Paghjella
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A paghjella (au pluriel paghjelle) est un chant polyphonique traditionnel corse, composé de vers de huit pieds et de rimes, où un rythme est recrée à chaque paroles et engendre la poésie. Ce chant est généralement chanté par trois hommes ayant chacun un rôle prédéfini :
- U bassu(qui représente la force) est celui qui a la voix la plus grave.
- A seconda(qui représente la sagesse) est le chanteur principal de la polyphonie(celui qui entonne le chant).
- A terza(qui représente la beauté) est le chanteur avec la voix la plus haute, il amène des ornementations riches plus aigües qui embélissent le chant des autres et termine l'accord.
A paghjella est un chant profane (et non sacré), court (souvent moins de deux minutes), dont les textes sont tirés de la vie quotidienne de l'époque où ils ont été créés.
En dépit de son nom - de paghju : paire - il s'interprète à troix voix. Leur "entrée" se fait dans un ordre précis : la Seconda qui porte le chant suivi par le Bassu qui vient la soutenir ; pour finir intervient la Terza qui vient ajouter ses ornements (ribuccati). La paghjella est l'un des chants les plus représentatifs de la musicalité corse.
La civilisation de la Corse est avant tout orale. La poésie se chantait, vibrait au rythme du coeur des hommes. On chante a cappella bien sûr, comme pour faire résonner l'echo venu de l'âme. En Corse tout est prétexte à confier ses tourments et ses bonheurs à une mélodie. On chante surtout à plusieurs voix pour perpétuer l'antique tradition des bergers qui entonnaient en pleine montagne des chants à trois voix, les paghjelle. Cependant la paghjelle accorde plus d'importance à la voix qu'aux paroles. En général les paghjelle sont des chants âpres, rugueux et violents soutenus par des voix puissantes. Cette forme de chant est caractérisée par la formation des groupes de chanteurs, souvent en cercle étroit, et leur attitude individuelle consistant à poser une main sur l'une de leurs oreilles; cette attitude peut avoir deux raisons différentes soit fermer l'oreille afin d'avoir un retour naturel du chant et permettre ainsi de varier son volume d'écoute en fonction des autres chanteurs, soit au contraire l'ouvrir pour mieux entendre son propre chant. Ces coutumes témoignent de l'extrème symbiose que doivent avoir ces chanteurs. Les chanteurs font preuves d'une improvisation importante chaque chanteurs ne chantent jamais une paghjella de la même manière.
Des groupes comme les Nouvelles Polyphonies de Corse, composé presque uniquement de femmes, chantent des polyphonies, mais qui ne sont pas forcément des paghjelle. Jadis elle se chantait à l'Eglise ou durant les rocession.
De nos jours, a paghjella est encore chantée très souvent dans les villages corses et plus que jamais en ville, à l'occasion de fêtes, entre autres.
A lire aussi deux textes de Benoit Sarocchi :
"La paghjella, cette machine à remonter dans le temps"
[modifier] Exemples
Source : Paghjella.com
Certaines façons de chanter les paghjelle sont propres à certains villages telle que la paghjella de tagliu, sermanu, et rusiu.
Traditionnel de Boziu
À vede lu da luntanu A le voir de loin
Pianellu mi pare un forte Pianellu me semble être un fort
Tuttu cintu à muraglioni Tout entouré de murailles
Per entre ci sò duie porte Pour entrer il y a deux portes
È chjose ch'elle sò quesse Mais elles sont fermées
A chì c'entre ùn pò più sorte Celui qui y entre n'en sort plus
Traditionnel de Bustanicu
Averia ancu cridutu
Chì u mare fussi seccu
E u fondu d'una casa
Principiessi pè u tettu
Nanzu ch'è d'abbandunà
Un amore cusì strettu.
Avertite à "Musulinu", chi hà tanta pretensione
S'ell'ùn hè più chè
Scimitu ch'ellu fia attenzione
Ch'ell'un appia da
Ingolle a pulenda di granone.
Traditionnel de Sermanu, rapporté par Clemente Turchini.
À voi o madamicella
V'anu arapidu lu core
V'anu traditu cun un basgiu
Cum'è Ghjuda à lu Signore
Oghje vi facenu vive
Mezu à speranza è timore.
Autre exemple de paghjella Moita tradiziunale :
Moita ùn ti piacia ma nisunu ùn la disprezza (n'un t'hè piacciuta)
Ma ti so piaciute l'acque di le muntagne d'Orezza (di le surgente d'Orezza)
Ogni poltra chi s'affila Strappà vole a cavezza. (vole strappà la cavezza)
Voir aussi : Voceru