Musaylima

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Musaylima ben Thimâma de la tribu des Banû Hanîfa[1] surnommé Al-Kadhdhâb (L'imposteur)[2] par Mahomet. Il était le chef de la tribu arabe des Banû Hanîfa originaires d'Al-Yamâma[3].

Sommaire

[modifier] Histoire

Au cours de la neuvième et de la dixième année de l'hégire[4] le prophète Mahomet reçoit le ralliement des toutes les tribus arabes du Hedjaz sans avoir à les combattre. Une des dernières à se rallier fut celle des Banû Hanîfa. La délégation venue Médine se composait de dix personnes dont Musaylima.

«  Celui-ci (Musaylima) savait que le prophète avait l'habitude de prononcer la maxime suivante:
- Quand plusieurs hommes voyagent, le meilleur d'entre eux est celui qui sert les autres. Or, en entrant dans Médine, les dix messagers firent halte à Baqî'-al-Gharqad. Musaylima dit à ses compagnons :
- Allez, moi je resterai ici pour garder vos bagages. Si Muhammad vous demande pourquoi vous n'êtes qu'au nombre de neuf, puisque vous êtes entrés dix à Médine, répondez-lui que l'un de vous est chargé du service et garde vos bagages. Ces hommes vinrent se présenter au prophète, qui leur dit :
- Vous étiez dix lorsque vous êtes entrés dans la ville; qu'est devenu le dixième? Ils répondirent :
- Apôtre d'Allah, il est notre serviteur, il garde nos bagages. Le prophète, selon son habitude, répliqua :
-C'est le meilleur d'entre vous.[5]  »

Quand ils revinrent auprès de Musaylima, ils lui répétèrent les paroles du prophète. Musaylima dit : « Ce prophète vient de confirmer mon mérite. ». Les neufs délégués reçurent les rudiments de la foi islamique ils revinrent à Al-Yamâma pour y appeler leur compatriotes à se convertir à l'islam. Ceux-ci trouvèrent les obligations de l'islam trop sévères. Musaylima se déclara prophète arguant que Mahomet lui-même avait confirmé sa supériorité sur les neufs autres délégués. Il faisait des prédications en prose rimée. Il réduisit la prière à trois fois par jour. Il enseignait la croyance en la résurrection et au jugement dernier. On ne sait pas s'il voulait faire des convertis dehors de sa tribu. Il prit le nom de Ra'hmân d'Al-Yamâma[6].

En 632, Musaylima envoya à Mahomet une lettre ainsi conçue :

«  Moi Musaylima, Rahmân du Yemâma, à Muhammad, fils d'`Abdallah, apôtre d'Allah parmi les Quraysh. En ton nom, ô Allah, secours constant ! Or à moi la moitié de la terre, à toi l'autre moitié. Mais vous, les Banû `Abd al-Mottalib[7], vous n'aimez pas le partage équitable[8]  »

Après avoir lu cette lettre, le prophète s'enquit de l'opinion des messagers qui approuvèrent le contenu de la lettre. Il dit que s'ils n'avaient pas été des députés, il les aurait fait mettre à mort, et il fit écrire cette réponse :

«  Moi Muhammad, apôtre d'Allah, à Musaylima, l'imposteur. Au nom d'Allah clément et miséricordieux. Or la terre est à Allah, il en donne la possession à celui de ses serviteurs qu'il veut. La récompense finale sera à ceux qui le craignent[9]  »

[modifier] Union avec Sajâh

Après la mort de Mahomet, dit : « Gabriel est venu me trouver et m'a confié la mission de prophétique pour toute la terre[10]. » Il s'insurgea contre le Calife Abû Bakr et mit en déroute le premier général que le calife avait envoyé sa rencontre. Abû Bakr charge alors Khâlid ben al-Walîd de le débarrasser de Musaylima.

Dans la tribu des Banû Tamîm, Sajâh de la tribu des Banû Taghlib[11], une prophétesse d'origine chrétienne née à Mossoul avait pris la tête des rebelles contre l'islam. Elle professait une sorte de syncrétisme entre l'islam et la le christianisme. Elle cherchait une alliance pour se renforcer contre le Calife[12]. Avec ses troupes elle fit mouvement vers Al-Yamâma. Ce mouvement inquiète autant Al-Musaylima que Khâlid ben al-Walîd qui se trouvait lui aussi dans les parages. Les armées musulmanes se retirèrent à deux jours de marche pour éviter l'affrontement. Musaylima retranché dans la forteresse de Al-Yamâma fit installer une tente en dehors de la ville pour y recevoir l'ambassade de Sajâh. Elle reste avec Musaylima pendant trois jours sous cette tente consommant le mariage sur le champ. Malgré cela, Musaylima désirait voir Sajâh quitter les environs d'Al-Yamâma. Forte de la promesse de recevoir la moitié des revenus de la province, elle consentit à repartir vers Mossoul avec une armée affaiblie que nombre de membres de la tribu des Banû Tamîm avaient abandonnée. Elle resta alors dans sa tribu des Banû Taghlib et mourut dans l'islamisme[13].

Les Banû Tamîm étaient inquiets des réactions d'Abû Bakr et de son général Khâlid ben al-Walîd. Il envoyèrent une ambassade auprès du Calife pour plaider leur cause. Le Calife était prêt à pardonner mais `Omar s'interposa et déchira le traité qui venait d'être signé. `Omar imposa au Calife sa décision d'envoyer Khâlid ben al-Walîd faire le tri et mettre à mort les apostats. Khâlid engagea une campagne contre les Banû Tamîm[14] laissant Musaylima tranquille.

Après cette campagne contre les Banû Tamîm, les armées musulmanes se retournèrent vers Al-Yamâma dans laquelle Musaylima était retranché.

[modifier] Mort de Musaylima

A l'arrivée des troupes du Calife, Musaylima a décidé de sortir de la forteresse et installa son camp dans un verger entouré de murs élevés, nommé « l'enclos d'Ar-Rahmân »[15] qui deviendra après la bataille « l'enclos de la mort »[16].

La Bataille s'engagea mal pour les troupes de Khâlid ben al-Walîd, neuf cent cinquante musulmans sont tombés pendant cette première phase. Khâlid ben al-Walîd parvint à reprendre en main ses troupe en séparant les ‘ansars des muhâjirs pour savoir lesquels d'entre eux voulaient s'enfuir. Chaque clan voulant montrer sa vaillance. L'armée califale enfonça les troupes de Musaylima qui se réfugia dans l'enclos. Deux cents musulmans tombèrent encore pendant l'assaut de l'enclos avant de pouvoir y entrer. Le frère d'`Omar, Zayd ibn al-Khattab, appelait les musulmans à se battre. Il continua le combat jusqu'à ce qu'il soit tué. Musaylima a reçu un javelot lancé par Wachî ben Harb en pleine poitrine traversant sa cuirasse et est mort. Les survivants partirent se réfugier dans la forteresse. Khâlid avait fait prisonnier, Madjâ', l'un des généraux de Musaylima. Il le libéra pour qu'il négocie avec les habitants d'Al-Yamâma une reddition. Madjâ' constata qu'il n'y avait pas de soldats en mesure de défendre la ville alors il demanda aux femmes revêtir des armures et de venir sur les remparts pour le conspuer lorsqu'il sortirait.

Khâlid voyant ces armures briller au soleil crut avoir en face de lui une armée importante. Il demanda à Madjâ'à qui s'adressent ces injures. Madjâ' lui dit que c'était à lui car les gens ne sont pas satisfait des conditions de la reddition. Madjâ' parvint ainsi à obtenir des condition moins sévères pour la population : elle devrait livrer au vainqueur un quart de ses richesse et Khâlid pourrait choisir la maison qui lui plairait comme résidence. Khâlid reçut une lettre de reproches signée d'Abû Bakr mais il sut que son contenu venait de son adversaire `Omar[17] On lui reprochais sa clémence et d'avoir ainsi amputé le butin d'une grande partie.

[modifier] Notes

  1. arabe : musaylima ben ṯimāma min banī ḥanīfa, مسيلمة بن ثمامة من بني حنيفة
  2. arabe : al-kaḏḏāb, الكذّاب, "le menteur, l'imposteur"
  3. Al-Yamâma (arabe : al-yamāma, اليمامة) Ville et région au centre de l'Arabie saoudite dans la région du Nadj, à 80km au Sud-Est de Riyad.
  4. 631 et 632 après J.-C.
  5. Tabari, La Chronique (Volume II, Muhammad, sceau des prophètes), Actes-Sud (ISBN 2-7427-3318-3) p. 320.
  6. arabe : raḥmān al-yamāma, رحمان اليمامة, le clément d'Al-Yamâma. On retrouve dans la formule qui précède la plupart des sourates du Coran « Au nom de Dieu le Clément, le Miséricordieux » (arabe : bi-ismi-llāh ar-raḥman ar-raḥīm بسم الله الرحمن الرحيم)
  7. `Abd al-Mottalib est le grand père de Mahomet
  8. Tabari, ibidem, p. 121
  9. Tabari, ibidem, p. 122
  10. Tabari, ibidem, p. 122
  11. Sajâh bint al-Hârith ben Suwayd at-Taghlibîya (arabe : sajāḥ bint al-ḥāriṯ ben suwayd at-taḡlibīya, سجاح بنت الحارث بن سويد التغلبية
  12. Tabari, La Chronique (Volume II, Abou Bekr), Actes-Sud (ISBN 2-7427-3318-3) pp. 36-37
  13. Tabari, ibidem, p. 44
  14. Tabari, ibidem, Cette campagne est racontée dans les pages 45-50
  15. arabe : ḥadīqa ar-raḥmān, حديقة الرحمان, l'enclos du Clément
  16. arabe : ḥadīqa al-mūt, حديقة الموت, l'enclos de la mort
  17. Tabarî, ibidem, pp. 50-62

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens et documents externes