Mohamed Aksouh

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Mohamed Aksouh est un peintre non figuratif algérien de la Nouvelle Ecole de Paris, appartenant à la génération des fondateurs de la peinture algérienne moderne, né à Alger en 1934, installé en France depuis 1965.

Sommaire

[modifier] Biographie

Sur le sol d'une abstraction symbolique issue des plus anciennes civilisations méditerranéennes, c'est en marge de toute intention représentative que s'inscrivent en Algérie les traditions plastiques berbères et arabes. Contestant dans son "ressourcement" la vision figurative et narrative qu'introduit le colonialisme la "génération des années 30", à laquelle appartient Aksouh, y cristalise la modernité picturale.

Parmi ces artistes, depuis un expressionnisme tentant d'exorciser les violences de l'histoire jusqu'à l'affirmation identitaire du Signe, un large éventail de tendances distinctes s'affirme d'emblée. C'est à partir de la luminosité du paysage natal que se développera quant à elle la peinture non figurative d'Aksouh, dans la "quête de cette lumière de nacre et de perle qui est celle d'Alger, telle qu'il la découvrait de la petite maison de sa mère sur les coteaux de Belcourt, quartier qui fut aussi celui de Albert Camus enfant", écrira Jean de Maisonseul, conservateur de 1962 à 1970 du Musée d'Alger.

Mohamed Aksouh naît le 1er juin 1934 à Bologhine (Saint-Eugène) et la Casbah constitue le cadre de son enfance. Apprenti forgeron dès l’âge de quatorze ans, il aborde en 1958 la poterie, la céramique puis la sculpture, en vient ensuite à la gouache, l'aquarelle, et la peinture. Après avoir participé, notamment aux côtés de Baya et de Mohammed Khadda, aux expositions organisées à Alger après l'Indépendance, et réalisé une première exposition personnelle, Aksouh s'installe en 1965 dans la région parisienne.

Sa peinture, à partir des années 70, se caractérise par une succession, sous les lumières les plus fines, de larges aplats d'espace, gris bleutés ou ocres blonds. Nulle fuite dans ses toiles mais s'y lèvent comme d'indécis étagements de façades, balcons, toits ou terrasses, volets et portes, étals peut-être de boutiques. Par un labyrinthe de parois ou d'escaliers la lumière s'y réfléchit, s'imprègnant des couleurs blanchies à la chaux des murs qu'elle semble frôler. Ou bien c'est à contre-jour qu'elle s'infiltre, glissant en d'incertains intérieurs sur des entassements diaphanes d'objets, rayons ou piles de livres. L'ébauche d'un sol y éveille des embrasures, des silhouettes diffuses de fenêtres, de tables, tiroirs ou étagères.

Aksouh n'en renonce pas pour autant à son besoin premier d'un dialogue direct avec une matière résistante. Simultanément il grave, soude, abrase le métal selon les procédés inédits qu'il imagine, forgeant lui-même ses outils, se constituant comme un dictionnaire de poinçons aux motifs divers qui se mêleront sur ses plaques. La technique lui permet de détourner en un exercice esthétique les outils et les gestes de son métier et lui donne la possibilité de poursuivre en d'autres moyens que ceux de la peinture la même quête de la lumière. En 1972 et 1974 Aksouh crée aussi deux médailles pour la «Monnaie de Paris».

Aksouh, 2003
Aksouh, 2003

A partir des années 80 sa démarche conduit Aksouh à accommoder de plus près encore sur le flux solaire qui, selon son intensité, colore et décolore les choses. A l'opposé de tout impressionnisme, il ne tente pas de l'extérieur, à partir des instants du réel, d'en capter la variété, mais en construit la variation interne. La pulvérisation des touches va par degrés ajourer sur ses toiles un fourmillement serré de taches et de traits qu'infléchissent de lointains remous. Tout l'être du visible, instable condensation de vibrations, poudroiement de mouvements browniens, n'est plus alors dans la peinture d'Aksouh qu'un précipité furtif de la lumière.

Un retour de la couleur renouvelle plus tard son travail. Tandis que se dissipe la vapeur solaire, ce sont, autour de 2000, des étendues sans horizon, nimbées de nappes bleutées ou ruisselant de floraisons sauvages, qu'Aksouh, en une autre distance, fera désormais survoler.

Aksouh, qui est régulièrement présent au Salon des Réalités Nouvelles, a réalisé de nombreuses expositions en France, à Paris et en province, en Suisse, à Alger et dans le Monde Arabe. Il reçoit en 2007 le premier prix de la biennale des artistes orientaux à Charjah (Émirats Arabes Unis).

[modifier] Bibliographie sélective

 : Source utilisée pour la rédaction de l’article

  • Aksouh, précédé de La nacre de l'être, Les peintures d'Aksouh par Michel-Georges Bernard, Paris, Centre Culturel Algérien, 1991 (ISBN 29053148010).
  • Vent del Sur, Llum, matéria i signes (en catalan et en français), Sabadell (Barcelone), 1992.
  • Les effets du voyage, 25 artistes algériens, (textes de Fatma Zohra Zamoum, Ramon Tio Bellido, Michel-Georges Bernard et Malika Dorbani Bouabdellah), Palais des Congrès et de la Culture, Le Mans, décembre 1995 (ISBN 2950969801).
  • Aksouh (dossier), in Algérie Littérature/Action n°22-23, Paris, 1998.
  • Jean Sénac, Visages d'Algérie, Regards sur l'art (Documents réunis par Hamid Nacer-Khodja), Alger, EDIF 2000 et Paris, Editions Paris-Méditerranée, 2002 (ISBN 284272156X).
  • Algérie, Lumières du Sud, Khadda, Guermaz, Aksouh, textes de Pierre Rey et Michel-Georges Bernard, Paris, Cahiers de l'ADEIAO n°20, Maison des Sciences de l'Homme, 2002 (ISBN 29026721X).
  • Le XXè siècle dans l'art algérien (ouvrage publié dans le cadre de l'exposition présentée au Château Borély, Marseille et à l'Orangerie du Sénat, Paris), Paris, Aicapress, 2003 (ISBN 2950676812).
  • Les Méditerranées, Arearevue, n° 5, Paris, septembre 2003.
  • Arte contemporanea del Nord Africa (en italien et en français), in Africa et Mediterraneo, n° 43-44, Bologne, 2003.
  • Michel-Georges Bernard, La peinture d'Aksouh, in Horizons maghrébins, n° 52, Toulouse, Presses Universitaires du Mirail, 2005 (ISBN 2858167796).

[modifier] Filmographie

  • Hamid Benamra, Aksouh, Jardin des toiles, 20 mn, Paris, Imagenese, 2006.

[modifier] Lien interne