Meusien

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[modifier] Le Meusien

Si, durant la Première Guerre mondiale, les Allemands ont leur « Argonnenbahn » dans la forêt d'Argonne, les Français disposent du Meusien entre Bar-le-Duc et Verdun, qui est aussi appelé le « Varinot », du nom de son constructeur : Charles Varinot.

Il s'agit d'une voie métrique dont les capacités sont assez réduites. En février 1916, il est à peine opérationnel car il est en pleine réfection : on renforce alors ses rails et son ballast sur quelques 78 kilomètres de son tracé.

Ce n'est pas le problème le plus grave qui affecte le « Meusien ». En effet, il souffre principalement d'une pénurie de matériel roulant. En ce qui concerne la traction, il ne possède qu'une vingtaine de locomotives de faible puissance. Dès le mois de janvier 1916, la chasse aux locomotives des tortillards est lancée en France. La première à arriver à Revigny, le 22 février, soit le lendemain du début de l'offensive, est une locomotive du réseau Lorézien. Elle vient de Florac. Comme elle avait été fabriquée avant-guerre par les ateliers de Fives, près de Lille, elle était surnommée en Lozère la « Lilloise ».

Elle garde évidemment son nom en Meuse. Peu après, Florac fait parvenir deux autres locomotives, « Louisette » et « Cécile ». L'apport des trois locomotives loréziennes est non négligable, car elles sont beaucoup plus puissantes que celles du « Meusien », elles ont quatre essieux tracteurs contre deux seulement et font 40 tonnes en charge contre 15 à 20 pour les Meusiennes.

Le « Meusien » n'a pas besoin que de locomotives, mais aussi de wagons. A l'époque, les chemins de fer départementaux en voie métrique sont nombreux et il n'est pas trop difficile de collecter ainsi environ 800 wagons, un assemblage hétéroclite de voitures de voyageurs, wagons à bestiaux, plate-formes, etc. Les origines étant très diverses, la comptabilité n'est pas toujours de mise : les freins sont de modèles dissemblables, les tampons ne sont pas à la même hauteur ou, pire encore, l'écartement n'est pas le même. Cela donne un travail énorme aux cheminots de la 10e compagnie du 5e régiment du Génie qui doivent modifier tout ce matériel roulant.

Ils construisent également de nouvelles voies, notamment de Nixéville à Dugny, en doublent d'autres, établissent des quais de déchargement. Ceci va permettre d'accroître considérablement le rendement du « Meusien ». La Lozère ne fournit pas que des locomotives et du matériel roulant, mais aussi du ballast qui vient de Chapeauroux. Il sert avant tout au « Meusien », mais aussi à la Voie Sacrée.

[modifier] Des rotations de plus en plus nombreuses

En février 1916, les cheminots parviennent à faire rouler 22 trains quotidiens à double traction par jour. Ce chiffre est presque doublé dès le mois d'avril, avec 35 trains, dont certains à quadruple traction grâce aux Lozériennes. Au début, il ne roule qu'un train sanitaire par jour, mais bientôt ce chiffre est doublé, puis triplé. Chaque train sanitaire emporte 150 blessés couchés et 150 blessés assis, sans compter le personnel médical et infirmier qui loge en permanence dans les wagons. En février 1916, le « Meusien » achemine 800 tonnes de vivres par jour. Ce total passe à 2 650 en juin. Dans le même ordres d'idées, 300 blessés sont évacués quotidiennement en février, ils sont 930 en juin.

En mars 1916, le « Meusien » transporte 4 000 tonnes de vivres ou de matériel et 14 175 hommes, dont 8 388 blessés. En juin 1916, le rendement est bien meilleur, avec 10 000 tonnes de vivres et 73 000 hommes, dont 27 960 blessés.

Cela dit, le « Meusien » ne représente qu'un appoint par rapport à la Voie Sacrée, sur laquelle transite, dès le mois de mars 1916, 500 000 tonnes de matériel et 400 000 hommes. C'est sans doute pourquoi une autre voie est construite pendant les premiers mois de la bataille, au prix du terrassement difficile de 400 000 m³. Elle est mise en service le 21 juin 1916 et relie Sommeilles-Nettancourt à Verdun. C'est une voie normale et non métrique. Le « Meusien » parvient quand même à transporter les cinq sixièmes des vivres nécessaires à la 2e armée, qui compte 16 600 officiers, 420 000 hommes, 136 000 chevaux et mulets. Deux des locomotives loréziennes ont regagné Florac à la fin du conflit, la « Lilloise » et « Louisette ».