Moi-nous-Boccioni

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[modifier] Données de l'œuvre

  • Titre : Moi-nous-Boccioni ( traduction de l'italien : Io-noi-Boccioni )
  • Peintre : Umberto Boccioni
  • Année : 1907
  • Technique : Photomontage
  • Dimension : 9 x 13
  • Collection : Domaine public Milan

[modifier] Contexte

Moi-nous-Boccioni est un photomontage conçu par l’artiste Umberto Boccioni, cité dans le titre même. Il nous plonge dans les prémices des travaux futuristes. Leur mouvement est conduit à leur début par Marinetti qui le théorise en 1909 avec la parution du Manifeste futuriste dans le Figaro. Le futurisme glorifie les concepts de modernité, de mouvement et de vitesse liés au progrès industriels que l’on détecte dans cette œuvre. Le simple fait d’avoir recours à la photographie le prouve. Il coupe les liens avec l’esclavage esthétique classique, il refuse le passé.

[modifier] Description & Analyse

Ce photomontage est un autoportrait de l’artiste. Cinq photographies de lui même, prises à différents angles de vue sont réunies en une seule image. Leur disposition forme un cercle et tous ont le visage tourné vers son centre. Le corps de Boccioni est démultiplié mais jamais il ne se montre de face puisqu’il qu’il fait face à lui-même. Cette démultiplication du corps montre un refus de la forme fermée puisqu’il y a évolution, expansion de son corps dans plusieurs autres corps. L’artiste ne cherche pas à cloner son image mais essaie plutôt d’instaurer dans ce montage une sensation sculpturale. Les corps sont figés telles des statues et entre chacun de ses corps il semble se dérouler quelque chose. On peut considérer cet espace intermédiaire comme lieu de transition : transition d’un état à un autre, d’une humeur à l’autre, circulation des idées. Il exhibe ses différentes facettes, il exprime sa façon de penser le monde. C’est un précurseur tourné déjà vers le cubisme. Boccioni désire donc que l’on perçoive le mouvement et le flux de ses idées. Il parle de l’énergie découlant d’elles, elles qui doivent sans cesse évoluer, s’ouvrir, être actives. Nous pouvons comparer la disposition de ses différents corps à un mouvement stroboscopique, comme dans les travaux d' Étienne-Jules Marey où plusieurs images apparaissent aussi en une seule : il décompose pour mieux comprendre le mouvement. Boccioni se décompose pour mieux qu’on comprenne son processus de réflexion. Les mots manuscrits par l’artiste io et noi, traduits révèlent aussi une autre part de son identité, de sa personnalité. Une écriture est propre à chaque individu. On peut deviner le destinataire d’une lettre en relisant ses mots. Io et noi, ces deux mots combinés désignent aussi la place de chacun dans la société. Le moi fait partie du nous et vice-versa. Nous pouvons sous-entendre que le nous qu’il cite correspond au nous en tant que société. Il fait partie de la société et représente la société comme n’importe quel autre de ses voisins. Chacun est responsable de ce qui se passe, de ses agissements, de sa liberté. Le io inscrit juste au dessus de la tête de Boccioni tournant le dos au passé, appuie ce propos. On ne voit pas son visage, ce pourrait être nous. Nous pouvons aussi interpréter son corps comme un élément non matériel. Ces représentations de Boccioni peuvent aussi être assimilées à ce que chacun est ou peut devenir dans la société. Avoir ses idées, prendre le temps de penser par soi-même pour jouir pleinement d’être un homme libre. L’artiste prend conscience de son époque. Il montre la voie à prendre, celle-ci orientée vers les idées progressistes du Futurisme. L’énergie et le mouvement sont considérés comme les facteurs essentiels pour une meilleure société mais très vite le futurisme prend un autre tournant. Marinetti se rallie aux fascistes tournés vers la guerre.