Maxence(Empereur)

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Buste de Maxence exposé au Louvre
Buste de Maxence exposé au Louvre
Monnaie de Maxence, frappée dans l'atelier d'Ostie; Au droit: portrait de l'empereur, IMP C MAXENTIUS P F AUG (Imperator Caesar Maxentius Pius Felix Augustus); Au revers: les dioscures et leurs chevaux, AETERNITAS AUG N (Aeternitas Augusti Nostri, l'Eternité de notre empereur)
Monnaie de Maxence, frappée dans l'atelier d'Ostie; Au droit: portrait de l'empereur, IMP C MAXENTIUS P F AUG (Imperator Caesar Maxentius Pius Felix Augustus); Au revers: les dioscures et leurs chevaux, AETERNITAS AUG N (Aeternitas Augusti Nostri, l'Eternité de notre empereur)


Maxence (Marcus Aurelius Valerius Maxentius) est un empereur romain qui prit le pouvoir à Rome en 306. Il meurt le 28 octobre 312, lors de la Bataille du pont Milvius, aux portes de la Ville d’où sa puissance avait rayonné pendant plusieurs années.

Sommaire

[modifier] Fils d'empereur

Il était le fils de l’empereur Maximien Hercule, et à ce titre il avait eu dans sa jeunesse, une position privilégiée, celle d’un fils d’empereur attendant l’élévation au pouvoir impérial. L’évolution du système Tétrarchique, au sein duquel Dioclétien avait associé à l’autorité des Augustes (lui-même et Maximien Hercule) l’activité des Césars (Constance Chlore, père de Constantin, et Galère), lui faisait espérer, comme à Constantin, qu’il participerait à la relève que Dioclétien préparait pour l’année 305 : les deux Augustes se retireraient, ils seraient remplacés dans leurs fonctions par les Césars, et de nouveaux Césars seraient désignés pour assurer une continuité de l’institution suprême. Il s’attendait donc à exercer l’autorité impériale. Mais l’influence prise par Galère auprès de Dioclétien conduisit à un autre dispositif politique et à l’éviction tant de Maxence que de Constantin[1].

[modifier] Maître de Rome

Après le 25 juillet 306, lorsque Constantin se fit proclamer empereur par les soldats de son père Constance, Maxence fit de même, en s’appuyant sur le mécontentement de Rome et du Sénat, dont l’importance avait décliné au profit de capitales provinciales (Trèves, Milan, Nicomédie, Antioche). Il se donna les titres de Prince invincible et d’Auguste. Son pouvoir s’étendit sur l’ensemble de l’Italie et sur les provinces africaines qui assuraient le ravitaillement de Rome en blé et en huile. Il présentait sa politique comme une réhabilitation de la Ville de Rome, point de départ de la construction d’un vaste état, l’empire romain, et siège privilégié des dieux qui avaient soutenu ses conquêtes. Les monnaies qui furent émises sous son autorité, essentiellement dans les ateliers monétaires de Rome et d’Ostie, comportent des illustrations inspirées par les grandes légendes de la fondation de Rome et de ses premiers temps : la Louve allaitant Romulus et Rémus, le dieu Mars, à la fois dieu de la guerre et père de ces jumeaux divins[2]. Par des constructions grandioses il remodela aussi le paysage urbain. Il en reste le grand édifice, appelé Basilique de Maxence, qui fut parachevé par Constantin après 312.

[modifier] La défense du pouvoir

Il parvint pendant longtemps à se dégager des menaces que faisaient peser sur son pouvoir les héritiers de Dioclétien, notamment Galère. Il fit revenir aux affaires son père, Maximien Hercule et il noua des relations d’alliance avec Constantin, qui éprouvait aussi le besoin d’affermir son pouvoir. En 307 cette entente fut scellée par le mariage de Fausta, sa propre sœur, avec ce dernier, qui contrôlait les provinces occidentales de l’empire. Il put ainsi à deux reprises repousser les armées de ses adversaires qui avaient pénétré en Italie.

Néanmoins, peu à peu, sa position s’affaiblit, et son isolement politique s’accrut. Se brouillant avec son père, Maximien Hercule, en 308, il dut aussi faire face à la sécession des provinces africaines, entraînées par Domitius Alexander dans la révolte puis dans l’alliance avec Constantin, maître depuis Trèves des provinces occidentales, et qui était peu à peu devenu un adversaire. L’effort de reconquête fut nécessaire tant le ravitaillement de Rome était remis en cause. La mort de son fils, Romulus, le privait aussi des moyens d’assurer une continuité politique. Celle de Galère, en 311, lui offrit un répit, car était éliminé son plus féroce adversaire, et s’ouvrait dans la partie orientale de l’empire une compétition entre ses héritiers politiques, Licinius et Maximin Daïa. Mais à l’automne 312 Constantin, qui désormais disposait en Occident de davantage de marges de manœuvre que par le passé, engagea une campagne militaire audacieuse pour éliminer ce proche rival. Il s’empara de l’ensemble de l’Italie du nord, puis s’avança vers Rome. A proximité de la capitale, ses troupes, auxquelles il avait fait adopter, comme signe protecteur, un symbole chrétien (le chrisme constantinien), l’emportèrent sur celles de Maxence, qui périt dans la fuite en franchissant le Tibre au Pont Milvius.

[modifier] L'œuvre politique

Prince vaincu, Maxence fut accablé par les auteurs antiques. Les contemporains, laudateurs du vainqueur Constantin, noircirent volontairement sa mémoire, le présentant comme un tyran cruel et lâche, un « faux Romulus », ennemi de Rome, la Ville qu’il prétendait refonder, et dans laquelle il avait multiplié les constructions[3]. La réalité est bien plus nuancée. Le souci de s’appuyer sur les traditions historiques et religieuses les plus anciennes, enracinées dans divers lieux de Rome, le conduisit à redonner de l’importance à l’aristocratie romaine, qui dominait le Sénat. L’importance du christianisme, à Rome, en Italie et dans les provinces africaines, le conduisit à interrompre la persécution des chrétiens, engagée par Dioclétien, et poursuivie par Galère avant qu’il ne soit contraint lui-même à promulguer un édit de tolérance en 311. Mais les thèmes de son monnayage et les témoignages de son action de rénovation urbaine sont significatifs. Pour définir sa légitimité et pour justifier son action il exploita toutes les possibilités que lui offrait le cadre dans lequel son pouvoir était apparu puis s’était développé : la Ville de Rome, avec ses légendes et ses traditions. Il devait donc tenter de lui restituer sa grandeur et son influence au moment où, depuis plus d’un demi-siècle, sa position dominante était affaiblie par la nécessité pour les princes de se tenir aux frontières menacées de l’empire romain[4].



[modifier] Dates importantes

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  • 306, se proclame Empereur : Imperator Caesar Marcus Aurelius Valerius Maxentius Pius Felix Invictus Augustus

[modifier] Notes et références

  1. 1- Michel CHRISTOL, L’empire romain du IIIe siècle (192-325 apr. J.-C.), Paris, 2006, p. 214-229.
  2. 2- C.H.V. SUTHERLAND, The Roman Imperial Coinage, VI. From Diocletian’s reform (A.D. 294) to the death of Maximinus (A.D. 313), Londres, 1967, p. 372-385 ; p. 400-406.
  3. 3- Panégyrique de Constantin (en 313), Panégyriques latins, IX ; Panégyrique de Constantin par Nazarius (en 321), Panégyriques latins, X.
  4. 3- Mats CULLHED, Conservator Urbis Suae. Studies in the Politics and Propaganda of the Emperor Maxentius, Stockholm, 1994.

[modifier] Voir aussi

  Les empereurs romains  
Première Tétrachie

Augustes : Dioclétien & Maximien Hercule (285 - 305)
Césars : Constance Chlore & Galère (293 - 305)
Seconde Tétrachie
Augustes : Constance Chlore (305 - 306) & Galère (305 - 306)
Césars : Maximin Daïa (305 - 313) & Sévère (305 - 307)

Les empereurs en compétitions pour le pouvoir

Galère (305 - 311)
Maximin Daïa (305 - 313)
Constantin Ier (306 - 337)
Maxence (306 - 312)
Licinius (308 - 324)
(Tétrarchie)

Les fils de Constantin
Crispus (317 - 326)
Constantin II (337 - 340)

Constance II (337 - 361)
Constant Ier (337 - 350))