Loi naturelle

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Une loi de la nature est un énoncé décrivant une régularité reposant sur une nécessité physique, et ne pouvant donc souffrir la moindre exception. Elle est issue de la théologie naturelle et la philosophie naturelle.

[modifier] Histoire d'une notion problématique

On parle souvent des lois de la nature ; de fait, si une même cause entraîne toujours la même conséquence, la similitude est une grande « loi immuable » que suivraient les choses.

Cela pose tout de même, formulé ainsi, la question du législateur, et peut sembler impliquer un « ordre divin » imposant aux choses un certain comportement. La notion de loi naturelle serait-elle plus religieuse que scientifique? En fait, les mathématiques donnent des exemples qu'une loi « naturelle », peut être la conséquence nécessaire d'axiomes avec lesquelles elle semblait n'avoir pas de rapport a priori : ce qui n'était qu'une conjecture peut, avec souvent de gros et long efforts et un choix judicieux d'axiomes, se transformer en théorème. Il n'y aurait alors pas d'autre ordre divin que celui des mathématiques, qui présente en effet avec l'idée habituelle de Dieu les points communs d'être intemporel, immuable, et hors de toute contingence.

Un autre motif d'interrogation porte moins sur la notion de « loi naturelle » elle-même que sur sa signification. La science causale n'étudie pas le « pourquoi » en soi (d'éventuelles « raisons pour lesquelles » un événement survient, qui sont du ressort de l'étude des phénomènes d'émergence étudiées en théorie du chaos), mais le « comment » (la manière dont les événements se déroulent). Dans le cadre causal sont exprimés et résumés différents liens entre des événements sous forme de « loi ». Cette « loi » est néanmoins descriptive, et non prescriptive. Quelques exemples :

  • Kepler ne décide pas comment les satellites « doivent » décrire leurs révolution, il constate comment, de fait, ils le font (Voir Lois de Kepler).
  • Newton montre alors comment les trois lois descriptives établies par Képler (conjecture mathématique) peuvent se déduire de façon plus économique d'un modèle unique (la loi d'attraction en mm'/r²), qui en plus explique des phénomènes additionnels sans rapport a priori évident, comme les marées.
  • Cette loi de Newton suppose néanmoins une action à distance : comment expliquer cette sorte de magie ? La réponse de Newton est ferme : hypotheses non fingo (je n'avance pas d'hypothèses). Ou, comme le dira plus tard Wittgenstein, Ce dont on ne peut parler, il faut le taire.

Einstein (à la suite de Minkowski, Lorentz et Poincaré) procède à un réajustement : dans la construction galiléenne de la mécanique, il remplace une hypothèse que les faits ont invalidée (l'addition des vitesses) par une autre hypothèse qui, elle, est confirmée par les faits (la constance de la vitesse de la lumière dans tous les repères) et redéfinit toute la mécanique qui en découle.

Simple changement de notation; les événements, eux, se déroulent toujours de la même manière : la réalité n'a pas changé; nous savons seulement mieux la décrire. Bref, nous n'imposons pas de « lois immuables à la nature »; ces lois existent indépendamment de nous, et nous nous contentons d'en donner des descriptions qui à mesure du temps en rendent mieux compte. René Descartes écrivait (mais dans un autre sens) dans Le Discours de la méthode :

« Le premier [principe] était de ne recevoir jamais aucune chose pour vraie, que je ne la connusse évidemment être telle. »

On ne saurait s'autoriser de Descartes et de sa conception du doute pour affirmer qu'aucune réalité objective n'existe. On peut simplement émettre l'hypothèse que jusqu'à nouvel ordre les idées que nous nous faisons sur cette réalité restent susceptibles, à la lumière de faits nouveaux, d'être remaniées.