur un point qui m'interroge. Tu as mis un chapitre sur "l'acousmatique instrumental(e)" ce qui me semble être un détournement suspect (si j'ose dire).
En effet s'il est vrai que le mot "acousmatique" seul évoque l'idée d'un son qu'on entend sans voir la source qui le produit, on peut alors dire que tout ce qu'on entend sans voir la cause est "acousmatique" : un moustique qui tourne dans la pièce, un avion qui passe dans un ciel nuageux, les bruits de la rue que j'entends depuis chez moi, un choeur qui chante en coulisse à l'opéra ou les instruments cachés dans la fosse d'orchestre, une symphonie classique écoutée en disque, etc., etc.
Et c'est dans ce sens que Schaeffer reprend et utilise le mot "acousmatique" dans son Traité des objets musicaux qu'il faillit d'ailleurs intituler Traité d'acousmatique. Il y parle de "l'écoute acousmatique".
Mais de la même façon qu'il n'a jamais revendiqué son Traité des objets musicaux comme un traité de la musique concrète, il n'a pas non plus proposé d'associer le mot "musique" à l'adjectif "acousmatique". C'est François Bayle qui a proposé l'expression de "musique acousmatique", suite à l'arrivée de l'Ircam et de Pierre Boulez qui venaient d'accaparer l'appellation "musique électroacoustique" au seul usage des musiques instrumentales amplifiées et/ou transformées et live, faisant par la même occasion l'impasse totale sur les travaux de Schaeffer et les productions musicales issues de sa découverte de 1948 (cf. l'exposition pour l'inauguration de l'Ircam qui fait commencer la musique électroacoustique mondiale avec K. Stockhausen en 1956, sans rien citer du GRMC ni du GRM !!).

Donc, pour en revenir à ta proposition, le problème est que, à un moment donné de l'histoire, nous avons décidé que, par convention, serait nommée "musique acousmatique" une œuvre de création composée dans un studio électro-acoustique, fixée définitivement sur un support audio et jouée en concert sur un dispositif plus ou moins conséquent de haut-parleurs. De la même façon qu'un jour on a appelé cinéma toute œuvre de création fixée sur support et diffusée sur écran (pour le reste on parle de documentaire, de téléfilm, de vidéo, etc.).
Jamais il ne viendrait à quiconque l'idée de proposer une pièce de théâtre en disant qu'il fait du "cinéma en direct". Que le théâtre puisse s'inspirer du cinéma et vice-versa, oui. Mais gardons les appellations pour désigner ce qui a été décidé à un moment-clef de l'histoire en marche. Un plasticien ne va pas se dire "cubiste" parce qu'il propose des installations avec un jeu de cubes par exemple.

La notion de "musique acousmatique" est encore délicate à faire comprendre et fragile, bien que très répandue autant dans ls pratiques professionnelle qu'amateur. Ne commençons pas, si possible, à en détourner l'usage et à brouiller les pistes tant auprès des journalistes et musicologies que du public. La notion de musique acousmatique a été difficile à faire passer à cause du discours ambigu de François Bayle à ce sujet, et des luttes interpersonnelles entre lui et la quasi totalité du milieu électroacoustique. Maintenant que les générations suivantes (dont je fait partie) sont parvenues à faire comprendre que cette appellation ne définit pas uniquement la musique de Bayle, mais est bien celle des musiques fixées sur support qu'on appelait jusque là électroacoustiques, électroniques, concrètes, etc.

Proposant l'appellation "musique acousmatique", époque à laquelle, nouvellement membre du GRM, je commençais à composer et à enseigner, François Bayle avait écrit un texte où l'expression d'"art acousmatique" était avancée sans plus de détail. C'est cette appellation que j'ai reprise, explicitée et développée (suivi en cela par Francis Dhomont et le Canada français, le GMVL de Bernard Fort, etc.) parce que je la pensais plus ouverte et plus apte à s'associer de nouveaux publics et des pratiques artistiques voisines (cf. note 1 du texte de définition), plus facile à défendre auprès d'un public qui avait du mal à penser "musique" là où il n'entendait que des "bruits" (heureusement cela a désormais changé).

C'est pourquoi je ne suis pas favorable à cette rubrique d'"acousmatique instrumentale" qui, de plus, n'a pratiquement pas de réalité. J'avais moi-même fondé en 1977 le Trio GRM Plus, rebaptisé ensuite TM+, constitué au départ de trois synthétiseurs. Jamais nous n'avons pensé faire de l'"acousmatique instrumentale". Par la suite, quelques ensembles se sont constitués sur le même modèle dont le seul qui a tenu, à ma connaissance, fut celui de Michel Pascal (ton professeur à Nice).
A partir du moment où un instrumentiste sur scène joue une partition ou improvise, même s'il déclenche des séquences pré-travaillées en studio, il faut considérer qu'on est dans le jeu (et la démarche) instrumentale. Il existe des mots pour cela et, s'ils ne sont pas satisfaisants, il faut en trouver d'autres, mais pas détourner une appellation qui définit par convention un genre (parce que des gens concernés se sont souvent réunis pour en parler, ont écrit des textes là-dessus, se sont entendus après moult discussions, etc.)

Espérant des échanges sur tout cela, à bientôt pour la suite. Bien amicalement,

Acousma [blabla] 16 avril 2008 à 13:20 (CEST)

Je trouve tes remarques tout à fait pertinentes et constructives. Je trouve cela sympathique que tu prennes le temps de me répondre aussi longuement et aussi clairement sur tes points de vues...qui différent des miens (mais n'est-ce pas là tout ce qui fait la vie ?). Aussi, je vais retirer ce chapitre.
En fait, pour moi, l'"Acousmatique Instrumentale" serait plutôt une musique composée à base de sons d'instruments enregistrés et travaillés en studio. Ce qui revient à la définition de la musique acousmatique (je le conçoit tout à fait!!!), mais avec un parti pris pour l'instrument acoustique. Il est donc logique que tu aies une impression de "détournement" car c'est un peu mon cheval de bataille compositionnel en ce moment, mais peut être que cela me passera....on verra ! Et oui, je trouve dommage que les compositeurs de musique acousmatique et/ou électroacoustique se détournent autant des instruments "de musique"...peut être suis-je trop influencé par Michel....qui sait ???!!! ^^
A bientot,
--PapyLives 17 avril 2008 à 13:30 (CEST)


Si je comprends bien, lorsque tu parles d'acousmatique instrumentale, cela veut dire que tu composes une œuvre acousma fixée sur support utilisant des sons d'instruments traditionnels. Cela existe depuis le début de la musique concrète avec de nombreuses pièces de Pierre Henry (des années 50) et avec Etude violette et Suite 14 de Pierre Schaeffer. Ainsi, il y a plusieurs autres œuvres de Pierre Henry comme Pierres réfléchies, Duo, Variations pour les cordes du piano, Bidule en mi, Dixième symphonie, certains mouvements de Mouvement, Rythme, Etude etc, de Frédéric Acquaviva Coma et autres pièces, de Michel Pascal Puzzle, de Yves Daoust Quatuor, de Beatriz Ferreyra Dans un point infini, de Paul Dolden L'Ivresse de la vitesse et plusieurs autres pièces puisqu'il en a fait un principe de composition, de Dieter Kaufmann O Santa Acousmatica, la Mer, Paganihilismo, etc., etc. (De mon côté, j'utilise assez souvent des sons d'instruments dans mes pièces, mais, bien sûr, pas exclusivement.)
Donc, je me demande si ces œuvres peuvent constituer une catégorie à part car il faudrait alors créer beaucoup d'autres catégories comme par exemple l'"acousmatique synthétique" pour les œuvres utilisant exclusivement des sons de synthé, l'"acousmatique monocorps" pour celles réalisées à partir d'un seul corps sonore, l'"acousmatique vocale" pour celles n'utilisant que la voix, l'"acousmatique animale" ne travaillant qu'avec les sons, chants et cris d'animaux et ainsi de suite…
Si Michel Pascal écrit que l'acousmatique instrumentale est une « musique essentiellement dépendante du support, mais d'où l'empreinte vivante des instrumentistes jaillit pourtant à chaque instant », il me semble que cette empreinte de la personne qui agit, qui joue est tout aussi présente dans de nombreuses œuvres réalisées avec des sons et des séquences d'origine acoustique ou synthétique (en général assez peu transformés), comme par exemple celles de Pierre Henry, de Luc Ferrari, de Guy Reibel, de Michel Chion ou de moi-même. Nous aussi usons de « sonorités hybrides liées aussi intimement au geste instrumental qu'à la matière sonore, captives de la mémoire numérique ».
Tu déplores que « les compositeurs de musique acousmatique et/ou électroacoustique se détournent autant des instruments "de musique" ». Moi qui ai écouté plusieurs centaines de musiques du répertoire acousmatique, je peux t'assurer que les instruments traditionnels du monde entier sont très, très présents dans de très nombreuses œuvres. Que ce soit avec des enregistrements réalisés directement par les compositeurs ou avec des prélèvements pris dans des disques de musiques instrumentales et vocales, savantes ou populaires, de tous styles et de toutes époques.
Enfin, puisque cette pratique de l'acousmatique instrumentale est partagée par quelques compositeurs, principalement en France et au Canada, peut-être serai-il possible de l'évoquer dans le texte aux côtés d'autres tendances comme, par exemple, la musique anecdotique. Mais il faut en donner une définition en béton pour éviter que ceux qui jouent leur instrument en direct sur une scène, mais cachés par une tenture, ne se revendiquent de ce courant. Il y a aussi ceux qui, comme Bolitz, croient faire de l'acousmatique parce qu'ils jouent, avec leurs instruments agrémentés de transformations live, une musique de matière sonores les autorisant à se qualifier de "trio acousmatique" !! Nous avions déjà eu affaire à un malentendu avec la "musique concrète instrumentale" d'Helmut Lachenman qui confond musique concrète avec musique faite avec des bruits (vraisemblablement parce que Schaeffer a intitulé sa première œuvre concrète Etudes de bruits).
Tu me diras ce que tu en penses… A bientôt,

Acousma [blabla] 18 avril 2008 à 04:42 (CEST)

Bonjour, j,aimerais entrer en contact avec vous. Je termine actuellement une these sur l'acousmatique instrumentale et j'aimerais en discuter. Vous pouvez visiter http://www.laurentaglat.com/accueil.htm pour un apercu. A bientot.

Laurent, 27 avril 2008 à 08:24

Bonjour Acousma, comme tu le fais remarquer justement plus haut, mes connaissances musicales électroacoustiques ne sont pas aussi complètes. Je te fais donc entièrement confiance sur le fait que beaucoup de compositeurs se servent d'instruments de "musique" dans leurs compositions. Pour ce qui est de la définition de la musique acousmatique instrumentale il serait peut être utile d'en discuter avec la personne qui vient d'arriver sur notre page de discussion puisqu'il fait une thèse exactement sur ce sujet !!! Bien à toi. --PapyLives 28 avril 2008 à 12:11 (CEST)