Maurice Audin

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Place Maurice-Audin, à Alger
Place Maurice-Audin, à Alger

Maurice Audin (1932-1957) est un assistant de mathématiques français à l’université d’Alger, membre du Parti communiste algérien et militant de la cause anticolonialiste, disparu pendant la bataille d'Alger.

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[modifier] L'affaire Audin

Lors de la bataille d'Alger, Maurice Audin est arrêté à son domicile, le 11 juin 1957, par le capitaine Devis, le lieutenant Philippe Erulin et plusieurs militaires du 1er régiment de chasseurs parachutistes, pour être transféré vers une destination où il est assigné à résidence. Une souricière étant installée dans l'appartement de la famille Audin, Henri Alleg, ancien directeur du journal « Alger Républicain », auteur de La Question, y est arrêté le lendemain. À l'exception des militaires, il est le dernier à l'avoir vu vivant. La trace de Maurice Audin est dès lors perdue pour son épouse et leurs trois enfants.

Selon les membres de sa famille politique et une enquête de Pierre Vidal-Naquet qui écrit, en mai 1958, dans la première édition de « L'affaire Audin », que l'évasion était impossible, Maurice Audin est mort au cours d'une séance de torture, assassiné le 21 juin 1957 par le lieutenant Charbonnier, officier de renseignement servant sous les ordres du Général Massu.

Selon l'armée française, Maurice Audin se serait "évadé" en sautant de la jeep qui le transférait de son lieu de détention.

Dès juillet 1957, certains journaux commencent à évoquer « l'affaire Audin » et, le 2 décembre 1957, la soutenance in absentia de la thèse de doctorat d'État de mathématiques de Maurice Audin, « sur les équations linéaires dans un espace vectoriel », sous la présidence de Laurent Schwartz, provoque l'indignation de certains universitaires contre la situation en Algérie. Des « comités Audin » sont créés pour faire la lumière sur l'affaire et sensibiliser l'opinion sur la pratique de la torture en Algérie. Une enquête judiciaire est menée suite à la plainte de sa femme. À la demande des avocats de madame Audin, l'instruction est transférée à Rennes en avril 1959 et se prolonge jusqu'en 1962. Un non-lieu est prononcé, en avril de la même année, pour insuffisance de charges. De plus, le décret du 22 mars 1959 amnistie « les faits commis dans le cadre des opérations de maintien de l'ordre dirigées contre l'insurrection algérienne. » Les avocats font appel puis saisissent la cour de cassation. Leur pourvoi est rejeté en 1966. Le corps de Maurice Audin n'ayant pas été retrouvé, un acte de décès est établi par le tribunal d’Alger, le 1er juin 1963, le jugement devenant exécutoire en France le 27 mai 1966. Un nouveau non-lieu sera prononcé en 2001 suite à une nouvelle plainte de son épouse pour séquestration et crime contre l'humanité.

En juin 2007, sa veuve, Josette Audin, écrit au Président de la République récemment élu pour lui demander que soit éclairci le mystère de la disparition de son mari et que la France assume sa responsabilité dans cette affaire.

[modifier] Divers

  • L'« Association Maurice Audin » organise un prix de mathématiques décerné chaque année à deux lauréats, un mathématicien exerçant en Algérie, un mathématicien exerçant en France. Les présidents en exercice des deux principales sociétés savantes de mathématiques, la Société mathématique de France (SMF) et la Société de mathématiques appliquées et industrielles (SMAI) sont membres du jury ; les deux autres membres sont des mathématiciens algériens.
  • En 1960, le peintre Mohammed Khadda a intitulé l'une de ses toiles : « Hommage à Maurice Audin. » Elle est conservée depuis 1991 au musée national des Beaux-Arts d'Alger.
  • Le poète Messaour Boulanouar a dédié à sa mémoire l'un de ses longs poèmes.
  • Ernest Pignon-Ernest a réalisé, en 2003, une « intervention urbaine » à Alger, intitulé « Parcours Maurice Audin ».
  • La mathématicienne Michèle Audin, connue pour son livre Géométrie, est la fille de Maurice Audin.
  • Une place « Maurice Audin » est inaugurée en 2004 à Paris par le maire de la capitale, Bertrand Delanoë, dans le 5e arrondissement, au croisement de la rue des Écoles et de la rue Saint-Victor.
  • À Vaulx en Velin (France), la rue Maurice Audin accueille l'École Nationale des Travaux Publics de l'État et l'École d'Architecture de Lyon.
  • À Alger, une place du centre-ville, à proximité de l'Université, porte son nom. Sur cette « place Maurice Audin » se trouve, notamment, le siège d'Air Algérie .

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