Ordre militaire

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Les ordres militaires sont des ordres religieux chrétiens dédiés à la protection armée de la religion. Ils apparaissent au Moyen Âge dans le contexte de la guerre sainte qui a motivé les croisades et la Reconquista.

Sommaire

[modifier] Historique

Les Ordres religieux militaires sont logiquement nés dans les zones où les chrétiens affrontent musulmans ou païens. Ces zones sont au nombre de trois :

Certains sont apparus avec dès l'origine les caractéristiques des ordres militaires, comme les Templiers en 1118. D'autres sont l'évolution d'ordres hospitaliers, c'est-à-dire de communautés ecclésiastiques dont le rôle primordial est l'assistance aux malades. Parmi ceux-ci, l'Ordre de l'Hôpital de Saint-Jean est évidemment le plus important.

Pour soutenir leur action guerrière dans ces contrées souvent inhospitalières, les ordres bénéficient de l'apport financier d'un réseau de possessions en Occident, appelées commanderies. Possessions grâce auxquelles ils ont souvent été vecteur d'innovations techniques, notamment pour le système de gestion financière des Templiers.

La question de l'origine de ces ordres a fait couler beaucoup d'encre : Joseph von Hammer compara dès 1818 les ordres militaires chrétiens (en particulier les Templiers) avec certains modèles islamiques tels que les Assassins chiites. En 1820, Jose Antonio Conde suggéra qu'ils étaient créés sur le modèle du ribat, une institution religieuse fortifiée qui combinait mode de vie religieux et combat contre les ennemis de l'islam. Néanmoins, d'aucuns ont critiqué ces opinions, argüant du fait qu'aucun ribat ne soit apparu en Palestine avant la fondation des ordres militaires. L'étude en a souvent été brouillée par le halo légendaire qui entoure les Templiers depuis leur disparition au début du XIVe siècle.

Dans l'histoire des ordres militaires, on distingue une cassure très nette : le moment où il ne sont plus en mesure d'accomplir leur rôle principal dans la région qui les a vus naître. En 1291 avec la chute de Saint-Jean d'Acre, les ordres de Terre Sainte entament un reflux vers l'Occident. Les Templiers paient le prix de ce repli sur leurs possessions en 1312 où ils sont supprimés par le pape, à la suite d'un procès en hérésie. L'Hôpital s'enrichit alors des dépouilles du Temple et continue sa mission guerrière à Chypre puis Rhodes. Pour les ordres prussiens et ibériques, c'est le XIVe siècle qui voit la fin de la particularité des ordres militaires et leur stabilisation en puissances foncières. Les ordres ibériques seront progressivement soumis au contrôle royal, comme au Portugal dès le XIVe siècle et en Espagne sous les Rois catholiques. Les chevaliers teutoniques ont dirigé un État en Prusse-Orientale, à compter de 1231, qualifié de monastique. Puissance foncière, cette théocratie a conféré aux moines-soldats des pouvoirs cumulés sur les terres annexées et a duré jusque 1525, date à laquelle, après conversion la religion réformée de Luther, elle finit par se séculariser en duché (laïc) de Prusse-Orientale.

Au cours de l'époque moderne, la plupart des ordres disparaissent ou perdent leur caractéristique. Seul survit de nos jours l'ordre de l'Hôpital ou de Malte, qui est revenu à son premier rôle d'ordre hospitalier sans toutefois abandonner son titre d'ordre militaire.

[modifier] Description et organisation

La caractéristique des ordres militaires est la fusion du mode de vie des communautés d'ecclésiastiques, moines ou chanoines, avec une action guerrière.

Les membres de ces ordres sont donc des combattants, souvent des milites combattant à cheval, des chevaliers. Tous les combattants ne sont pas obligatoirement issus de la noblesse, mais peuvent être recrutés parmi la paysannerie libre. Dans ce cas, il ne sont pas chevaliers mais sergents d'armes. Seuls les chevaliers revêtent le manteau de l'Ordre auquel ils appartiennent (blanc pour les Templiers et les Teutoniques, noir pour les Hospitaliers).

Tous obéissent à des règles de vie en communauté qui sont celles de religieux. Ces règles sont souvent calquées sur celles d'ordres monastiques, comme la règle cistercienne adoptée par les ordres hispaniques, ou canoniaux, comme la règle de saint Augustin.

Toutefois, comme il existe dans les monastères des frères dont le rôle propre n'est pas de prier mais de subvenir aux besoins de la communauté, il existe dans les ordres militaires des frères servants dont le rôle est de soutenir l'Ordre et son activité de combat par leur travail: ce sont les frères de métier (ou sergents). Les paysans qui exploitent les terres des commanderies ne font pas partie de l'ordre mais bénéficient de sa protection spirituelle.

À l'exception du Temple, les ordres admettent généralement les femmes pour les fonctions liées à l'activité hospitalière et charitable. Les donatrices de l'Ordre du Temple peuvent uniquement prétendre au statut de sœur du Temple.

Les ordres militaires intègrent des prêtres (souvent appelés frères chapelains) pour célébrer l'office divin et assurer l'accompagnement spirituel. Tous les autres frères sont des laïcs ayant prononcé des vœux religieux.

Ce sont néanmoins les combattants qui occupent tous les postes de direction dans une structure strictement hiérarchisés. À la tête s'en trouve souvent un maître ou grand maître, ne répondant qu'au pape, permettant à l'ordre d'échapper à l'autorité des évêques et aux juridictions épiscopales. Le maître est généralement entouré de dignitaires tels le grand commandeur, le maréchal, le turcopolier commandant les turcopoles...

À la base de l'organisation, on trouve la commanderie, circonscription regroupant des terres et maisons appartenant à l'ordre et dirigée par un commandeur. Entre ces commanderies et l'état-major de l'ordre, on trouve généralement des structures intermédiaires telles les baillies et les provinces pour le Temple, les prieurés et les langues à l'Hôpital... Les ordres implantés dans les pays ibériques ont créé une structure nationale chapeautant les commanderies locales : l'encomienda mayor (en espagnol, la commanderie majeure ou principale).

Icône de détail Articles détaillés : Ordre du Temple et Ordre de Malte.

[modifier] Les faux ordres

Du XIXe siècle à nos jours, de nombreux ordres autoproclamés ou faux ont fait leur apparition. Les faux ordres prétendent descendre d'un ordre ancien soit frauduleusement, soit de manière invérifiable. Les ordres autoproclamés, quant à eux, n'ont pas été établis par un chef d'État légitime dans l'exercice de ses fonctions et encore moins par le pape. La plupart sont de simples tentatives d'escroquerie, des sectes cherchant à bénéficier du prestige qui entoure depuis le Moyen Âge ces institutions toutes particulières.

[modifier] Bibliographie

  • Alain Demurger, Brève histoire des ordres religieux militaires, Éditions Fragile, collection Brève Histoire, 1997, ISBN 2-910685-16-0
  • Alain Demurger, Chevaliers du Christ, les ordres religieux-militaires au Moyen Âge, Seuil, 2002, ISBN 2-02-049888-X
  • Arnaud Chaffanjon, Bertrand Galimard Flavigny, Ordres & contre-ordres de chevalerie, Mercure de France, 1982, ISBN 2-7152-0098-6

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens internes

[modifier] Liens externes