Opération Nordwind

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L'Opération Nordwind était une des dernières offensives militaires de la Wehrmacht durant la Seconde Guerre mondiale. Elle eut lieu du 1er au 25 janvier 1945 en Alsace du nord et en Lorraine (France).

A la fin du mois de janvier, l'offensive fut stoppée par les troupes alliées constituées d'unités américaines appuyées par des unités françaises. Les combats les plus violents eurent lieu dans les environs de Hatten et de Rittershoffen, dans le département du Bas-Rhin. Durant les batailles de chars qui eurent lieu entre le 8 et le 20 janvier 1945, Hatten fut presque entièrement détruite.

[modifier] Objectifs de l'offensive

L'offensive avait pour but principal de soulager les troupes allemandes engagées dans la bataille des Ardennes en mobilisant des forces alliées dans le nord-est de la France et, par la même occasion, de détruire la 7e armée américaine. Hitler, qui ne faisait alors plus confiance à ses généraux, a confié cette mission au groupe d'armées Oberrhein ("Rhin Supérieur"), placé directement sous le commandement du Reichsführer SS Heinrich Himmler. Celui-ci rend les généraux responsables de tout échec et ordonne la résistance sur place jusqu'à la dernière cartouche et jusqu'au dernier homme. Toute éventualité de repli sur la rive droite du Rhin est exclue. Les opérations sont confiées au Maréchal von Rundstedt dont le discours est plus nuancé, mais son attachement au Führer ne semble pas ébranlé.

Le plan initial prévoyait que la 19e armée allemande devait effectuer une attaque sur Strasbourg, en traversant le Rhin, tandis que la 1re armée devait attaquer depuis le nord de l'Alsace. Cela aurait aussi permis de reconquérir les zones industrielles situées autour de Haguenau. Mais Hitler ne voulut pas reconnaître que ces deux armées étaient déjà très affaiblies par des mois de combats et que de ce fait elles n'étaient plus capables d'atteindre leurs objectifs.

[modifier] Déroulement

L'offensive débuta, sans préparation d'artillerie pour ménager l'effet de surprise, dans la nuit du nouvel an 1945. Les soldats américains furent d'abord surpris, mais, après avoir reçu des renforts, ils accentuèrent rapidement leur résistance ce qui fit que l'offensive allemande ne progressa plus que très lentement. Par exemple la 256e division d'infanterie allemande ne progressa le premier jour que de 6 km. Dans le meme temps, une offensive secondaire fut lancée au Sud de Strasbourg contre les positions francaises.

Le deuxième jour, Reipertswiller et Wissembourg furent réoccupées par les troupes allemandes.

Le 4 janvier, les Américains se replient et établissent une ligne de front sur la Moder qui traverse le centre-ville de Haguenau.

Dans la nuit du 4 au 5 janvier, plusieurs bataillons allemands traversent le Rhin devant Gambsheim. Ils établissent une tête de pont composée d'éléments hétéroclites et mal nourris. Ils attaquent avec acharnement mais beaucoup de soldats allemands étaient prêts à déserter. Il fait particulièrement froid, l'eau gèle dans les gourdes et le temps est défavorable à l'intervention de l'aviation.

Le lundi 8 janvier, les Allemands amènent des forces considérables en Alsace en traversant le Rhin en quinze endroits, en particulier entre Freistett et Gambsheim et entre Fort-Louis et Söllingen. Le XXXIXe Panzerkorps lança son attaque sur Hatten, passage obligé sur la route de Strasbourg : c'était le début de la terrible bataille de Hatten-Rittershofen qui devait durer 12 jours.

De violents combats eurent également lieu autour de la station de pompage de la Breymuhl, près de Rohrwiller. Durant plusieurs jours, du 8 au 11, elle est la scène de combats acharnés, d'homme à homme.

Le mercredi 10 janvier une longue file de réfugiés venant par la route de Wissembourg se déplace le long du canal de dérivation de la Moder. Au moins un quart de ces gens sont en chemise de nuit alors que le thermomètre indique -10° C. Ils racontent que les Américains ont tout anéanti devant eux avec des canons à tir rapide, pour arrêter l’attaque allemande.

Le 15 janvier, pas moins de 17 divisions allemandes étaient déployées au sein des groupes d'armées "G" et "Oberrhein". Les Allemands réussirent encore à reconquérir d'autres villages ainsi que la forêt de Haguenau. Ils arrivèrent à la porte de cette ville le 16 janvier. Au Sud, la 2ere armée francaise a arreté les Allemands apres de durs combats. La 3eme division d'infanterie algerienne vient renforcer les troupes americaines au Nord.

Mais, après le retrait des Américains de Hatten et de Rittershofen le 20 janvier, le front se stabilisa sur la Moder dans la nuit du 20 au 21. Les habitants de Hatten qui avaient survécu purent alors sortir des caves où ils s'étaient terrés. Sur les 365 maisons que comptait le village, 350 étaient détruites et partout il y avait des cadavres qui jonchaient le sol. 2500 soldats et 83 habitants du village y avaient trouvé la mort durant la bataille.

Le 21 janvier, alors que le temps est radieux et la neige abondante, les Allemands se réorganisent le long du canal de la Moder et portent l'effort principal sur le secteur de Haguenau. Des chars sont vus à l'est de la ville et la population fuit à nouveau.

Le 23 janvier, des avions à réaction allemands lâchent des bombes sur Gries, Weitbruch et Kaltenhouse, mais le reflux des américains est terminé. Les troupes allemandes sont concentrées au nord de la forêt de Haguenau et des chars allemands sont au Hundshof à Marxenhouse et à Schweighouse. Une patrouille de cyclistes allemands en tenue de camouflage blanche est repoussée à l'entrée d'Haguenau.

Le 24 janvier, les Allemands, conscients de leur faiblesse, n'attaquent pas directement Haguenau, mais tentent de l'encercler afin de faire fuir les Américains. L’attaque est lancée dans le secteur de Kaltenhouse, de Schweighouse et d'Ohlungen. De violents combats au corps à corps ont lieu dans les maisons et la papeterie de Schweighouse.

Le 25 janvier, les Allemands lancent une ultime contre-attaque, appuyée par trois chars, à partir du Kestlerhof et réussissent à franchir la Moder à mi-chemin entre Kaltenhouse et Haguenau. Les combats les plus durs se déroulent dans la soirée, en particulier dans les premières maisons de la ville. La guerre de position s’installe en plein Haguenau, de part et d’autre du canal de la Moder. Le soir même, alors que les renforts américains commencent à arriver depuis les Ardennes, l'ordre est donné par Hitler d'abandonner l'opération Nordwind, y compris la tête de pont sur la Moder. Mais les combats ne cessent pas pour autant.

En effet, le XXXIXe Panzerkorps a dû se retirer de la région pour être transféré sur le front de l'Oder afin de participer à la défense de Berlin. Cela mit un terme définitif à l'offensive allemande, mais une longue guerre de position débuta alors.

[modifier] Épilogue

A la fin de l'opération Nordwind, les combats font toujours rage dans le nord de l'Alsace et Haguenau est bombardée quotidiennement par l'artillerie allemande durant de nombreuses semaines.

Le vendredi 2 février 1945, Colmar est libérée et, pour la France entière, c'est l’Alsace qui est libérée. Mais le nord de la région reste toujours aux mains de l’occupant… À Haguenau, 7000 personnes restées dans la ville de front vivent dans les caves et ne tentent que quelques sorties pour se ravitailler, malgré le danger des obus qui tombent.

Finalement, le 15 mars 1945, les Américains déclenchent la contre-offensive générale vers le nord. Oberhoffen est attaquée et le premier pont Bailey est lancé sur la Moder pour permettre à l'infanterie et aux chars de traverser le cours d'eau. Les Allemands battent en retraite et les combats s'éloignent enfin d'« Haguenau la Sanglante », comme l'avait nommé un journal américain. L'Alsace sera finalement entièrement libérée le 20 mars 1945 seulement.