Orgue du Trocadéro

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

L'orgue du Trocadéro est un des orgues les plus prestigieux construits par le facteur Aristide Cavaillé-Coll. Son histoire se confond longtemps avec celle du palais du Trocadéro, à Paris, puis du palais de Chaillot qui le remplace. Démonté en 1972, il renaît cinq ans plus tard à l'Auditorium Maurice Ravel de Lyon, où il est aujourd'hui encore hébergé. L'orgue de l'Auditorium Maurice Ravel est aujourd'hui le seul grand orgue de salle de concert en France.

Sommaire

[modifier] La construction

En 1878 est inaugurée à Paris une grande salle de concerts au Trocadéro, sur la colline de Chaillot, pour faire face et servir de toile de fond à l’Exposition universelle qui se tient de l’autre côté de la Seine, sur le Champ de Mars. Architecte : Gabriel Davioud. Dans le sillage de la Commune, la volonté est d’offrir à Paris sa première salle de concert publique (toutes les autres sont privées) et son premier orgue laïc. La construction de l’orgue est confiée au plus célèbre facteur français du moment : Aristide Cavaillé-Coll. Cavaillé-Coll a déjà une expérience en matière d’orgues de salle, avec ceux de Sheffield (1873) et du palais de l’Industrie à Amsterdam (1875). Pris par le temps, l’organier emprunte les tuyaux des claviers manuels à un orgue qu’il vient de terminer à l’église d’Auteuil, non loin de là. Il adapte toutefois ce matériau à l’immense salle du Trocadéro (5000 places) en augmentant le nombre de jeux (passant de 45 à 66) et en privilégiant des jeux sonores, pour compenser l’acoustique peu réverbérée.

[modifier] Un orgue à la pointe du progrès

L’orgue est un des plus vastes de son temps et intègre les dernières nouveautés techniques : machines Barker (mécanismes d’assistance pneumatique diminuant la résistance mécanique des claviers et permettant le développement de grands orgues symphoniques), souffleries produisant des pressions très différenciées et aptes à satisfaire des besoins considérables en vent, pré-combinateur,… L’esthétique est résolument romantique et symphonique, avec l’abandon des mutations et mixtures classiques au profit d’une profusion de 8’, d’un renforcement des graves (16’ et 32’) et des jeux d’essence concertante : jeux ondulants (Voix céleste, Unda maris), anches et fonds d’essence « orchestrale » (Violoncelles, Gambes, Diapasons, Clarinettes, …). Par ailleurs, deux claviers sont expressifs (Positif et Récit), ce qui constitue une nouveauté.

[modifier] Des débuts prestigieux

L'orgue est inauguré le 8 août 1878 par Alexandre Guilmant. Jusqu’au 8 octobre 1878 (fin de l’Exposition universelle), les concerts se succèdent régulièrement. Les plus grands organistes jouent le nouvel orgue, notamment Eugène Gigout, Théodore Dubois, Charles-Marie Widor, Jacques-Nicolas Lemmens, Camille Saint-Saëns, César Franck, André Messager. Après cette glorieuse entrée en matière, des problèmes se posent rapidement. Le curé de Notre-Dame d’Auteuil réclame ses tuyaux. Grâce à Guilmant et Widor, l’Etat en fait l’acquisition en 1882 pour le Trocadéro (Cavaillé-Coll en sera quitte pour construire un nouvel instrument pour Auteuil). L’acoustique de la salle se révèle désastreuse pour les autres formes de musique que l’orgue. Ainsi la salle du Trocadéro n’abrite-t-il plus, progressivement, que des concerts d’orgue. Jusqu’en 1926, les plus grands organistes français, européens, et même américains en feront un lieu admiré dans le monde entier.

[modifier] Rénovation

En 1926, Marcel Dupré constate que l’instrument s’est détérioré. Il supervise la rénovation, et inaugure l’instrument rendu à sa splendeur initiale le 2 mars 1927.

[modifier] Caractéristiques

4 claviers manuels de 56 notes (Grand-Orgue, Positif expressif, Récit expressif, Solo) et Pédale de 30 notes. 66 jeux sur 85 rangs. Pressions différenciées au sein de chaque plan sonore, dans un but d’équilibre (divisions Petite Pédale/Grande Pédale/32’ à la Pédale, fonds/anche au GO, basses/dessus au Solo). Traction mécanique avec 2 machines Barker.