Libert Froidmont

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Libert Froidmont, théologien de Louvain (né en 1587 et mort en 1653), est un personnage important pour saisir l’évolution complexe des positions de l’Église officielle face la révolution copernicienne, dans la période qui suivit le décret de 1616. Il aurait suivi un chemin différent, si le devoir d’obéissance ne l'avait contraint à refuser Copernic. Il a été séduit par l’héliocentrisme, mais est aussi le premier à avoir écrit pour le réfuter.

Même équivoque dans ses relations avec Galilée : dans l’Ant-Aristarchus (Anvers, 1631), il ménage Galilée et celui-ci en conçoit de grands espoirs ; mais dans la Vesta (1634), il lui porte un coup fatal en publiant la lettre du nonce apostolique annonçant sa condamnation.

Il n'y a pas de dialogue entre eux : Galilée avait achevé son livre bien avant l’Ant-aristarchus, et la Vesta (malgré son fâcheux appendice) n’est pas une réponse que Froidmont lui adresse.

Froidmont, philosophe, mathématicien et théologien, polémiquait contre les Réformés, tandis que Galilée tentait de persuader les milieux romains.

Sommaire

[modifier] Le jugement de l'historien wallon Robert Halleux

Robert Halleux écrit de lui : « Nulle part en Europe, la nouvelle science ne s'est imposée sans traumatismes. Dans la Révolution scientifique, ceux qui ont perdu sont aussi intéressants - et même aussi sympathiques - que ceux qui ont gagné. Libert Froidmont de Haccourt, professeur à Louvain, exprime bien ce désarroi : "Peut-être aucun siècle n'a-t-il autant que le nôtre méprisé l'antiquité et poursuivi la nouveauté. Dans les sciences sacrées comme dans les sciences profanes, on a de tous côtés battu en brèche (vainement toutefois) des doctrines qui étaient solidement assises, grâce à leur antiquité même et aux arguments dont on les munissait." Froidmont n'est ni incompétent ni malhonnête. C'est un homme qui a peur. Au début de sa carrière, il est copernicien. Ensuite, contre les excès des coperniciens, il publie son Anti aristarchus (1631) où il est paradoxalement proche de Galilée. En 1634, il signe les censures qui envoient en prison le chimiste flamand Jean-Baptiste Van Helmont. En 1637, Descartes, qui publie le Discours de la méthode, la Géométrie, les Météores le consulte amicalement. Froidmont ne peut admettre cet univers purement mécanique, car l'intuition atomistique contredit non seulement l'univers d'Aristote, mais aussi le dogme catholique. Les travaux scientifiques des jésuites anglais de Liège iront dans le même sens. Le père Francis Hall (Linus), habile expérimentateur et mathématicien de talent, mènera des combats d'arrière garde contre les expériences du vide et l'optique de Newton »[1].

[modifier] Voir aussi

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[modifier] Note

  1. Robert Halleux, directeur du Centre d'Histoire des Sciences et des Techniques de l'université de Liège, Anne-Catherine Bernès, directeur-adjoint du Centre d'Histoire des Sciences et des Techniques de l'université de Liège, Luc Étienne conseiller au Cabinet du ministre des Technologies, « L'évolution des sciences et des techniques en Wallonie », in Atouts et références d’une région, Institut Destrée, Charleroi, 1995, pp. 199-227.