Maître de conférences en France

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Dans l'enseignement supérieur en France, un maître de conférences est un enseignant-chercheur. Le corps des maîtres de conférences est accessible sur concours à des candidats ayant un doctorat et étant inscrit sur la liste de qualification aux fonctions de maître de conférences établie par le conseil national des universités. Les maîtres de conférences peuvent enseigner dans l'ensemble des établissements dépendant du ministère de l'enseignement supérieur. Le déroulement de leur carrière les amène normalement à occuper, après quelques années, un emploi de professeur des universités, accessible par concours après l'obtention de l'habilitation à diriger des recherches.

En 2004-2005, on comptait 34 500 maîtres de conférences dans le personnel enseignant de l'enseignement supérieur français. (Sources: MENESR-[DEP]-DPMA). L'âge moyen de recrutement est d'un peu moins de 33 ans, mais il varie grandement selon les disciplines. 2060 postes de maître de conférences vacants ou susceptibles de l'être ont été mis au concours en 2008.

Sommaire

[modifier] Le corps des maîtres de conférences

Le corps des maîtres de conférences est un corps de fonctionnaires titulaires, recrutés sur concours, et nommés dans un établissement public d'enseignement supérieur et de recherche (IUT et UFR des universités, écoles normales supérieures, grandes écoles...). Ils ont les missions suivantes : assurer le développement de la recherche fondamentale et/ou appliquée dans leur discipline, et la transmission de compétences scientifiques vers les étudiants et les entreprises. En ce qui concerne leur activité de recherche, les maîtres de conférences sont généralement rattachés à un laboratoire.

Leur charge d'enseignement en présence d'étudiants est définie en termes d'heures « équivalentes travaux dirigés (TD) », les heures de cours magistraux comptent 1,5 heures de TD, et celles de TP deux tiers d'une heure de TD. Cela fait un service annuel de 128 heures de cours, 192 heures de TD ou 288 heures de TP, ou toute combinaison équivalente. En sus, des tâches liées à l'organisation de la scolarité leur sont confiées. Les maîtres de conférences perçoivent une rémunération mensuelle nette de 1718,34 euros en début de carrière (échelon 1, Indice brut 530, Indice majoré 454 au 01/03/2008[1]). Cette rémunération peut atteindre 3644,85 euros nets à l'échelon terminal de la hors classe (chevron A3 au 01/03/2008[2]). En plus de ce traitement, ils peuvent bénéficier de certaines primes et indemnités (comme par exemple la prime de recherche versée à tout Maître de conférences n'exerçant pas d'activité libérale par ailleurs, cette prime s'élève à 1052,02 euros nets/an. L'indemnité de résidence pouvant quant à elle aller jusqu'à 3% du traitement brut, en fonction de sa zone d'habitation[3]).

[modifier] Histoire de la maîtrise de conférences

[modifier] Avant la Révolution française

Il existait des maîtres de conférences dans certains collèges et séminaires avant la Révolution française, notamment au collège Louis-le-Grand.

[modifier] Les maîtrises de conférences de l'Ecole normale

C'est au sein de l'École normale que s'est développée la maîtrise de conférences au XIXe siècle. C'est suite au règlement du 14 décembre 1815 que les répétiteurs de l'École normale prennent l'appellation de maître de conférences. Ils étaient chargés de cours, exercices, préparations et conférences, complémentaires aux cours magistraux dispensés par les professeurs des facultés de Paris. On leur donna un rang égal à celui des professeurs de premier ordre dans les lycées (collèges royaux)[4] (le premier ordre comprenait alors les professeurs de philosophie, les professeurs de mathématiques transcendantes et les professeurs de rhétorique)

[modifier] Les maîtrises de conférences dans les facultés des sciences et des lettres (1877-1946)

Après l'arrivée au pouvoir des Républicains, avec parmi eux de jeunes universitaires favorables à une réforme de l'enseignement supérieur, de nouvelles mesures renouvellent profondément les facultés françaises. Parmi celles-ci, l'arrêté du 5 novembre 1877 crée des maîtrises de conférences dans les facultés des lettres et des sciences. Les conférences sont destinées, « soit à compléter l'enseignement des professeurs par l'adjonction de leçons auxilliaires et d'un caractère intime » (ce que l'on appelerait actuellement des travaux dirigés), soit à élargir le cadre de l'enseignement en étant chargé de représenter au sein de l'établissement telle ou telle partie des sciences qui n'y avait pas encore trouvé place (c.a.d. des cours complémentaires n'étant l'objet d'aucune chaire, on parle alors plutôt de « chargés de cours »). Dans le premier cas, le maître de conférences reçoit la direction du professeur auquel il est attaché, dans le deuxième cas il enseigne suivant un programme qu'il a soumis au doyen et qui doit recevoir l'approbation du doyen et du ministre en comité consultatif. Seuls les élèves inscrits dans les facultés sont admis à suivre ces conférences. Les élèves choisissent leurs maîtres de conférences. Les conférences sont nécessairement accompagnées d'interrogation adressées par le maître aux élèves ou échangées entre les élèves sous sa direction. Les conférences sont annuelles et comprennent nécessairement trois leçons ou exercices d'une heure par semaine. A la fin de chaque trimestre le maître de conférences est tenu de remettre au doyen des notes sur le travail de leurs élèves. La création des maîtres de conférences dans les facultés s'inspire du modèle des privat-dozenten des universités germaniques.

Dans les facultés de droit, médecine et pharmacie existaient également des emplois similaires d'«agrégés», dénommés «suppléants» avant 1855. Maître de conférences et agrégés étaient chargés du remplacement des professeurs dans le cas d'un congé ou d'une vacance de chaire, supprimant l'ancien système des suppléances. À l'École polytechnique existait la catégorie des répétiteurs.

À partir de 1885, les maîtres de conférences pouvaient recevoir le titre de «professeur adjoint», remplacé en 1921 par le titre de «professeur sans chaire». Ceci leur permettait de sieger au conseil de la faculté.

En 1903, l'École normale supérieure fut rattachée à l'Université de Paris et ses emplois permanents de maître de conférences furent supprimés, les enseignements étant confiés pour une durée déterminée à des professeurs, chargés de cours et maître de conférences des facultés des sciences et des lettres de l'université.

Un titre de «maître de conférence adjoint» pour les chefs de travaux avait été créé en 1924.

[modifier] Les maîtrises de conférences dans les universités (1946-1979)

Avant 1946, les maîtres de conférences et chargés de cours des universités étaient nommés pour un an puis renouvelés dans leurs attributions chaque année. A partir de 1946 on distingue les maître de conférences, docteurs ès sciences ou ès lettres, nommés de manière permanente, et les chargés d'enseignement, non obligatoirement docteurs et nommés de manière temporaire en charge d'un cours. Il est ainsi institué deux listes d'aptitudes, la liste d'aptitude aux fonctions de maître de conférences et la liste d'aptitude à l'enseignement supérieur.

En 1960 est créé dans les facultés des sciences et des lettres le corps des maître-assistants. A la différence de la maîtrise de conférences, le doctorat n'est pas requis pour devenir maître-assistant, trois années comme assistant ou l'agrégation du secondaire suffit pour se présenter à ce poste. Les maître-assistants préparent ainsi généralement le doctorat ès sciences ou ès lettres qui leur permettra de devenir maître de conférences. Les missions du maître-assistant reprennent celles en partie dévolues originellement aux maîtres de conférences par l'arrêté de 1877 (travaux dirigés, enseignement complémentaire) et celles dévolues jusqu'alors aux chefs de travaux (travaux pratiques): « encadrer les étudiants en petit groupe afin d'organiser et de diriger les travaux pratiques et exercice et de dispenser un enseignement d'appoint dans les propedeutiques sous le contrôle des professeurs et maître de conférences chargé de la partie fondamentale de cet enseignement». Dès lors, les maîtres de conférences se chargent uniquement des cours magistraux et ne se distinguent alors plus réellement dans leurs fonctions et dans leur droit des professeurs titulaires, si ce n'est par le salaire et par le titre. De plus, après leur nomination les maîtres de conférences obtiennent en fait rapidement (2-3 ans) le titre de « professeur sans chaire ».

Avant 1963, le corps des «agrégés des facultés de droit» était assimilé au corps des «maîtres de conférences» de l'époque. En 1963, le corps des agrégés des facultés de droit devient le corps des «maîtres de conférences agrégés des facultés de droit» puis en 1971 le corps des «maîtres de conférences des sciences juridiques, politiques, économiques et de gestion».

D'après le rapport Durry, la carrière des enseignants chercheurs s'est nettement ralentie à partir du début des années 80. Ainsi en 1966-67, un maître de conférences en droit et sciences économiques (correspondant à l'échelle indiciaire actuelle de professeurs des universités de 2e classe) devenait professeur titulaire (correspondant à l'échelle indiciaire actuelle de professeurs des universités de 1re classe) en 3,7 années alors que dix ans plus tard la durée est passée à 8,2 années.

[modifier] 1979-1984: suppression des maîtrises de conférences

Entre 1979 et 1984, le corps des maître de conférences disparaît dans les universités. Les maîtres de conférences des disciplines littéraires, de sciences humaines, scientifiques, pharmaceutiques, juridiques, politiques, économiques et de gestion sont reclassés à la 2e classe du nouveau corps des professeurs des universités. L'intitulé ne subsista que comme appellation du 1er échelon de la deuxième classe du corps des professeurs des universités.

[modifier] 1984: recréation des maîtrises de conférences

Le corps actuel des maîtres de conférences a été créée en 1984 par intégration des maîtres-assistants et des chargés de fonctions de maîtres de conférences des disciplines juridiques, politiques, économiques et de gestion.

[modifier] Conditions d'accès

Pour postuler à un poste de maître de conférences, il est nécessaire d'être inscrit sur la liste de qualification associée. Pour être candidat à l'inscription, il faut :

  • soit posséder le doctorat ou l'habilitation à diriger des recherches (Le doctorat d'État, le doctorat de troisième cycle et le diplôme de docteur ingénieur d'avant 1984 sont admis en équivalence du doctorat, le Conseil national des universités peut également au cas par cas reconnaitre des titres équivalents) ;
  • soit justifier d'au moins trois ans d'activité professionnelle dans les six ans qui précèdent, hors activité d'enseignant et de chercheur dans le public ;
  • soit être enseignant associé à temps plein,
  • soit être détaché dans le corps des maîtres de conférences,
  • soit appartenir à un corps de chercheurs d'un établissement public.

La candidature est ensuite examinée par la section du Conseil national des universités de la discipline correspondante. Selon les disciplines, cette étape est plus ou moins sélective.

À l'issue de cette étape, le candidat reçoit ce qu'il est convenu d'appeler « l’Habilitation CNU » (9 000 qualifications par an) qui, concrètement, lui donne la possibilité de postuler au niveau national à un poste ouvert au recrutement, mutation ou détachement et publié au Journal officiel. Un concours est ensuite organisé dans chacun des établissements (IUT, UFR des universités, grandes écoles, IUFM) pour chaque poste proposé.

La guilde des doctorants décrit les aspects pratiques de la procédure sur son site.

[modifier] Corps apparentés

[modifier] Voir aussi

[modifier] Lien externe

[modifier] Homonymie

[modifier] Notes

  1. http://www.fonction-publique.gouv.fr/IMG/traitements_03-08.pdf
  2. traitements 03
  3. http://www.fonction-publique.gouv.fr/IMG/traitements_03-08.pdf
  4. «Les maîtres de conférences sont nommés par la commission de l'instruction publique, sur la présentation du chef de l'école. Ils auront le rang de professeurs de premier ordre  » Règlement du 14 décembre 1815 art.12. Le règlement concernant les lycées du 19 septembre 1809 (art. 24) avait donnée aux professeurs de premier ordre des lycées chefs-lieux d'académie le rang de professeur de faculté.
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