Lion de Juda

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Animal emblématique de la royauté éthiopienne (emblème animalier de la dynastie davidique et salomonique), le lion est sans aucun doute le symbole le plus souvent associé à l’identité rastafarienne.

Dès les prémices du mouvement Rastafari, les premiers prédicateurs confrontent les titres hérités par Haïlé Sélassié Ier (né sous le signe du lion…) lors de son sacre impérial en novembre 1930 (« Seigneur des seigneurs, Lion Conquérant de la Tribu de Juda, élu de Dieu et Défenseur de la foi ») à plusieurs passages de la Bible. Tout comme l’agneau, le lion est l’une des figures du Christ (« Juda est un jeune lion » (Genèse XXXXIX : 9 )).

Très vite, le Négus est exalté comme le nouveau messie libérateur du peuple noir tel ce lion conquérant et victorieux mentionné dans les premiers chants rastas : « The Lion of Juda shall break every chain and give us the victory again and again… »

Dans le bestiaire biblique, le lion se distingue, par la noblesse de ses qualités, des autres animaux (âne, serpent, bouc, bélier…), et s’oppose, par sa droiture, à la cohorte tératologique des dragons, Baal, Bélial et autres monstruosités démoniaques. Animal quasi-totémique, le lion incarne au yeux des rastas les plus hautes qualités humaines : celles de courage, de dignité, de noblesse, de souveraineté, et de résistance… Cette vision anthropomorphe du lion se traduit dans leur expression : « Lion-Man ». Les rastas opèrent un parallèle entre leurs dreadlocks et la crinière léonine. L’intellectuel rastafarien, Dennis Forsythe souhaite faire évoluer le mouvement rastafari dans la voie de ce « lionism ».

Figure impériale, le lion figure sur de nombreuses peintures éthiopiennes retraçant l’histoire du royaume abyssin. S’inscrivant dans cette même filiation picturale, l’art rasta le représente souvent au cœur d’un bouclier de David, pourvu d’une couronne, du sceptre royal ou d’une croix copte éthiopienne. Dans la théologie rasta, le Roi des Rois apparaît sous les traits de deux métaphores animalières complémentaires : le lion (conquérant) et l’agneau (la sagesse). La référence au « lion de la tribu de Juda » intervient chaque fois qu’un rasta tente d’expliquer sa croyance en Jah Rastafari : « Et je pleurais beaucoup de ce que personne ne fût trouvé digne d’ouvrir le Livre ni de le regarder. Et l’un des vieillards me dit : Ne pleure point ; voici le lion de la tribu de Juda, le rejeton de David, il a le pouvoir d’ouvrir le livre et ses sept sceaux. »

D’aucuns ironiseront sur les penchants carnassiers du roi des animaux, peu compatible avec la diététique I-tal prônée par les rastas. Objection rapidement écartée par ces derniers qui citent une fois de plus les Ecrits Saints : « Le lion comme le bœuf mangera de la paille »